La majorité PS-MR-Ecolo est apparue profondément divisée ce mercredi après le refus opposé par la ministre de l’Enseignement Valérie Glatigny (MR) aux demandes de l’UNamur et de l’UMons de pouvoir organiser un master en médecine.
Réagissant mercredi après-midi en séance plénière du Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles, le député Manu Disabato (Ecolo) s’est ainsi dit "sidéré" par une décision prise "sans concertation" avec les autres composantes de la majorité, a-t-il dénoncé. Dans les rangs du PS, Joëlle Kapompole s’est, elle, dit "choquée" par cette annonce, laquelle n’est étayée par aucun "élément pertinent", a-t-elle attaqué. La députée socialiste a rappelé que pareille décision ne revenait nullement à la seule ministre, mais qu’elle devait plutôt être coulée dans un projet de décret qui devrait être approuvé par le Parlement. L’opposition PTB et Les Engagés ont aussi dénoncé le refus d’habilitations opposé aux deux universités.
Dans une interview parue ce mercredi matin dans les colonnes de La Libre, Valérie Glatigny annonçait ne pas vouloir autoriser l’UMons et l’UNamur à organiser un master de médecine. Devant les députés, la ministre a justifié son choix au regard du contingentement des études de médecine, ainsi que l’impact financier que les trois autres universités qui organisent déjà un master en médecine auraient à supporter. "C’est une question d’équité entre étudiants", a insisté Mme Glatigny, estimant que les étudiants de l’UMons seraient "surfinancés" par rapport aux autres facultés de médecine. À l’heure actuelle, toutes les cinq universités offrent un bachelier en médecine, mais seules trois (UCL, ULB et ULiège) organisent le master de cette filière.
Le Collège Communal de la ville de Mons réagit
Le Collège communal de la Ville de Mons a souligné ce mercredi, "la prise de position non étayée, et fondée sur des affirmations contraires à la vérité" de la ministre.
"Le lien entre le fait qu'un étudiant en médecine fasse son master dans le Hainaut et retourne ensuite exercer dans le Hainaut une fois diplômé n'est pas étayé", a réagi Valérie Glatigny mercredi soir "Namur, par exemple, n'a pas de master en médecine, et a pourtant un nombre de médecins par habitant plus élevé que la moyenne, soit 1 médecin pour 939 habitants, et dans tous les cas supérieur à Liège, soit 1 médecin pour 1.096 habitants, qui dispose d'un master". La ministre libérale rappelle, enfin, "qu'elle souhaite lutter contre un sur-financement d'un petit nombre d'étudiants au nom de l'équité entre tous les étudiants et d'une bonne gestion des deniers publics".
Le recteur de l'UMons évoque "Un coup de poignard..."
Dans un communiqué de presse, le recteur de l'UMons, Philippe Dubois (dont vous pouvez entendre ci-dessus la réaction au micro de Justine Hermans), a qualifié la décision de la ministre de "coup de poignard dans le dos des Hainuyers", tout en déplorant que celle-ci se soit prononcée en dépit d'un avis favorable de l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur (ARES). "Notre démarche répond à des besoins socioéconomiques objectivement démontrés, en particulier, de santé publique", souligne l'UMons. "Contrairement à ce prétend la ministre, l'obtention du master en médecine ne coûtera pas plus d'argent aux finances publiques ! Nous avons déjà une faculté de médecine, de pharmacie et de sciences biomédicales opérationnelle depuis 50 ans et la région dispose d'un fort réseau d'hôpitaux avec lesquels nous avons déjà de nombreuses collaborations en recherche clinique et qui ont marqué son accord sur cette demande d'habilitation".
Surprise et déception du côté de l'UNamur
Dans un communiqué distinct, l'UNamur a également fait part de sa surprise et déception après l'annonce de la ministre. "Ce projet ne demandait que peu d'investissement que les partenaires étaient prêts à assumer. L'impact sociétal nous semblait en valoir la peine tant pour la population concernée que pour la Santé publique. Nous pouvions, par ailleurs, capitaliser sur la collaboration étroite avec le réseau des médecins généralistes des provinces concernées, et avec le CHU UCL Namur, hôpital universitaire déjà existant sur le territoire", selon Annick Castiaux, rectrice de l'UNamur.