Enfin, il y a une grande idée pour l'avenir: créer un algorithme de service public.
“Un algorithme de service public c’est un algorithme qui, à la fois, pour sélectionner les contenus et pour les organiser, a des objectifs différents que ceux des grandes entreprises privées comme les GAFAM”, explique Samuel Profumo, directeur du service de gestion des données à la RTBF.
L’idée c’est d’ajouter aux critères classiques de recommandations une série d’autres critères. “Nous, ce qu’on veut faire à la RTBF, c’est conserver une certaine éthique et que cette éthique se retrouve dans l’algorithme”, explique Samuel Profumo.
Il faut lutter contre le premier réflexe de l’algorithme qui est de trop personnaliser et plutôt créer la surprise
Parmi les critères à ajouter, il y a une option de “découvrabilité”. En termes savants, c’est ce qu’on appelle la sérendipité. On pourrait la traduire par l’heureux hasard.
Le but c’est d’intégrer aux recommandations que l’algorithme vous fait, une part de hasard. “L’aléatoire cela peut être une très bonne chose”, selon Hugues Bersini, expert en intelligence artificielle. “Il peut être très bénéfique. On peut aussi imaginer de proposer un contenu qui soit pratiquement opposé à ce que vous consultez mais tout en gardant un champ qui ne soit pas trop large. Je pense qu’il faut lutter contre le premier réflexe de l’algorithme qui est de trop personnaliser et plutôt créer la surprise. La surprise est parfois très bonne conseillère”.
La sérendipité, cette idée d'heureux hasard, c’est une option pour tenter de garantir les missions de service public qui incombe à la RTBF. “On va toujours sélectionner les contenus dans l’idée qu’il faut une pluralité de l’information”, insiste Samuel Profumo. “On ne va pas non plus chercher à maximiser du clic. On va plutôt chercher à maximiser le nombre de contenus proposés à l’utilisateur”. Une vision partagée par Pierre Dubois, responsable du marketing personnalisé. “On n’a pas pour vocation unique de faire des audiences. On vise à assurer nos missions de service public entre autres, la découverte, l’émancipation, l’ouverture, etc.”
L’idée est belle, reste encore à la concrétiser. Pour l’instant, les équipes techniques travaillent avec les éditeurs du site web pour créer ce nouvel algorithme. Car, il ne semble pas inopportun de le rappeler, les algorithmes restent des programmes informatiques imaginés et fabriqués par des humains.
Quoi qu’il en soit, pour Hugues Bersini, expert en intelligence artificielle, la personnalisation de l’information n’est pas un problème en soi. “Dans un flux d’informations qui sont toutes de qualité, vérifiées, éditorialisées, etc. Changer la hiérarchie en fonction des intérêts des gens, pourquoi pas. Tant qu’on a la garantie que l’information est de qualité”. Voilà donc la mission première à remplir.