Paul Furlan, le déclin d'une étoile montante du PS wallon

Paul Furlan, le déclin d'une étoile montante du PS wallon

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Par RTBF avec Belga

La démission de Paul Furlan (54 ans) marque un coup d'arrêt brutal dans le parcours jusqu'à présent sans faute de l'une des figures du renouveau socialiste en Wallonie. L'homme siégeait depuis 2009 au gouvernement wallon.

Entré en politique par le sport 

Le bourgmestre en titre de Thuin, né à Binche en 1962 d'un père d'origine italienne, est licencié en administration publique de l'Université de Liège. Dirigeant à ses débuts d'une PME spécialisée en fiscalité, comptabilité et assurance, il s'est investi dans la vie publique au début des années 1990 via une association où le sport (parfois extrême) répond aux problèmes de délinquance, de drogue ou de handicap.

Au parlement wallon en 1999

Paul Furlan, est d'abord ce qu'on appelle un beau parcours politique. Il entre au conseil communal de Thuin en 1994 avant de devenir chef de groupe de l'opposition en 1997. Il est élu pour la première fois au parlement wallon en 1999 grâce au mécanisme de l'apparentement et devient bourgmestre de Thuin en 2000, où il succède à Daniel Ducarme (MR) parti à Bruxelles. Il participe au score historique du PS aux élections régionales de 2004 (3 sièges sur 3 dans la circonscription) et réalise un raz-de-marée électoral (15 sièges sur 23) aux communales suivantes, en 2006. C'est un peu plus tard qu'il accède à la présidence de l'Union des villes et communes de Wallonie. un poste qu'il occupera deux ans. 

Paul Furlan en 2007, un an après avoir accédé à la présidence de l'Union des villes et communes de Wallonie.
Paul Furlan en 2007, un an après avoir accédé à la présidence de l'Union des villes et communes de Wallonie. © VIRGINIE LEFOUR - BELGA

La jeune garde d'Elio Di Rupo contre la tourmente carolo

Paul Furlan fait partie de la jeune garde socialiste mise à l'avant-plan par Elio Di Rupo à la suite des affaires qui éclatent en 2005 à Charleroi et plongent le PS dans la tourmente. C'est d'ailleurs à cette période que le président en fait le porte-parole du parti quand il est question de la Wallonie. Au parlement wallon, il sera au sein du groupe socialiste l'un des promoteurs des réformes lancées après le scandale de La Carolorégienne.

La maîtrise des Pouvoirs locaux, de la Ville et du Tourisme

En 2009, après une campagne menée en binôme avec le Carolo Paul Magnette, Paul Furlan est élu pour la troisième fois au parlement wallon dans l'arrondissement de Thuin. Pressenti pour prendre la tête du groupe socialiste au Grognon, il entre au gouvernement wallon avec, en toute logique, le portefeuille des pouvoirs locaux; une fonction dans laquelle il rempile en 2014.

Il met en oeuvre une modernisation des provinces, niveau de pouvoir ciblé régulièrement par ses partenaires Ecolo dans la majorité, crée le très attendu Fonds d'investissement des communes, fait évoluer la gouvernance des intercommunales, exécute les décrets décumul des mandats (même s'il n'en est pas un chaud partisan) et incompatibilités, propose des programmes stratégiques aux communes et un calendrier budgétaire en phase avec les exigences européennes, etc. Son bilan est généralement salué par les municipalistes dont il est issu.

L'un des meilleurs taux de pénétration au parlement wallon

Aux élections du 25 mai 2014, Paul Furlan figure à la 2e place des meilleurs taux de pénétration à l'élection au parlement wallon, derrière son compagnon de campagne électorale Paul Magnette. Il est récompensé lors de la formation du gouvernement régional en recevant, outre les Affaires intérieures, le Logement et l'Energie.

Publifin aurait dû être réglé le 1er juillet 2017

Durant son second mandat au gouvernement wallon, Paul Furlan s'est notamment attaché à la création d'un fonds de garantie locative, à la réforme du logement public et du logement privé. Il s'apprêtait à concrétiser, au 1er juillet prochain, la reprise de la tutelle des intercommunales interrégionales telles que Publifin, pour laquelle il avait accepté qu'elle soit reportée de deux ans. Il a aussi participé à la marche arrière du gouvernement PS-cdH sur plusieurs politiques menée avec Ecolo sous la précédente législature en matière énergétique (objectifs de production de renouvelable, tarification progressive de l'électricité, etc), mais également à l'aboutissement du difficile dossier du partage de la charge climatique entre les entités de Belgique ("burden sharing").

Le déclenchement de l'affaire Publifin au début de l'année ternit brusquement l'image d M. Furlan. Le ministre semble avoir à tout le moins manqué d'empressement dans cette affaire. Son chef de cabinet adjoint, Claude Parmentier, l'un des hommes-clé de la Wallonie en matière de pouvoirs locaux, est mis en cause et démissionne mais l'histoire ne s'arrête pas là. Les révélations dans la presse se succèdent à propos de la nébuleuse Nethys, à laquelle appartient Publifin, à tel point que l'opposition MR-Ecolo dépose une motion de méfiance à l'encontre de M. Furlan au parlement wallon. Elle devait être débattue jeudi après-midi. Le ministre, tout en affirmant être droit dans ses bottes, a préféré prendre les devants face à un débat qui s'annonçait très tendu.

Le défaut de ses qualités: il fonctionne à la confiance

Bref, un parcours sans faute jusqu'à ces derniers jours. Paul Furlan aussi une personnalité, un style. Sportif, il est grand amateur des activités de montagne. Décontracté et chaleureux, il ne cache pas son goût pour les moments festifs. Ce qui explique, entre autres, qu'il aime s'entourer de proches dans ses fonctions politiques. Avec sans doute le défaut de ses qualités: s'il fonctionne à la confiance, on peut aussi lui reprocher de ne pas avoir cherché à savoir. Place donc à la succession.

 

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