Pandore

"Pandore" : 5 questions pour tout comprendre de la musique de la série belge

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Par Thomas Guiot via

La musique de la série belge Pandore, diffusée en ce moment sur La Une et disponible en intégralité sur Auvio, fait beaucoup réagir le public. Pour bien comprendre toute sa conception, on a posé quelques questions à Savina Dellicour, l'une des créatrices de la série. C'est elle qui a chapeauté toute la création musicale autour de Pandore.

Le générique de la série fait énormément réagir le public depuis le début de la diffusion. D’où vient-il ?

C’était très clair au niveau du générique, l’idée d’avoir une voix de femme et du rap, pour aller avec cette énergie et ce sentiment de révolte. C’était un premier phare dans la nuit. J’ai écouté beaucoup de rappeuses, et très vite, on s’est tournées vers Blu Samu. Je l’avais vue en concert, elle avait une énergie géniale et une voix tellement belle … Dans ses morceaux à elle, la vibe est différente que celle qu’on cherchait. Thomas Meys, notre superviseur musical, a proposé qu’on lui demande une création sur mesure, ce qu’elle a accepté à notre grande joie. Pour le flow, on lui a demandé de parler de ce qui la met en colère, et quand elle chante, de le faire avec ce sentiment de révolte, de colère.

Le manager de Blu Samu a proposé une collaboration avec Sam Tiba, qui s’est occupé de la composition de la musique du générique. On lui a fait une commande précise avec une maquette qui accompagnait l’image. On voulait une musique orchestrale avec une certains ampleur, des cuivres, des violons, pour un côté très épique. Loic Collignon, un des deux mixeurs de la série, a mixé cette musique, a participé à l'arrangement, etc. C’était un vrai travail de groupe.

On nous demande s’il existe une version longue, mais non, c’est bien uniquement le morceau du générique de 40 secondes, totalement créé pour la série.

Pandore - Générique de la série

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Dans la bande originale de Pandore, on peut entendre pas mal de genres musicaux différents dont du rap, de l’électro, de la musique classique ... Comment l’expliquez-vous ?

En plus du générique, où c’était une vraie volonté, on cherchait différents titres qui collaient mais surtout des titres belges. Sur mon film "Tous les chats sont gris", je n’avais utilisé que des musiques additionnelles, et j’avais trouvé plein de trucs inconnus de chez nous. J’avais travaillé avec Thomas Meys, on a des goûts similaires, et il nous a rejoints sur Pandore.

J’adore Shazam, et donc dès que je suis dans ma voiture, je vais à la pêche, et je fais des playlists. Pendant le montage, on essayait plein de morceaux pour voir ce qui pouvait coller. Par exemple, le morceau "Watch Out" de Flohio, dans l’épisode 1, c’est une Anglaise que j’avais découverte aux Nuits Botanique. Elle m’avait bluffée, c’était vraiment incroyable. Au moment où on a mis ce morceau dans la salle de montage, on était hyper heureux car ça changeait tout. L’émotion est vraiment très guidée par la musique en fait. Quand tu trouves la bonne musique qui amène à la bonne émotion mais sans la forcer, c’est magique.

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Est-ce que certains morceaux sont liés à des personnages ?

Dans l’épisode 3, par exemple, là c’est un titre de Miss Angel ("Who") que j’avais vue sur scène avec Blu Samu. On utilise sa chanson dans un autre épisode, et les deux moments sont liés au personnage de Sasha. Comme c’était deux épisodes réalisés par deux personnes différentes, Vania Leturcq et moi, ça permettait aussi d’avoir une continuité.

Dans l’épisode 10, Thomas Meys a proposé le morceau d’opéra de Lola Bonfanti (Dido & Æneas "When I am laid"), une chanteuse bruxelloise. Là, c’était intéressant de mettre de l’opéra pendant un moment tragique, lié au personnage de Mark. On a préparé ça avec deux autres moments de musique classique, notamment quand il chante avec ses enfants, un morceau que j’avais entendu dans les cours de solfège de mes filles (rires). On associait donc Mark à un peu de musique classique pour arriver à cette fin de façon préparée.

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Dans l’épisode 3, on retrouve une scène de karaoké entre Krystel et Mark avec une chanson en néerlandais. Pourquoi ?

Oui, c’est "Goeiemorgen, morgen" de Nicole Josy et Hugo Sigal. C’est une chanson hyper connue en Flandre, qui a représenté la Belgique à l’Eurovision (en 1971), qui passe dans tous les bals populaires. Je l’ai entendue à la radio dans ma voiture pendant l’écriture de la série. Et le début est vraiment super entrainant, avec un coté comédie musicale des années 1950. On se disait, tiens c’est le morceau où Krystel s’imagine sa vie heureuse avec Mark. Dès le début, on imaginait que ce personnage adorait faire du karaoké et chantait super bien. Et comme c’est un duo, c’était marrant d’essayer de faire chanter Mark qui n’en touchait pas une (rires).

Et quand Krystel chante au Maroc dans l’épisode 6, c’est un morceau des Girls in Hawaii, "Flavor". Sophie Balbeur a fait une version musicale et Myriem Akheddiou (NDLR : l'interprète de Krystel) a vraiment chanté dessus !

Pandore - La scène du karaoké

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Comment a été composée la musique originale ?

On savait qu’il y aurait un côté plus classique dans la narration où on aurait besoin de musique pour accompagner des émotions, du suspense, de la tension … On a beaucoup réfléchi à comment lier les deux côtés, le moderne et le traditionnel. Je suis tombée sur le site de Sophie Balbeur et j’ai trouvé que c’était super original. Elle n’avait pas beaucoup d’expérience musicale à l’image mais elle a fait partie de plusieurs groupes, elle vient de la scène électro et punk. J'ai écouté et ça ne sonnait comme rien que je n'avais déjà entendu. On l’a rencontrée, et elle était super enthousiaste de se lancer dans l’aventure. C’était une première, à la fois pour nous, sur un format aussi long, et pour elle.

Sophie est hyper créative, elle propose plein de choses très naturellement. On se demandait tout le temps : "Narrativement, qu’est-ce que la musique apporte ?" Dans le processus de montage, on a préparé des boites "suspense, tension, mélancolie ...", et on lui faisait des commandes émotionnelles.

Dans le scénario, on essayait à chaque fois qu’il y ait comme des dominos, que l'acte d'un personnage ait des répercussions sur un autre, et ainsi de suite. Comme un cycle infernal qui s’enclenche. On cherchait donc un thème circulaire qui représente cela. C’est un thème qu’on a appelé "La Roue" et que Sophie a décliné de plusieurs façons, plus traditionnelle avec le violoncelle, et plus synthé, eighties … Elle a quand même composé une centaine de morceaux pour en garder environ quatre-vingt au final !

L'album de la musique originale de Pandore est disponible sur les plateformes d'écoute

Pour la playlist officielle, c'est par ici !

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