Liège

Pas un seul euro pour CHB au budget de la Sofico: la fin du projet de liaison autoroutière ?

L'avant-projet de tracé de CHB de 2005 présenté dans le PUM de l'Agglomération de Liège

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Par Martial Giot

Le projet d'une liaison autoroutière entre Cerexhe-Heuseux/Beaufays, soit sur environ 13 kilomètres, en enjambant la vallée de la Vesdre, c'est une idée qui est née dans les années 1960. On la retrouvait encore dans le Plan Urbain de Mobilité récemment soumis aux habitants puis aux conseils communaux des 24 communes de l'arrondissement de Liège.  

L'abandon de ce projet de contournement sud-est de Liège se profile-t-il derrière le budget 2019-2024 de la Sofico, la société à laquelle la Région Wallonne a notamment confié les grands aménagements routiers ? En tous cas, ce budget, qui vient d'être adopté, ne prévoit pas la moindre somme pour la réalisation de CHB, une liaison estimée à quelque 600 millions d'euros au total.

CHB n'est plus prioritaire pour la mobilité 

"Le plan de mobilité tel qu'il a été étudié par les communes identifie toute une série de dossiers prioritaires et CHB vient bien loin dans ces priorités.", explique Carlo Di Antonio, le ministre wallon des travaux publics, "Dès lors, on n'envisage pas dans les années à venir de dépenser des moyens pour un projet qui n'est plus prioritaire pour la mobilité en région liégeoise. Des investissements plus importants doivent être mis sur des infrastructures de transport public, sur de la réhabilitation de voiries, sur des voies cyclables... Donc l'idée, c'est de faire d'abord tout ce qui est évident comme aménagements et de reporter cette réflexion à plus tard avec une possibilité que cela ne se fasse jamais. Et ce serait une bonne chose. Si les problèmes de mobilité peuvent être résolus autrement, personne ne demande à dépenser 600 millions d'euros pour un nouveau morceau d'autoroute."  

Le Groupement CHB, fondé en 1983 pour s'opposer au projet, se réjouit. "On est vraiment très content de cette grande nouvelle. C'est vraiment une bonne nouvelle pour tout le monde.", réagit Laurence Falisse, "C'est vraiment un grand pas pour toute cette zone verte à l'est de Liège qui aurait été complètement dévastée par un projet autoroutier. Mais c'est aussi un grand pas pour Liège, qui s'oriente vraiment vers une mobilité plus durable. Il y a déjà beaucoup qui se fait au niveau politique à Liège, pour réfléchir à une mobilité plus durable. La liaison entre Cerexhe-Heuseux et Beaufays aurait vraiment détérioré une grande partie de l'avancée." 

Et la zone de réservation ?

Faute d'un véritable abandon du projet, la zone de réservation inscrite au plan de secteur est maintenue. Dans cette zone, les propriétaires n'ont plus l'entière jouissance de leurs biens. Ce jeudi, la coopérative politique Vega et Ecolo, ont demandé sa suppression rapide. "Désinscrire la zone de réservation semble difficile.", répond le Ministre Carlo Di Antonio, "Mais c'est une étude qui peut avoir lieu dans les prochaines années. Il faut toute une étude d'impact, une discussion dans les communes, des débats, etc. Cela ne se fait pas très rapidement. Je souhaite aussi peut-être modifier la manière dont on intervient lorsqu'il y a des maisons situées sur des zones de réservation et de pouvoir indemniser correctement les personnes qui souhaitent construire, aménager sur ces zones-là, de manière à ce que toute possibilité d'aménagement ne soit pas pénalisée durant la période pendant laquelle les autorités publiques ont une vue sur un projet sans avoir la certitude de le faire."

Supprimer la zone de réservation reviendrait à enterrer le projet, ce que défend le Groupement CHB, mais il appelle à la vigilance sur un autre effet que pourrait avoir cette suppression. C'est ce qu'explique Laurence Falisse: "Cette zone de réservation, elle gèle les terrains sur lesquels la liaison CHB aurait dû passer. Du coup, aucune transformation ne peut être faite par les propriétaires. Mais elle a aussi permis en quelque sorte, depuis 50 ans, de préserver toute une zone naturelle à l'est de Liège qui aurait peut-être été investie par des promoteurs immobiliers. Notre objectif serait peut-être justement d'essayer de voir comment pouvoir continuer à protéger ce poumon vert qui pourrait être du coup investi par des promoteurs immobiliers. Donc il faut être vraiment très, très vigilant et essayer de trouver un bon équilibre entre protéger les zones naturelles et, d'autre part, permettre éventuellement le développement de certaines zones qui, elles, pourraient être urbanisées, parce qu'elles le sont déjà actuellement."

   

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