Nous l’avons tous au fond du placard mais nous oublions bien souvent de l’utiliser ! Avec Cindya Izzarelli, focus sur un classique souvent mal exploité : le paprika.
Le paprika ne se limite pas aux chips au paprika ! C’est une épice beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. En réalité, il s’agit d’un fruit. Tout part du poivron ou du piment doux, originaire d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale.
On doit sa culture aux Aztèques et aux Mayas, qui le cultivent dès 7000 ans avant JC. Ils l’utilisent comme épice mais aussi comme plante médicinale et comme monnaie, comme pour le cacao. Ils emploient le fruit pour apaiser les douleurs dentaires et contre l’arthrose, parce qu’il contient de la capsaïcine, un anti-inflammatoire.
Le piment doux est introduit en Europe avec la colonisation espagnole. En une centaine d’années, sa culture connaît un essor considérable en Espagne. Il va être connu dans le continent européen entier comme piment d’Espagne ou pimiento.
Pimiento ou paprika ?
On peut dire les deux, parce que c’est à peu près la même chose. Pour les premiers Espagnols arrivés en Amérique, tout ce qui piquait était pimienta. En Amérique et surtout en Espagne, on précisait pimienta de Chile, pour distinguer le piment du poivre. Cela a donné Chili pepper en anglais.
Ce piment doux est progressivement cultivé un peu partout en Europe, jusqu’à atteindre la Hongrie, où il va trouver une patrie d’adoption. Le terrain est super propice à sa culture. Le poivron y pousse très bien, il est de belle qualité. Cela va donner le paprika, un élément emblématique de la cuisine hongroise. Paprika vient du serbe et veut aussi dire 'piquant'.
Si ce nom est celui que nous donnons à cette épice aujourd’hui en Europe, c’est parce que les conditions étaient tellement favorables en Hongrie que nous l’avons tous beaucoup utilisé. Par ailleurs, à partir du blocus continental, qui a entraîné une pénurie des produits anglais, l’Europe de l’Est a remplacé le poivre par le paprika, 'le poivre du pauvre'. Il a ainsi donné son goût et sa couleur à toute la cuisine locale.
A noter que c’est dans le paprika qu’Albert Szent-Györgyi a trouvé la vitamine C pour la première fois, et c’est grâce à cette épice qu’il a décroché le prix Nobel de médecine en 1937 !