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Paysan-boulanger, Simon Menot de Tournay exerce trois métiers pour maîtriser toute la filière céréale

Paysan-boulanger, il exerce trois métiers pour maîtriser toute la filière céréale

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Par Anaïs Stas

Simon Menot cultive des céréales sur 11 hectares à la ferme de l’Abreuvoir à Tournay près de Neufchâteau. Quand il n’est pas dans ses champs, Simon est au four et au moulin, littéralement. Il stocke les céréales récoltées, les transforme en farine puis en pain. Il est un des seuls paysan-boulanger de Wallonie.

En 2015, Simon entend parler de ce métier émergent. "C’est là que tout a démarré. Je me suis dit naïvement que j’allais cultiver des céréales et en faire du pain". C’est la vente de pain qui rend l’activité rentable comme l’explique Manoelle Vanschepdael "Si le grain vaut un, la farine vaut trois et le pain vaut sept". Ne pas simplement vendre les céréales mais le produit transformé permet au couple de vivre grâce à l’exploitation d’une toute petite surface agricole.

Une petite partie de la fournée de pains du jour.
Une petite partie de la fournée de pains du jour. © Anaïs Stas – RTBF

70 heures semaine

Si Simon arrive à dégager un revenu suffisant, la situation est loin d’être simple. "C’est trois activités, trois métiers, trois possibilités de se planter. Il faut que tout fonctionne à chaque étape et si quelque chose ne fonctionne plus, il faut pouvoir y remédier rapidement pour que toute la chaîne fonctionne". Et pour faire fonctionner cette chaîne, Simon y travaille environ 70 heures par semaine. "Et pendant les moments les plus fous, c’est-à-dire durant la moisson, des journées de 20 heures c’est courant".

Simon Menot de la ferme de l’Abreuvoir
Simon Menot de la ferme de l’Abreuvoir © Anaïs Stas – RTBF

Métier émergent – statut non reconnu

A côté du travail acharné, combiner trois métiers agricoles, de transformation et d’artisanat requiert de nombreux investissements. "Sur les huit premières années il y en a pour plus de 250.000 euros d’investissement et ce n’est pas fini".

Des investissements importants et un accès aux aides plus restreint. Le statut de paysan-boulanger n’est pas reconnu en Belgique. "On a voulu entrer une demande d’aide pour le volet agricole, l’installation de silos, trieurs etc. Et cela nous a été refusé car comme on vend du pain, on est classé comme boulangerie". A titre de comparaison, en France, le statut est reconnu. 500 paysans-boulangers sont répertoriés. En Belgique, pas de liste officielle. Simon et Manoelle ne connaissent que deux autres personnes qui exercent ce métier en Wallonie.

Manoelle Vanschepdeal de la ferme de l’Abreuvoir
Manoelle Vanschepdeal de la ferme de l’Abreuvoir © Anaïs Stas – RTBF

Grandir et assurer une autonomie énergétique

Un nouveau projet est en cours de développement. "Nous avons répondu à l’appel à projet 'Relocalisons l’alimentation' de la Région Wallonne qui nous permet de recevoir un subside de 245.000 euros sur un projet de 410.000 euros. C’est un bon coup de boost" détaille Manoelle. Ce nouveau projet comporte trois volets : développer l’autonomie énergétique de la ferme, la création d’une chambre de pousse pour améliorer la qualité du levain et aménager les horaires de boulangerie "Là, on touche à la qualité de vie". Et enfin, la construction d’un hangar agricole avec de nouveaux espaces de stockage pour les céréales. "Notre volonté est de permettre à d’autres agriculteurs de stocker dans des conditions optimales une partie de leur récolte pour leur faciliter l’accès à notre meunerie pour fabriquer de la farine, des biscuits, des pâtes etc. Le but c’est relocaliser l’alimentation".

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