Notre monde hyperconnecté, consommateur d’excitations, surréagit aux images fortes. Le drame passionne, le crime fascine, l’horreur captive. Et nous avons été bien servis ces derniers mois avec des procès médiatiquement très suivis. Il y a beaucoup été question d’expertise psychologique, médicale, mentale. De quoi parle-t-on réellement ? En quoi ces expertises jouent-elles un rôle dans le récit médiatique de ces procès ?
Psychopathes, psychotiques ou sadiques y sont surreprésentés et imprègnent ainsi la représentation collective. Comment définit-on l’expertise mentale ? Comment vulgariser le concept de 'dangerosité', la probabilité du risque de violence ? Comment expliciter les différences entre les pathologies mentales ?
La psychopathologie légale est une partie de la psychologie qui s’intéresse plus particulièrement aux faits infractionnels, sous l’angle d’une approche psychologique, explique Thierry Pham Hoang. Professeur de Psychopathologie Légale à l’UMONS et directeur du Centre de Recherche en Défense Sociale, il est régulièrement appelé comme expert dans le cadre de procès.
Les rapports d’expertise détaillés, qui, en principe, devraient rester confidentiels, arrivent souvent dans les mains des journalistes. Thierry Pham Hoang est souvent surpris que ces informations circulent parmi les médias, sans aucune forme de nuance.
"C’est un travers important sur le champ de l’expertise. Cela contribue au fait que les psychiatres ou psychologues sont finalement assez réticents à l’idée d’interagir avec les médias, parce qu’ils pressentent un certain nombre de dangers, face à la divulgation d’informations censées rester écrites."