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Pas d’accès aux infrastructures sportives de la Ville de Bruxelles sans Covid Safe Ticket : "Cela va être très compliqué"

Georges Tsoras, le coprésident du Lart Bruxelles, l'équipe de futsal.

© RTBF

"L’accès aux infrastructures sportives de la Ville de Bruxelles ne sera […] uniquement possible sur présentation du Covid Safe Ticket et d’une carte d’identité." Dans un mail adressé il y a quelques jours aux responsables de clubs sportifs utilisant les terrains et salles appartenant à la Ville de Bruxelles, celle-ci leur a signifié la manière dont le Covid Safe Ticket entrerait en application dès la mi-octobre : il sera demandé à l’entrée, à toute personne âgée de plus de 16 ans, peu importe le nombre de participants sur le site. Pour rappel, la Région bruxelloise a fixé une jauge de 50 personnes maximum en intérieur et 200 en extérieur.

Une mesure qui ne réjouit pas plusieurs clubs locaux. Exemple avec le Lart Bruxelles. L’équipe de football en salle est une des plus suivies du championnat. Elle joue au Palais du Midi, devant un public nombreux. "La difficulté, c’est que nous avons en général de très grandes infrastructures", rappelle Benoît Hellings (Ecolo), échevin des Sports.

"Dans le Palais du Midi par exemple, nous avons une salle de danse, une salle de boxe, une salle multisports, un dojo énorme… Nous sommes rapidement à 50 personnes." Idem sur les pelouses de football, où lors des entraînements avec les équipes de jeunes, plus de 200 personnes foulent les terrains et les pourtours. Impératif, donc, pour les autorités : "Empêcher que les infrastructures ne deviennent des foyers de contaminations".

Une partie de nos jeunes vont être exclus

Mais pour Georges Tsoras, le coprésident du Lart, cette mesure n’est pas tellement une surprise. "Le contenu de la communication de la ville est explicite. Ceci étant, en interne, nous avons organisé une réunion en urgence pour trouver les meilleures solutions et s’adapter. La situation sanitaire est particulière, les autorités font face à des situations exceptionnelles. Mais ce qui nous embête, c’est que nous pensons qu’une partie de nos jeunes vont être exclus".

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Le Lart, ce sont 300 jeunes, dans toutes les catégories. "Ils seront exclus et des entraînements et des compétitions. Il va falloir faire des choix et exclure des personnes. Nous ne sommes pas dans cette optique-là, surtout après deux années compliquées pour ces jeunes avec la crise sanitaire, le confinement… La Ville applique des règles. Mais nous devons aussi nous adapter, demander à nos membres et à leurs proches de s’adapter."

"On va essayer d’être le plus clair possible avec les parents des enfants de moins de 16 ans qui n’ont pas de Covid Safe Ticket", ajoute Georges Tsoras. "Ils vont devoir, c’est clair, rester en dehors des infrastructures. Pour les jeunes de plus de 16 ans, on le sait : la vaccination n’est pas obligatoire. Mettre en place des tests chaque semaine, ce sera compliqué, cela aura un coût. Idem pour les U21 et l’équipe première."

La Ville de Bruxelles prévoit deux manières de procéder pour le contrôle des Covid Safe Ticket et des cartes d’identité : par du personnel du service des sports de la Ville de Bruxelles en semaine, lors des entraînements, d’une part, par les gestionnaires de club le week-end lors des rencontres ou des tournois au moyen de tablettes fournies par la commune d’autre part. "Notre position actuelle, c’est de dire dès lors qu’on va jouer à huis clos", enchaîne le coprésident du Lart, "pour éviter d’en arriver à des zones de tensions. Le seuil de 50 personnes est vite atteint, juste avec les protagonistes du match, leur staff, les arbitres… Cela ne laisse aucune possibilité à un public de venir voir des matches."

300 gamins simultanément de 6 à 13 ans

Après le futsal, le football sur grand terrain. Le club de l’AS Brussels City occupe deux pelouses à Neder-over-Heembeek. Environ 700 jeunes composent les 33 équipes de la formation qui évolue en deuxième provinciale. Ici, on se dit surpris par la communication "parce que nous n’étions pas préparés à pareille injonction", pour une activité en extérieur. "Ce sera très compliqué à faire appliquer", soupire Moktar Sadani, président de Brussels City.

"Nous partageons notre complexe avec un autre club. Pour avoir une idée, nous occupons les terrains deux jours sur la semaine, les mardis et jeudis, de 17h à 22h environ. Faire tenir 33 équipes sans trop se côtoyer, en conservant une qualité d’espace, c’est compliqué en temps normal. Si on prend uniquement les équipes de 6 à 13 ans, c’est 300 gamins simultanément. Si on ajoute au minimum un parent par enfant, ça vous donne une idée du monde présent."

Dans la pratique, comment gérer aussi l’accompagnement des tout jeunes joueurs qui sont, presque toujours, accompagnés d’un ou deux parents. Tous ne sont pas vaccinés. "S’il y a 100 enfants, il y a 100 parents minimum qui sont là au bord du terrain. Que va-t-on leur dire ? De rester dehors ?"

Le problème se pose en semaine lors des entraînements mais également les samedis et dimanches, jours de matches. Des équipes extérieures sont accueillies. "On ne pourra pas laisser entrer les parents. Ceux qui auront le Covid Safe Ticket pourront entrer, les autres pas. Et puis en termes de contrôles, on n’est pas formé pour cela. Ce que je demande aux autorités, c’est de voir comment on adapte cette mesure à la pratique sportive sans nuire. Telle quelle, ce sera difficilement applicable. Et puis, on a déjà arrêté le sport pendant des mois, on a vu les séquelles sur les gamins qui ont arrêté le sport, qui ont pris du poids… On ne peut pas ajouter cela."

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Benoît Hellings, l’échevin des Sports entend les remarques. Il propose d’ailleurs de rencontrer les dirigeants de tous les clubs avant la mise en place de la mesure prévue (si les textes passent au Parlement bruxellois et au gouvernement régional) le 15 octobre. Pour lui, le plus compliqué reste de gérer les allées et venues dans les différentes installations dont il a la charge. Imposer le Covid Safe Ticket, à tout moment, est la meilleure des solutions.

"Il faut mettre en place des règles qui s’appliquent à des infrastructures de très grande taille", dit-il rappelant que le CST a été appliqué lors des 20km de Bruxelles, "ce qui n’a pas empêché 20.000 coureurs d’y participer" ou lors du dernier Memorial Van Damme qui a attiré 27.000 personnes au stade Roi Baudouin. "Ce qui est possible pour le Van Damme est possible pour un match de division inférieure."

La meilleure façon de pouvoir retrouver une vie normale

"En Région bruxelloise, lorsque le Covid Safe Ticket sera exigé, une série de personnes ne pourront pas entrer, c’est une réalité", enchaîne l’échevin. "Nous avons encore la possibilité avec les clubs de discuter pour trouver la meilleure façon de s’organiser. Mais la meilleure façon de pouvoir retrouver une vie normale et la pratique du sport au jour le jour, c’est de se faire vacciner ou de se faire tester, pour obtenir ce fameux QR Code. L’enjeu est sanitaire : pas de contamination lors des rassemblements sportifs. Les infrastructures publiques ne doivent pas être des foyers de contamination. Pour des raisons de facilité, on applique ce CST, étant donné qu’on ne peut pas mesurer combien de personnes se trouvent sur tel ou tel terrain et comment elles interagissent. On part du principe que ces infrastructures sont densément utilisées et potentiellement devenir des foyers de contaminations. Le public doit le comprendre."

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