"Ce n’est pas tant la quantité de gaz à effet de serre qui compte que l’effet sur le climat", réagit l’enseignant et chercheur en géographie à l’ULB, Frédéric Dobruszkes. Il donne cours sur le tourisme, le transport et l’environnement et travaille sur l’impact de l’aviation sur le climat.
"Le transport aérien a ceci de particulier qu’il a des effets spécifiques qui se passent en haute altitude comme de la formation de nuages, il induit des fumées de condensations, émet des oxydes d’azote… ce qui compte in fine, c’est la part du transport aérien dans l’augmentation des températures."
Et là, les chiffres sont plutôt alarmants. "La responsabilité du secteur aérien par rapport à l’ensemble des activités humaines, c’est 3,5% en 2011 (derniers chiffres). Et on estime que ce chiffre a augmenté de moitié entre 2005 et 2018. C’est en croissance. C’est beaucoup pour une activité qui concerne une minorité riche de la population mondiale. Tout le monde ne prend pas l’avion, loin de là."
Sans aucune mesure, au-delà des +2 °C
Si l’industrie de l’aviation ne prenait aucune mesure, le secteur aérien émettrait 48,6 gigatonnes de CO2 entre 2020 et 2050, l'inscrivant dans une trajectoire bien au-delà des 2 °C de réchauffement, maximum énoncé par la COP21.
Ces chiffres sont alarmants pour notre chercheur. "C’est inquiétant car, à l’heure actuelle, il n’y a aucune solution technologique mûre à court et à moyen terme pour régler le problème. Rien n’est prêt pour apporter une sensible amélioration sur le plan de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effets de serre et donc, de contribution au changement climatique."
Pourtant, c’est bien sur cette technologie que compte l’industrie mondiale de l’aviation pour se rapprocher de la neutralité carbone. D’ici 2050, les compagnies aériennes se sont même engagées à atteindre "zéro émission nette de CO2". Et si elles veulent atteindre les objectifs de l’accord de Paris, ces émissions doivent décroître dès 2025, soit dans trois ans.