Comment trouver l'argent nécessaire, pour alimenter son compte en ligne? Cela devient un challenge quotidien. "Vous devenez menteur, manipulateur. J'ai fait des choses qui ne sont pas dans mes valeurs! Heureusement, j'ai reçu une bonne éducation. C'est ce qui m'a sauvé. Sinon...j'aurais peut-être agressé une petite dame, dans la rue? D'autres que moi ont dû en arriver là. C'est terrible."
Pour Mélanie Saeremans, des signes d'addiction doivent mettre la puce à l'oreille. "Il faut s'inquiéter quand on mise plus que ce qu'on est capable de perdre. Se fixer un budget, comme pour ses loisirs, le cinéma ou autre chose. Ne pas voir les paris sportifs comme un investissement, une manière de se faire de l'argent. On va vouloir jouer pour se refaire. Un autre signe est d'augmenter ses mises, commencer à dissimuler, mentir, ou jouer de plus en plus quand on se sent mal, pour fuir la réalité en quelque sorte".
Pour moi, c'est tout aussi nocif. Je parle d'ailleurs de cancer 2.0
Steve a entamé une thérapie, depuis trois mois, à l'hôpital Saint-Luc. "Il existe une cellule pour lutter contre les addictions sans substances, donc les jeux de hasard notamment". Il a confié ses cartes de crédit à son épouse, demandé également à se faire "blacklister". "Expliquez moi comment je peux, malgré tout, toujours jouer sur des sites de paris à l'étranger? Il y a quelque chose d'illogique. On ne protège pas assez les joueurs". Il est en colère contre l'Etat, qui autorise toujours autant de publicité. "On interdit la publicité contre la cigarette, mais avant les matchs, pendant les matchs, en rue, dans le métro vous êtes bombardé de publicité pour les paris sportifs. Pour moi, c'est tout aussi nocif. Je parle d'ailleurs de cancer 2.0.".
A la Commission des Jeux de Hasard, on réclame aussi des mesures fortes pour encadrer les paris sportifs. "Cela fait des années que nous nous battons pour cela. Des mesures ont été prises, comme la limitation du nombre d'agences de paris. De mille, on passe à 600. Mais d'autres mesures sont toujours bloquées au Conseil d'Etat. Des interdictions de faire de la publicité avant les matchs, pendant la pause. Interdiction de publicité qui ciblent les jeunes, par exemple. La limitation des bonus. On espérait que ces dispositions entreraient en vigueur avant la Coupe du Monde, mais non!" Il s'emporte, dénonce "un manque de volonté politique. Mais pour que la loi change, voyez vous, il faut des scandales. Et des scandales, il y en aura!"