La France a battu le Maroc 2-0 en demi-finale du Mondial et a l’occasion de remporter une deuxième Coupe du monde consécutive. Les Lions de l’Atlas voient leur aventure se terminer, mais ont beaucoup de raisons positives pour se consoler, eux qui ont réalisé une performance historique pour le continent africain. Philippe Albert a tiré les enseignements de cette rencontre au micro de Vincent Langendries.
Qualification méritée pour les Bleus ? "Au vu de la première période, certainement. Où ils ont pris le dessus face à une équipe marocaine qui a eu du mal à trouver ses marques, ce qui est en partie dû au fait que Regragui avait décidé de titulariser des joueurs qui n’étaient pas nécessairement à 100%, avec un changement tactique aussi qui n’a pas porté ses fruits. Les Français auraient dû rentrer au vestiaire à la mi-temps avec un avantage beaucoup plus large. La deuxième mi-temps a été plus difficile pour la France, ces Marocains sont remontés avec de bien meilleures intentions, il y a eu des changements de positions notamment avec Ounahi et Boufal qui ont joué plus à l’intérieur, ils ont gagné cette bataille de l’entrejeu et auraient pu revenir au score avant que Deschamps ne fasse le changement gagnant que l’on sait, avec Kolo Muani à la finition sur un travail technique absolument incroyable de Mbappé. Je pense que sur l’ensemble de la rencontre, la France mérite probablement sa qualification pour la finale."
On parle souvent du coaching de Didier Deschamps, mais celui de Regragui pose question. Il a débuté avec des joueurs incertains, n’est-ce pas là que le match se joue ? "Oui, le but tombe très tôt dans la rencontre, ils perdent leur capitaine après trente minutes de jeu, il a fait confiance aux joueurs qui l’ont amené jusque-là dans le tournoi, mais vous ne pouvez pas vous qualifier pour une finale en jouant une mi-temps. C’est terriblement dommage parce que, notamment sur le flanc gauche, on a vu le jeune Attiah-Allah qui a réalisé une excellente période sur le plan défensif tout en apportant énormément sur le plan offensif, ce que Mazraoui, qui n’était pas à 100% n’a pas pu faire en première période. C’est probablement là que le match s’est joué. Deschamps avait des doutes concernant Upamecano et Rabiot, et là l’expérience a parlé. Son message était clair, si vous n’êtes pas à 100%, hors de question d’être sur le terrain. Et Konate et Fofana ont fait le boulot."
Un joueur est sorti du lot dans la période compliquée de la France contre le Maroc : "Ce n’est pas d’un défenseur dont on parle, c’est Griezmann. Il a été dans tous les bons coups, il a récupéré énormément de ballons, il était souvent bien placé dans son propre rectangle pour annihiler les offensives marocaines. C’est équipe de France est remaniée mais il reste un cadre dans chaque ligne, les jeunes sont bien entourés. Il y a Lloris, Varane, Griezmann et Giroud, auxquels il faut ajouter Tchouaméni qui s’est imposé comme un véritable leader dans cette Coupe du monde. À partir de ce moment-là, les autres joueurs sont bien encadrés. Et puis quand vous avez un sélectionneur qui a tout gagné en tant que joueur, et en tant qu’entraîneur, qui une expérience incroyable à ce niveau-là, ça vous facilite la tâche."
Le Maroc a malgré tout marqué l’histoire dans ce Mondial : "Il ne faut retenir que le positif. Sur l’ensemble du tournoi il y a des joueurs qui se sont révélés aux yeux du grand public, qui vont bénéficier de transferts et ils l’ont bien mérité. Cette ferveur populaire était absolument incroyable dans les stades. Les joueurs ont atteint un niveau qu’eux-mêmes ne pensaient pas atteindre, et ce sera bénéfique pour l’avenir du football marocain au niveau des grandes compétitions comme la Coupe d’Afrique des Nations et la prochaine Coupe du monde. Il y a une moyenne d’âges, jeune. Leur avenir est rose à ce niveau-là."
Qu’inspire cette finale France-Argentine ? "Messi – Mbappé ! Deux individualités au sommet de leur art, en tête au classement des buteurs, donc j’espère que la finale sera au niveau de ces deux joueurs-là. On peut s’attendre à un grand match de football, c’est le plus important. D’un côté Messi a l’occasion de terminer sa carrière internationale en apothéose, et de l’autre, une équipe qui conserve son titre, ça n’arrive pas tous les quatre ans. Deschamps va jouer là-dessus pour motiver ses troupes. Je pense que la dernière équipe à l’avoir fait c’était le Brésil en 1958 et 1962. Imaginez un instant l’histoire que peuvent écrire ces Bleus, qui ont souffert face à l’Angleterre et au Maroc mais qui se retrouvent en finale."