Du côté des patrons, on reste calme et on attend, tout en rappelant l'importance économique des entreprises. Ainsi Pieter Timmermans, administrateur-délégué de la Fédération des Entreprises de Belgique, appelle surtout de ses vœux un "gouvernement fort" capable de redresser la Belgique, de renforcer le tissu économique et d'assurer la croissance avant d'en répartir les revenus.
Il rappelle que pour garantir le pouvoir d'achat, il faut de l'emploi, et ne pas commettre les mêmes erreurs que dans le passé en maintenant donc un écart suffisant entre les revenus de ceux qui travaillent et les indemnités de chômage. Le patron de la FEB préfère attendre le contenu de l'accord de gouvernement avant d'entamer le débat avec les partenaires sociaux, un débat qui, espère-t-il, ne se fasse pas dans la confrontation : "Qu'on le veuille ou non, il faut une certaine collaboration entre le fédéral et les régions", dit-il, citant l'exemple de la politique énergétique.
"Créez votre propre entreprise avec des prix plus élevés que chez les voisins de 15%, et vous verrez"
Les syndicats sont sur la défensive. Ils ignorent encore quelles seront les mesures de la suédoise pour doper l'économie et faire des économies, alors, ils fourbissent leurs armes dans un registre classique. Anne De Melenne, secrétaire-générale de la FGTB, dénonce les "kamikazes qui ne vont pas tenir compte du contexte où nous sommes, avec des entreprises qui ferment, pas de pouvoir d'achat et une croissance économique à zéro".
Le pouvoir d'achat et la fiscalité restent les chevaux de bataille des syndicats : Marie-Hélène Ska, secrétaire nationale de la CSC, craint une concurrence fiscale entre régions : travailleurs et employeurs seront mis en concurrence "complètement stupide".
Vincent Reuter de l'Union Wallonne des Entreprises prévoit de son côté qu'on ne touchera pas au pouvoir d'achat. Avec Pieter Timmermans ("Créez votre propre entreprise avec des prix plus élevés que chez les voisins de 15%, et vous verrez"), il rappelle que le coût du travail en Belgique reste toujours un handicap, car trop élevé par rapport aux voisins. "Il y a beaucoup d'attentes à ce niveau auprès de la future coalition", confie-t-il.
Olivier Valentin du syndicat libéral attend de voir ce qui sera mis sur la table pour juger et met comme condition pour cela une paix sociale. La création d'emplois doit être un objectif du prochain gouvernement, pour lui, mais pas via une réduction linéaire des cotisations et sans réduire les dépenses sociales, dit-il. Il faut comme condition trouver un financement alternatif : "Pas de chèque en blanc", dit-il, demandant qu'une réduction des cotisations soit couplée à des créations d'emploi.
Marie-Hélène Ska (CSC) souhaite que des revenus "aujourd'hui complètement hors de la zone de contribution" soient aussi taxés.
Hausse de la TVA?
Faire passer la TVA de 21 à 22% : cela irait vite et rapporterait beaucoup. Pour Vincent Reuter, c'est inévitable. Pieter Timmermans dit "attention", parce qu'il y a un effet sur l'inflation et sur les salaires, donc la compétitivité des entreprises.