Certains ténors veulent se présenter aux élections sans l’étiquette de leur parti. Certains citoyens ne font plus confiance aux partis et veulent faire de la politique autrement. IL y a de la défiance dans l’air….
Pour Nicolas Baygert, professeur de science politique à l’IHECS et à l’ULB, " la manière dont les citoyens rejoignent l’action politique est en train de changer. Ils ne veulent plus rentrer dans un carcan partisan, suivre une discipline de parti. Aujourd’hui, on suit plus un individu qui incarne des valeurs plutôt qu’une offre insérée dans un programme.
On s’engage aussi moins sur le long terme. Fini l’engagement idéologique permanent. On a affaire à un consommateur nomade, éclectique et résolument infidèle. On a envie de nouveautés et de " dégager " les anciennes offres. Les partis traditionnels se retrouvent coincés : entre une offre politique radicale et populiste, de plus en plus professionnelle, et de nouvelles personnalités qui fonctionnent comme une marque ".
ET les mots ont leur importance, souligne François Debras, chercheur à la faculté de Droit de l’Université de Liège. " Se présenter comme un parti ou comme un mouvement peut influencer l’électeur. Il faut s’assurer que le changement n’est pas que cosmétique ".
Proposer et incarner
En France, En Marche a intégré de nombreuses personnalités de la société civile. Mais le mouvement reste celui du programme d’un homme. François Debras souligne que, en politique, on fonctionne par cycle : " un cycle de revitalisation (nouveaux visages, nouveau programme, nouveaux outils…) et un cycle de professionnalisation où on fait appel à l’expérience et où on choisit une personne pour incarner le projet". On ne peut pas rester dans le brainstorming permanent, ajoute Nicolas Baygert. " La médiatisation implique des porte-parole compétents. Le leadership aujourd’hui, c’est être capable d’incarner une offre politique nouvelle et de garantir le cadre au sein duquel peuvent se développer des processsus participatifs ".
Nicolas Baygert et François Debras étaient interrogés par Arnaud Ruysssen dans Soir Première