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« Peine 333 » : le premier album de Geeeko, reptile à deux visages

Avec ce premier album, Geeeko se positionne définitivement comme un des artistes les plus prometteurs du paysage rap noir jaune rouge.

© Kamila K Stanley

Par Guillaume Guilbert via

Après deux EP et un véritable succès d’estime, le belge Geeeko revient cette fois-ci avec un premier album ! "Peine 333" est un projet à deux facettes, à la fois ambitieux et introspectif, entre rêves et désillusions.

Geeeko a toujours su s’adapter, c’est d’ailleurs de là qu’il tient son blase. Le plus reptile des rappeurs belges se faufile dans les méandres du game et "s’endurcit parmi les hyènes", comme il l’exprime dans ce nouveau projet. Un projet qui démarre sur une connexion avec un autre phénomène made in BX : Frenetik. Les deux artistes semblent apprécier bosser ensemble puisqu’ils se sont déjà invités mutuellement sur leurs projets respectifs dans le passé. Sur "Hustler", la complémentarité entre la vibe chantée de Geeeko et le flow découpé du rappeur d’Evere fait mouche une fois de plus.

Un long chemin

"J’ai dû batailler pour sortir du lot", chante Geeeko. Né au Burundi, il a grandi au Rwanda jusqu’à ses sept ans avant de rejoindre le Burkina-Faso. Avec toutes ses influences de musiques afro comme bagage, il débarque en Belgique à l'âge de 14 ans et prend une claque en découvrant le rap via Kaaris. Le son est parfait pour un ado qui vient de loin à l’époque. C’est décidé, il fera du rap.

Et on ne peut que le féliciter aujourd’hui d’avoir pris cette décision ! Car depuis, les skills se sont développées et une vraie identité s’en est dégagée. Ses locks colorées et ses refrains mélodiques contrastent avec une facette plus sombre et des lyrics parfois désabusés. Mais cette identité est surtout celle d’un gars déterminé qui transpire l’ambition à grosses gouttes. "C’est pas le moment de lâcher petit", lâche-t-il dans "Petit", même s’il admet quand même que c’est parfois dur "d’être le seul à croire en soi".

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Double identité

L’ambition mixée à la mélancolie, c’est un peu la recette Geeeko. Sur "Diamant", il parvient à parler de ses peines de cœur sur une rythmique aux accents jersey qui donne presque envie de s’enjailler. Un réel exercice d’équilibriste pour celui que l'on qualifie souvent de "plus ricains des rappeurs belges". Et comme pour marquer encore plus cette double identité musicale et narrative, il enchaîne avec "Pas de sentiments" : des paroles crues qui dévoilent son côté "mauvais garçon" sur une prod qui se rapproche de la dance !

La cover de l'album.
La cover de l'album. © Raia Maria Laura

Tout au long de l’album, Geeeko alterne donc entre ces deux facettes qui parfois se rencontrent. Au niveau des prods, on passe aussi d’une ambiance à l’autre. Essentiellement composées par Chuki Beats et Skar, elles sont tantôt très aériennes, tantôt plus dark et parfois carrément club. Côté feats, en plus de Frenetik, on retrouve le miel de Tawsen dans le langoureux "Où je vais", et le timbre reconnaissable du rappeur du 94 Cinco dans le très ambiant "Traphouse".

Avec ce premier album, Geeeko se positionne définitivement comme un des artistes les plus prometteurs du paysage rap noir jaune rouge. La cover du projet montre d’ailleurs la tête de l’artiste sortir peu à peu de l’eau et s’élever au-dessus de la surface. On pourrait y voir une sorte d’allégorie de sa position de rappeur émergeant qui tend à devenir une valeur sûre. C’est tout ce qu’on souhaite à Geeeko qui présentera "Peine 333" ce vendredi soir lors d’une release party au Sneakers Café à Bruxelles.

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