L'OSDH et des militants ont affirmé à l'AFP que les troupes du régime syrien s'étaient retirées de toutes leurs positions dans et à la périphérie de Palmyre, notamment des renseignements militaires de toute la Badiya (désert syrien), l'aéroport militaire et la prison dans lesquels les djihadistes de l'EI se sont introduits dans la nuit.
"A nouveau, des centaines de personnes ont été tuées, et des milliers risquent d'être exposées à des violences arbitraires, tandis que de nouvelles destructions de sites culturels risquent d'être perpétrées", a relevé Mme Mogherini, citée par un communiqué à Bruxelles.
"Les tueries de masse et la destruction délibérée du patrimoine culturel et archéologique de Syrie et d'Irak par Daech reviennent à des crimes de guerre aux termes du statut de Rome" qui encadre la Cour pénale internationale, a rappelé la diplomate, qui concluait une visite en Israël et dans les Territoires palestiniens.
"L'UE a pris toutes les mesures nécessaires pour prévenir le trafic de biens culturels, qui contribue directement au financement de l'EI et d'autres organisations terroristes", s'est-elle prévalu.
L'EI s'est emparée jeudi de la totalité de Palmyre, baptisée la "perle du désert syrien", suscitant des craintes de voir les trésors archéologiques de la cité pillés par les trafiquants et détruits par les jihadistes, comme ce fut le cas dans des cités antiques dans l'Irak voisin.
Les terroristes exécutent 17 personnes après la prise de la cité
"L'EI a exécuté 17 personnes, des civils et des combattants loyaux au régime. Au moins quatre d'entre elles ont été décapitées", a dit à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
Les civils travaillaient pour le conseil administratif local, et parmi les combattants exécutés se trouvaient au moins un soldat et des membres d'une milice pro-gouvernementale, les Forces de défense nationale, a-t-il ajouté.
Un militant originaire de Palmyre, contacté par l'AFP via Facebook, a affirmé que les djihadistes obligeaient les habitants de cette ville du centre de la Syrie à rester chez eux.
"L'EI fouille les maisons" à la recherche de personnes loyales au régime de Bachar al-Assad et empêche les habitants de sortir, selon le militant qui se fait appeler Mohammad Hassan al-Homsi.
Ce dernier a dit avoir parlé à des proches à Palmyre qui lui ont raconté qu'ils voulaient fuir la ville, mais qu'ils avaient peur, surtout après avoir entendu parler des exécutions. L'électricité y est toujours coupée, selon lui.
Selon l'OSDH, au moins 460 personnes ont été tuées dans la bataille de Palmyre, lancée le 13 mai par l'EI. Parmi les victimes, au moins 49 ont été exécutées par le groupe djihadiste, dont neuf enfants.
Armes russes à Bagdad ?
"Palmyre peut être utilisé pour lancer des attaques en direction de Homs et Damas", estime Matthew Henman, chef de l'IHS Jane's Terrorism and Insurgency Centre.
Fabrice Balanche, géographe et spécialiste de la Syrie, acquiesce. "La prise de Palmyre ouvre la voie vers Damas et Homs. A terme, cet axe peut être menacé".
Selon lui, l'EI domine désormais "un carrefour de première importance (...) qui ouvre une nouvelle route vers l'Irak, Al-Anbar et Ramadi". "L'EI créé une continuité géographique avec l'Irak à travers la steppe syrienne".
Il estime que l'armée n'avait pas tenu à Palmyre à cause de "la diversité des fronts" de la guerre entre régime et rebelles depuis 2011, qui "a empêché l'armée de mobiliser des troupes" pour cette bataille.
De l'autre côté de la frontière, l'armée aidée des milices chiites se préparait à lancer la contre-offensive pour reprendre Ramadi aux djihadistes qui contrôlent en grande partie Al-Anbar.
A Moscou où il se trouve en visite, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a appelé la Russie à s'impliquer davantage dans la lutte contre l'EI. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé que son pays était prêt à répondre à "toutes" les demandes de fourniture d'armements de Bagdad.
RTBF avec Belga