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Philip Glass, de la musique indienne à une nouvelle langue musicale et minimaliste

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Par Axelle Thiry

Philip Glass est l’un des pionniers et l’un des représentants les plus éminents de l’école minimaliste et notamment de la musique répétitive et de la musique classique des Etats-Unis. Quand on entend sa musique, on peut penser à la pulsation du cœur qui bat.

Comme l’écrit Michaël Hill :

On entend, ou peut-être sent, tout simplement, sa musique dans le tourbillon de la vie moderne, dans les rues de nos villes, sur les autoroutes et, pareillement, dans ces rares moments de sérénité à l’écart de tout, où le seul bruit peut être le flux et le reflux hypnotique des vagues, ou le souffle régulier et lent du vent à travers les arbres.

Une jeunesse plongée dans la musique

Philip Glass est né le 31 janvier 1937 à Baltimore. Pour ses études, il obtient une licence à l’Université de Chicago à 19 ans, avec comme matière principale les mathématiques et la philosophie, avant de s’orienter vers des études musicales poussées. Il suit les enseignements de la Juliard School de New-York où il rencontre Steve Reich et si on remonte à son enfance, c’est à six ans qu’il aborde la musique en jouant de la flûte. À dix, il apprend le piano et commence à composer cinq ans plus tard. Sa mère était bibliothécaire et son père avait un atelier de réparation de radios. Il tenait aussi un magasin de musique.

Très tôt dans sa jeunesse, Philip Glass accumulait une grande partie des disques invendus. Il découvre notamment des compositeurs modernes, comme Hindemith, Bartok, Schoenberg ou encore Chostakovitch et également les quatuors à cordes de Beethoven et les œuvres de Schubert, dont le Trio avec piano en si bémol majeur, dont il dit qu’il l’a beaucoup influencé.

L’enseignement de Nadia Boulanger

Philip Glass souhaite continuer sa formation auprès de l’excellente Nadia Boulanger à Paris. Elle est très célèbre aux Etats-Unis et il constate que les meilleurs étudiants de la Juliard School sont aussi ceux qui ont étudié avec elle. Il apprend énormément auprès d’elle. Il profite de son séjour à Paris pour faire toutes sortes de découvertes. Il est notamment influencé par le théâtre de Jean-Louis Barrault et la nouvelle vague française au cinéma avec les films de Jean-Luc Godard et François Truffaut.

L’influence de la musique indienne

Et Philip Glass accepte un travail en free-lance qui va avoir une importance considérable dans sa vie. Il s’agit de noter et de diriger la partition d’un film, Chappaqua de Conrad Rooks. Le compositeur est Ravi Shankar et Philip Glass confie : "Il a fait une très grande impression sur moi. Au point de faire évoluer ma musique. Après mes voyages en Inde, je suis retourné aux Etats-Unis, et j’ai étudié les structures musicales selon les canons de la musique indienne. Et c’est ainsi que j’ai commencé à me tourner vers ce que l’on appelle communément la musique minimaliste ou musique répétitive. J’ai utilisé les idées rythmiques indiennes pour réformer la conception de la musique occidentale et créer une langue musicale différente, ce qui est très important pour moi." Philip Glass se passionne pour les structures répétitives à évolution lente et graduelle.

Ravi Shankar confie : "Dès les premiers instants, j’ai vu à quel point il était intéressé. C’était un jeune homme à l’époque et il a commencé à me poser des questions sur les râgas et les tâlas et à mettre par écrit toute la partition. Il m’a posé tant de questions pendant ces sept jours. Vu son profond intérêt, je lui ai dit tout ce que je pouvais dans un laps de temps aussi court."

Vers le minimalisme

Après ses études à Paris, Philip Glass s’installe à nouveau à New York en 1967. Il renonce à toutes les œuvres qu’il avait composées jusque-là, dans un style proche de ceux de Darius Milhaud, Aaron Copland et Samuel Barber. Il commence à écrire des pièces construites sur des structures répétitives inspirées de la musique indienne. Il est aussi influencé, dans sa conception du temps, par les expérimentations théâtrales de Samuel Beckett. Parallèlement à sa carrière musicale, Philip Glass travaille aussi comme chauffeur de taxi et également comme assistant du sculpteur Richard Serra. Philip Glass s’installe à Chelsea où il mène une vie de bohème. Il fréquente notamment Steve Reich qui a déjà composé ses propres œuvres répétitives, dites "minimalistes", et monté son ensemble de musiciens. Glass joue bientôt avec Reich les œuvres de l’un et de l’autre.

Philip Glass fonde aussi son ensemble. Avec le "Philip Glass Ensemble", il explore tout d’abord un style très minimaliste. Et un jour, il reçoit une commande prestigieuse du festival d’Avignon, qui va lui assurer la célébrité. C’est son opéra Einstein on the Beach. Comme l’écrit Robert Palmer, il est le produit d’une collaboration révolutionnaire de 1976 avec le dramaturge visionnaire Robert Wilson. Lors de sa première représentation, près de 5 heures sans entracte, au Metropolitan Opéra à New York, les spectateurs sont encouragés à se lever et à circuler librement. On peut lire dans le New York Times que cet opéra est "le plus fier produit de l’extraordinaire scène des arts du spectacle de Lower Manhattan dans les années 1970. Sa beauté rêveuse, picturale, ses longueurs mystiques, sa musique hypnotique, ses allusions au génie et au danger du travail d ‘Albert Einstein, sans jamais vraiment s’abaisser à la simple narration d‘une histoire : tout parlait à une génération qui e tout parlait à une génération qui exerce toujours une puissante emprise sur les arts d’avant-garde américains et du monde entier."

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