Rayons et ventres vides
Le pays est aussi gangrené par d’autres problèmes. C’est le pays du monde où l’inflation est la plus forte. 2600% en 2017 ! Les denrées de base comme le riz ou la farine commencent à manquer, puisqu’elles sont importées. Les prix grimpent en flèche, ils augmentent de 800%, tandis que le pouvoir d’achat s’effondre. La monnaie locale, le bolivar, a perdu toute sa valeur. Il faut des liasses de billets pour acheter un misérable pain. Le peuple ne mange plus à sa faim. Les rayons sont vides et les files s’allongent devant les magasins.
Et puis il y a la violence. Le Venezuela est le 2e pays le plus violent du monde.
A ce jour, plus de 2 millions de Vénézuéliens ont fui la pauvreté et la violence qui rendent leur vie trop difficile.
Maduro: dégage!
Plus la cote de popularité du président Maduro s’affaisse, plus l’opposition donne de la voix. L’une de ses principales revendications : le départ du président Maduro. Depuis 2016, de gigantesques manifestations anti-Maduro se déroulent à Caracas. Les manifestants demandent la tenue d’élections anticipées.
Le putch de la Cour suprême
En 2017, la Cour suprême du Venezuela, réputée proche du président Maduro, prend deux mesures contestées : elle s’arroge le pouvoir législatif, normalement exercé par le parlement, ce qui revient à le donner à Nicolas Maduro. Or le parlement était dominé par l’opposition de droite.
Le président détient donc les 3 pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire. La Cour suprême supprime également l’immunité qui protège les parlementaires ; le gouvernement peut donc déclencher des procédures judiciaires contre eux. Pour l’opposition, il s’agit d’un coup d’Etat !
Les USA, l’Union européenne, les Nations unies et une dizaine de pays d’Amérique latine protestent. La Cour suprême annule ses décisions 48h plus tard.
Mais quelques mois plus tard, le gouvernement Maduro revient à la charge : il fait élire une assemblée constituante qui s’arroge tous les pouvoirs législatifs ; le jour du scrutin, le peuple est dans la rue. Il y aura 15 morts.
Elections truquées ?
En octobre 2017, lors des élections régionales, le Parti socialiste unifié (PSU) le parti de Nicolas Maduro remporte 17 Etats sur 23. L’opposition crie au bourrage des urnes, et refuse de reconnaître le résultat du scrutin.
Nouvelles élections, municipales, en décembre. Le PSU en sort encore vainqueur. Cette fois, l’opposition a boycotté le scrutin, et se retrouve exclue de l’élection présidentielle prévue le 20 mai 2018.
C’est donc un boulevard pour Nicolas Maduro, qui est réélu, au grand dam de l’opposition. Mais, depuis les élections de 2015, le Parlement est dirigé par une coalition de centre-droit, fermement opposé à la politique du gouvernement socialiste.
2 gouvernements, 2 présidents, un pays ultra-divisé
L’opposition veut damer le pion au gouvernement : elle a mis sur pied un gouvernement parallèle dit d’unité nationale, avec la nomination symbolique de nouveaux magistrats de la Cour suprême.
Désormais la bataille fait rage entre les deux camps : celui des institutions, comme la Cour suprême, considérées comme favorables au président Maduro, et le camp de l’opposition.
Entre le gouvernement et le parlement, c’est le divorce. La situation se radicalise. Certains, dans le pays et à l’extérieur, accusent Maduro de dérive autoritaire. Il est vrai que le président accentue la présence de la police et de l’armée. Les arrestations se comptent par centaines. Nicolas Maduro a aussi renforcé les milices civiles, appelées " colectivos ". Elles comptent 500.000 membres, avec " un fusil pour chacun ", en vue d’une éventuelle " intervention étrangère ".