Pas plus de cancers à Fernelmont qu'ailleurs en Wallonie

Envrion 150 personnes ont assisté dans la salle communale de Cortil-Wodon à la présentation de l'étude sur les liens entre pesticides et cancer à Fernelmont.

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Par François Louis

Dehors le tonnerre grondait. A l’intérieur aussi il y avait de l’électricité dans l’air...

Ce jeudi soir, les experts de l'Agence wallonne pour une vie de qualité (AVIQ) ont dévoilé les résultats d'une étude sur les liens possibles entre cancer et pesticides dans la commune hesbignonne de Fernelmont.

L'étude avait été sollicitée par la commune à la suite d'une lettre ouverte envoyée par une habitante, elle-même atteinte d'un cancer. Elle dénonçait les effets de l'agriculture intensive sur la santé, pointant un nombre anormalement élevé de cancers dans son quartier, mais aussi un cas de maladie de Parkinson et plusieurs problèmes de déficience immunitaire.

Une salle un peu médusée

"Nous avons choisi la méthode des 'clusters'", a expliqué le docteur Sophie Lokietek (AVIQ), devant une assemblée un peu médusée par la complexité du propos méthodologique.

"Ce n'était pas la bonne méthode", ont tout de même osé certains habitants, manifestement préparés.

"Quels sont les résultats ?", s'est impatienté un père de famille, inquiet pour les enfants qui vont à l'école de Cortil-Wodon, encerclée par les champs.

"Nous avons examiné le Registre belge du cancer, qui répertorie tous les nouveaux cas de cancers commune par commune, ont répondu les chercheurs. Il n'y a pas plus de cancers à Fernelmont qu'ailleurs en Wallonie". L'étude a tout de même mis en évidence un taux plus élevé de mélanomes malins que dans le reste de la population wallonne. Mais il ne s'agit pas d'un cancer relié aux pesticides dans la littérature scientifique.

Et les chercheurs de conclure : "Compte tenu des données disponibles actuellement, une enquête plus poussée en matière de santé n’apparaît pas justifiée (...)."

Des réactions émotionnelles

Les réactions fusent dans la salle, d'abord les plus émotionnelles; une dame demande : "Comment expliquez-vous le cancer d'un enfant de trois ans" ? "Plusieurs personnes sont mortes dans mon quartier", enchaîne une autre.

A chaque manifestation d'une expérience ou d'une impression particulière, les scientifiques de la Région wallonne répondent par la statistique. Le débat tourne au dialogue de sourd. D'autant que quelques agriculteurs présents dans la salle interviennent : "Nous sommes conscients des risques liés aux pesticides et nous faisons attention, affirme Louis Houbotte, qui est aussi conseiller communal. Nous respectons les bonnes pratiques agricoles en la matière."

Le ton monte. La salle se divise en deux camps.

Il faut des zones tampons

Le débat prendra ensuite une tonalité plus médiane avec l’intervention de deux médecins généralistes. "A cette petite échelle de la commune de Fernelmont, nous pressentions que l’étude ne révélerait rien d’alarmant, a expliqué le Docteur Gilles Colemonts. Mais nous ne pouvons pas nous contenter de ça. Il faut réaliser d’autres études, peut-être à l’échelle de la Hesbaye".

Et en attendant, soyons très prudents avec les pesticides, ont plaidé les médecins, qui réclament l’instauration de zones tampons entre les champs et les lieux de vie comme les habitations ou les écoles.

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