Chroniques

Parlement de Wallonie : l’heure des démineurs

Philippe Walkowiak

© RTBF

Par Philippe Walkowiak

En septembre dernier, le Parlement de Wallonie avait paré au plus pressé en écartant pour six mois son greffier. L’échéance approche, et avec elle, l’heure des décisions courageuses (?).

Le dossier reste aussi sensible administrativement, juridiquement que politiquement. Le nouveau président du Parlement wallon, André Frédéric, se retrouve dans le rôle du démineur qui ne sait pas trop quel fil couper pour désamorcer une bombe risquant d’exploser à tout moment…

Prudence & circonspection

Les nouveaux membres du bureau du Parlement n’en ont pas encore le front suant à grosses gouttes, mais ils savent que l’affaire peut s’avérer dangereuse.

Tout d’abord, une partie des griefs portés à l’encontre du greffier, fait l’objet d’une enquête judiciaire. Interférer avec cette enquête pourrait nuire à celle-ci et la rendre caduque. Or, le temps judiciaire n’est pas le même que le temps politique et encore moins que le temps médiatique. De plus, l’échéance électorale de mai 2024 se rapproche inexorablement et a de quoi rendre les formations politiques nerveuses, d’autant que pour les partis au pouvoir wallon (PS, MR, Ecolo) comme pour l’opposition Engagée, les sondages d’intentions de vote ne sont guère florissants. Tous épient le jeu du PTB, qui met la pression et entend, dans ce contexte particulier, laver plus blanc que blanc. C’est de bonne guerre en termes de rivalités politiques mais risque de tétaniser toute velléité de réforme.

Le nouveau agit très prudemment, mais le temps passe et les échéances se concrétisent.

Des premières mesures disciplinaires ?

Jusqu’à présent, essentiellement des mesures conservatoires ont été prises : suspension du greffier pour six mois (avec conservation du salaire et des avantages) et remplacement du président et du bureau de l’assemblée, avec le retour dans celui-ci de l’opposition.

Depuis, chacun marche sur des œufs. Le statut du greffier reste flou et a été bétonné au fil du temps et des majorités successives aux différentes couleurs ! À des degrés divers, chaque parti porte donc une part de responsabilité dans la situation actuelle. Hormis le PTB, qui compte bien le rappeler régulièrement.

Les appels de détresse du personnel ont été ignorés par tous et l’explosion des dépenses liée à l’extension du parlement, partagée par la plupart.

Après six mois (!), le greffier devrait être entendu par le bureau lundi prochain. Une prolongation de la mise à l’écart (avec réduction de salaire, cette fois) sera sur la table. Il reste à bétonner la décision, juridiquement. Le greffier conserve une réelle capacité d’action et connaît très bien les rouages administratifs d’une institution sur laquelle il a la main depuis 2009. Il en connaît beaucoup de secrets.

Une nouvelle fois, le Parlement de Wallonie va y jouer sa crédibilité, et sans doute avec lui, la classe politique francophone.

@PhWalkowiak

Parlement wallon : une procédure disciplinaire ouverte contre le greffier (LP 27/02/23)

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