Paris-Roubaix : 6 hommes et 6 femmes à tenir à l’œil sur les pavés de l’Enfer du Nord

Mads Pedersen (Trek-Segafredo) n’a sans doute jamais été aussi fort qu’en ce début d’année 2023. Il y a bien eu sa victoire à Gand-Wevelgem en 2020, mais sa régularité depuis le coup d’envoi des Classiques est impressionnante. Le champion du monde 2019 il a soigné ses stats et sa confiance à Bessèges et sur Paris-Nice avant de prendre un abonnement pour les premiers rôles. Jugez plutôt : 6e à Milan-Sanremo, 14e à l’E3, 5e à Gand-Wevelgem, 5e à A travers la Flandre et 3e au Ronde.

Le Danois ne craint pas grand monde au sprint après une course difficile. Ses adversaires ont donc tout intérêt à s’en débarrasser avant de poser les roues sur le Vélodrome.

Sa chute, causée par un spectateur, a été l’une des images fortes de l’an dernier. Yves Lampaert a vu ses chances de podium s’envoler en même temps qu’il passait au-dessus de son vélo. Le coureur de Soudal-Quick Step, 4 Top 10 au compteur, aura certainement un petit sentiment de revanche au départ. Il aura aussi une grosse pression sur les épaules – comme tous ses équipiers – tant le Wolfpack a été absent des débats sur les classiques flandriennes qui ont fait sa réputation. Son podium à La Panne a pu lui donner confiance, mais il n’a pas pesé bien lourd à Gand-Wevelgem (67e) et au Tour des Flandres (41e).

Nils Politt, battu par Philippe Gilbert dans un sprint à deux il y a quatre ans, aime Roubaix et ses pavés. Le champion d’Allemagne espère se retrouver dans une situation aussi favorable mais pouvoir conclure. Son printemps a été bon jusque-là avec une 7e place au Nieuwsblad, une 13e place à l’E3 et 10e place à A travers la Flandre et deux tops 20 au Ronde et à Wevelgem.

A côté de Wout van Aert et Dylan van Baarle (le vainqueur sortant), Jumbo-Visma pourra aussi compter sur Christophe Laporte. Après ses succès à Wevelgem et A travers la Flandre, la France se met à rêver. L’Hexagone n’a plus vu un de ses représentants monter sur le podium depuis l’étonnant Sébastien Turgot en 2012. Frédéric Guesdon est le dernier tricolore à avoir soulevé le mythique pavé. Il y a 26 ans. 6e il y a deux ans sous les couleurs de Cofidis, il a vu sa course s’arrêter aussi nette que sa roue arrière s’est brisée sur les pavés.

Roubaix est une affaire de spécialiste mais aussi de gros rouleurs. On suivra avec attention deux des meilleurs coureurs contre-la-montre de la planète : Stefan Küng (Groupama-FDJ) et Filippo Ganna (Ineos-Grenadiers). Le Suisse, 3e l’an dernier et 11e en 2019, peut avancer quelques références. C’est beaucoup moins le cas du double champion du monde du chrono. Il a terminé hors délais puis a abandonné lors de ses deux premières tentatives (2018 et 2019) avant de se classer 35e en 2022. Le recordman de l'heure s'est illustré chez les jeunes (15e en juniors, victoire en espoirs). Insuffisant pour briguer le rôle d’outsider ? Pas quand on s’appelle Ganna. L’Italien a fait de cette course un objectif et il est taillé pour écraser les pavés.

Lotte Kopecky emmènera l’armada SD Worx samedi entre Denain et le Vélodrome André Pétrieux. Étincelante cette saison, elle aborde son grand objectif du printemps avec une confiance au zénith et sans la moindre pression. Victorieuse au Nieuwsblad, à Nokere et au Ronde, notre compatriote aura une énorme pancarte dans le dos.

Mais la version féminine de Paris-Roubaix est un territoire Trek-Segafredo. Deux éditions, deux victoires et quatre des six places sur le podium, la domination de la formation américaine est quasi totale. Elisa Longo Borghini, la tenante du titre, a digéré son Covid et arrive en forme. Lucinda Brand, ancienne championne du monde de cyclo-cross, a, également, tout pour briller sur les pavés.

L’incroyable palmarès (246 victoires sur route) de Marianne Vos ne renseigne pas (encore ?) de succès dans l’Enfer du Nord. La leader de Jumbo-Visma, 2e en 2021, a vu sa saison décalée suite à une opération. Elle arrive donc avec de la fraîcheur sur les pavés. Son forfait le matin même de la course l’an dernier a sûrement généré une frustration qu’elle voudra évacuer ce samedi.

On termine ce round up par deux "grosses cotes" : Teuntje Beekhuis (Jumbo-Visma) et Pfeiffer Georgi (DSM). La Néerlandaise, 17e et 14e des deux premières éditions, a visiblement trouvé la bonne formule pour rouler sur ces pavés si spécifiques. La Britannique, 9e en 2022, est dans la forme de sa vie et son tempérament offensif peut faire des merveilles dans cette course particulière. On aurait pu ajouter Emma Norsgaard (Movistar, 6e et 11e) mais sa condition est incertaine après sa chute aux Strade Bianche.