Depuis plusieurs mois, les révélations se succèdent sur les pratiques et les privilèges que s’accordent les parlements. Cela va notamment du greffier du parlement de Wallonie aux présidents successifs de la Chambre en passant par les voyages des députés de la Francophonie ou les plantureuses pensions de députés fédéraux et des députés du parlement flamand. Certains faits apparaissent très anciens, les montants relativement faibles au regard des budgets globaux et l’illégalité incertaine. Il n’en reste pas moins une impression globale de privilèges et d’entre-soi malsain.
Contrôlés = contrôleurs
Notre système basé sur la démocratie parlementaire en arrive à " sanctifier " la fonction de représentants de la Nation. Nul ou rien ne peut surpasser cette fonction, consacrant ainsi l’expression démocratique des citoyens.
Mais derrière ce principe intangible, il reste la délicate mise en œuvre. Puisque rien ne peut entraver l’expression démocratique concrétisée par un député, on en arrive à ce que ce soient les députés qui se contrôlent eux-mêmes. Tous les mécanismes deviennent entachés par ce principe. Les dépenses électorales des partis sont contrôlées par les élus de ces partis, les pensions des parlementaires sont gérées directement par une ASBL de ces mêmes parlementaires, les sommes engagées pour valider les travaux d’aménagement pour des députés se voient validées par ces mêmes députés, etc.
Le système démocratique se voit vicié.
Illégalité douteuse
Récemment, le journal Le Monde, décrivait la Belgique comme " le royaume du compromis, où la devise nationale (" L’union fait la force ") devrait plutôt être " On va s’arranger ", est passé depuis longtemps maître dans l’art d’accommoder à sa façon les grands principes. "
Toutes les décisions se prennent toutefois dans le cadre de lois ou de règlements dûment votés. Tout cela respecte donc les apparences de la légalité. Dans les récents développements du dossier des pensions des députés fédéraux, les textes légaux de base ont généralement 20 ans ! Toutes les décisions du greffier wallon ont le plus souvent été approuvées par les présidents et les élus successifs.
Cela repose la question de la légitimité de notre représentation politique. Certes, tous ont été élus en bonne et due forme, par les citoyens. Mais le contrôle de la pratique démocratique fait ensuite défaut. Cela contribue à éloigner les citoyens de leurs représentants politiques, et tant qu’à faire, opter pour les extrêmes qui ont beau jeu de dénoncer ces pratiques.
Certains lendemains électoraux s’annoncent douloureux…