Actuellement, les pensions coûtent 31 milliards annuellement au budget de l'Etat, ensuite cela grimpera, jusqu'à atteindre 50 milliards en 2060. Il y a, actuellement, un pensionné pour 4 actifs... En 2060, ce sera un pensionné pour deux actifs !
Autant dire que le système de cotisations risque de s'essouffler. Les gouvernements Verhofstadt avaient commencé à constituer des réserves mais ce fonds de réserve n'a finalement plus été alimenté et on a appris récemment que le dernier gouvernement Verhofstadt y avait même puisé en douce de quoi équilibrer son budget. Il reste 17 milliards dans ce fonds, juste de quoi financer une demi-année de pensions !
D'où la nécessité de créer un système structurel de financement des pensions. En mars 2008, après une longue crise politique, on installe une nouvelle Conférence nationale des pensions qui débouche aujourd'hui sur un Livre vert qui refait les mêmes constats : il faut trouver le moyen de pérenniser le financement des pensions. Les pistes sont connues depuis belle lurette : allonger la carrière (l'âge de la pension légale reste fixé à 65 ans mais il faut éviter que les travailleurs âgés cessent d'alimenter le système trop tôt) et donc limiter un recours trop systématique aux prépensions. Il y a sans doute lieu de ré-envisager le rôle des pensions complémentaires ou des épargnes individuelles. Il reste aussi à répondre à ce paradoxe : pourquoi (et comment) travailler plus avec près de 700 000 chômeurs, sans compter les exclusions !?!
Mais on a tellement tardé (il a fallu 10 mois pour avoir un gouvernement et on a changé de ministre des Pensions en cours de route) que les nouvelles dispositions sur les pensions devraient être prises en cours d'année électorale. Personne n'a envie de s'engager dans une vaste réforme qui risque de faire grincer socialement quelques dents.
Dès lors, Michel Daerden va surtout se hâter lentement pour transformer son Groenboek en Witboek, pour passer des constats aux réformes. Il y a de très fortes chances que l'on ne touchera pas aux pensions avant les prochaines élections, d'autant plus que cela implique d'énormes paquets d'euros, que la Belgique sera en déficit chronique dans les prochaines années, que la Flandre se dit déjà prête à constituer elle-même de quoi financer les pensions de ses fonctionnaires.
Les nouveaux mécanismes de financement des pensions ne reviendront que lors de la formation du prochain gouvernement. Il n'y a donc rien à attendre avant 2012... au mieux. On en sera à six années de perdues, faute de volonté politique et de gouvernement fédéral cohérent.
Philippe Walkowiak
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