Partage de bureaux : le monde du travail poursuit sa mue

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Par Rudy Hermans

Le télétravail existait avant le coronavirus. Et le coworking avait déjà séduit de nombreux travailleurs nomades. Mais la crise sanitaire a certainement accéléré le développement de nouvelles façons d’organiser son activité professionnelle.

En Wallonie et à Bruxelles, les espaces de bureaux partagés se multiplient, dans des lieux où on ne les imaginait pas nécessairement auparavant.

Des bureaux réinventés

A Thuin, L’Impérial est un établissement bien connu, face au beffroi. Le rez-de-chaussée, c’est le repère des habitués du café ou des touristes de passage. Mais depuis quelques mois, une autre clientèle a investi le 1e étage, où quelques tables bien espacées accueillent travailleurs et étudiants à la recherche d’un bureau temporaire.

"J’ai testé la formule il y a quelques jours, et j’ai trouvé l’ambiance de travail très sereine, agréable et studieuse. Bien sûr, certaines personnes parlaient fort dans le café, mais je n’ai pas trouvé cela gênant, et je suis d’ailleurs restée plus longtemps que prévu, raconte Catherine Leroy, employée au sein d’une structure communale, et obligée de télétravailler comme tant d’autres en Belgique. Travailler à domicile, c’est bien pour certains, mais personnellement cet isolement ne me convient pas. J’ai donc immédiatement été sensible à cette formule. Je la trouve même enrichissante, car le décloisonnement et l’interactivité amènent de la créativité"

Grégory Tulpinck et Catherine Leroy dans l'espace de coworking de L'Impérial à Thuin.
Grégory Tulpinck et Catherine Leroy dans l'espace de coworking de L'Impérial à Thuin. © Tous droits réservés

"On a dû faire preuve de résilience pour rebondir"

Le patron apprécie ce retour d’expérience, et ne regrette pas son choix, un peu forcé par les circonstances. "Je ne dois pas vous rappeler dans quelle situation se trouve l’Horeca depuis bientôt 2 ans. On a dû faire preuve de résilience, nous adapter à cette conjoncture difficile en nous diversifiant pour rebondir. Ce n’est encore que le début, mais je suis assez surpris de l’intérêt que l’espace de travail que nous avons aménagé suscite auprès des gens qui cherchent simplement un point de chute en dehors de la maison", explique Grégory Tulpinck derrière les pompes de L’Impérial.

A quelques centaines de mètres de là, la rénovation d’une belle maison de maître se termine. Xavier Vanabelle y a installé sa société de visualisation architecturale en 3D. Un jour, il espère que son personnel occupera toutes les pièces de cette grande demeure. Mais actuellement, certaines parties du bâtiment sont sous-utilisées, et accessibles aux professionnels extérieurs qui le souhaitent, pour quelques heures ou quelques jours.

"Nous recevons surtout des demandes pour des réunions ou des séminaires d’entreprises, mais également quelques réservations pour des événements privés, précise le chef d’entreprise. Il est intéressant de proposer nos espaces disponibles à des personnes qui n’ont pas nécessairement la place suffisante ou le matériel adéquat à domicile. Ça nous permet de rentabiliser l’investissement immobilier, mais aussi de rencontrer des travailleurs aux profils divers, et de faire connaître nos services".

Xavier Vanabelle dans une des salles de réunions qu'il propose à la location.
Xavier Vanabelle dans une des salles de réunions qu'il propose à la location. © Tous droits réservés

Pour tous les goûts et toutes les bourses

Dans un café ou une belle demeure, mais également dans un ancien restaurant, à l’arrière d’une boutique ou même dans une église désacralisée, les espaces de coworking variés se multiplient.

"Je travaille seule et mes locaux sont trop vastes pour moi". Aurélie Rimez vient de réorienter sa carrière. Cette ancienne directrice d’hôtel a lancé sa propre activité de consultance à Anhée, petite commune mosane située près de Dinant. Et ceux qui le souhaitent peuvent occuper une partie du plateau où elle développe son nouveau job. "Ce n’est pas une grosse structure, mais ça peut répondre à la demande de certains travailleurs, en toute simplicité et en toute convivialité, indique cette nouvelle indépendante. J’ai reçu récemment une personne qui ne souhaitait pas télétravailler chez elle, et un étudiant durant sa période de blocus. L’objectif, c’est surtout de rentabiliser l’espace, d’avoir un peu de compagnie certains jours de la semaine, et pourquoi pas de faire du réseautage professionnel".

Amélie Rimez est prête à partager son espace de travail.
Amélie Rimez est prête à partager son espace de travail. © Tous droits réservés

Ces 3 nouveaux espaces de travail partagés font partie d’un réseau créé récemment par 2 jeunes entrepreneurs. "Work and Meet" (WAM) rassemble sur une même plateforme une septantaine d’endroits dédiés au coworking en Wallonie et à Bruxelles. Et la famille ne cesse de grandir.

"La crise que nous traversons a été un catalyseur de ces nouvelles façons de travailler, et il y a de plus en plus de lieux comme ceux-là, pour tous les goûts, tous les besoins et toutes les bourses, se réjouit Jonas Benazzi, le jeune CEO de WAM, lui-même adepte du nomadisme professionnel. Les avantages sont nombreux. Ça permet aux entreprises de rentabiliser leurs bureaux, de se donner une nouvelle visibilité et de rencontrer des profils variés, et ça offre la possibilité aux travailleurs, salariés ou indépendants, de s’oxygéner, de découvrir d’autres milieux professionnels et d’élargir leurs horizons".

Le monde du travail poursuit sa mue, et le coworking se diversifie. L’occupation d’un poste de travail comme ceux-là coûte en moyenne 5 euros/heure, et 25 euros/journée. La connexion haut débit est comprise dans le prix. La café également.

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