"Phantom Thread" de Paul Thomas Anderson, une réflexion sur la fluctuance et l’impermanence du talent

Paul Thomas Anderson et Daniel Day-Lewis lors de la projection du Phantom Thread

© LARS NIKI / AFP

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Paul Thomas Anderson est un cinéaste sensationnel, dans la mesure où son cinéma fait sensation. Camille De Rijck nous propose l’un de ses coups de cœur cinématographiques, Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, sorti en 2017, dernier film de l’acteur Daniel Day-Lewis.

Révélé au grand public grâce à Magnolia, un film choral un peu démonstratif où des grenouilles tombent du ciel, Paul Thomas Anderson a écrit son nom en lettres d’or au panthéon des réalisateurs américains avec d’autres films, tels que Boogie Night, sur la sulfureuse industrie du porno dans les années 70 ou encore There will be blood, film visuellement sidérant sur le pétrole en pleine ruée vers l’or. Ce film avait valu à son protagoniste, Daniel Day-Lewis, un troisième Oscar pour la meilleure interprétation masculine.

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Et c’est précisément Daniel Day-Lewis que l’on retrouve dans Phantom Thread, dernier film en date de Paul Thomas Anderson et dernier film de Daniel Day-Lewis qui, épuisé par la vie d’acteur, décide à la soixantaine venue de raccrocher. Il incarne le créateur de mode Reynolds Woodcock, couturier des grands de ce monde, qui passe par une crise d’inspiration majeure. Il y a une allusion indirecte à Cristóbal Balenciaga dont la flamboyance a pu sembler fanée à la fin de son long règne sur la mode européenne.

La muse, actrice du processus créatif

Le parallèle entre le personnage de Woodcock, génie à bout de souffle, et son interprète, acteur en pré-retraite, est très émouvant, d’autant plus que Daniel Day-Lewis parvient, comme à son habitude, à être atomisant de puissance sous les dehors de la plus grande des douceurs. Le film, qui est une réflexion sur la fluctuance du talent et surtout sur son impermanence, est aussi une méditation sur le rôle de la muse et son caractère associatif : Reynolds Woodcock tombe amoureux d’une jeune femme incarnée par l’actrice luxembourgeoise Vicky Krieps, qui va bouleverser les habitudes du vieux célibataire, mettre en pièces le temple de tranquillité qu’il s’était bâti et finalement va forcer la remise en question qui peinait à sortir d’elle-même.

Phantom Thread est également et surtout un manifeste à la gloire des couples transgressifs, chacun agissant sur l’autre comme une béquille ou comme un pervers narcissique indépendant, c’est selon. Ambivalence sous-tendue par la magnifique bande originale de Jonny Greenwood guitariste du groupe rock Radiohead et compositeur.

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