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Pakistan : pour contrer l’inflation, les citoyens sont invités à… consommer moins de thé

Préparation et consommation de thé à Islamabad, le 15 juin 2022

© AFP/BELGA

Par AFP, édité par Kevin Dero

L’inflation est forte partout dans le monde, y compris au Pakistan. Le pays asiatique est confronté à de graves difficultés économiques depuis des mois, ce qui a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires, du gaz et du pétrole. Face à l’ampleur de la situation, le gouvernement pakistanais invite ses concitoyens à réduire leur consommation de thé.

Le thé sera chaud (mais en moindre quantité)

Cette annonce surprenante a été formulée le 14 juin dernier par Ahsan Iqbal, ministre de la Planification, du Développement et des Initiatives spéciales du Pakistan. Il a invité ses compatriotes à réduire leur consommation de thé d'"une ou deux tasses", afin de limiter les importations du pays. "Nous importons du thé en empruntant de l’argent", a-t-il argumenté lors d’une conférence de presse, à laquelle a assisté CNN.

Nous importons du thé en empruntant de l’argent

Les chiffres lui donnent raison. Le Pakistan est le plus grand importateur de thé au monde, selon l’Observatoire de la Complexité Économique (OEC). Il a dépensé plus de 640 millions de dollars dans ce modeste breuvage en 2020. C’est six fois plus que la France durant la même période.

Le Pakistan est le plus grand importateur de thé au monde, selon l’Observatoire de la Complexité Économique.
Le Pakistan est le plus grand importateur de thé au monde, selon l’Observatoire de la Complexité Économique. © danishkhan / Getty Images

Difficulté à faire bouillir la marmite

Or, la crise économique et politique que traverse le pays sud-asiatique pousse Islamabad à envisager des mesures drastiques. Déjà fragilisé par le Covid-19, le Pakistan connaît un endettement et une inflation record, ainsi qu’une contraction de sa devise par rapport au dollar. A cela vient s’ajouter les menaces de soulèvement populaire de l’ex-Premier ministre Imran Khan, évincé de son poste le 10 avril après le vote d’une motion de défiance des députés.

 

Economies d’énergie et retour de l’austérité

Devant la gravité de la situation économique du pays, le nouveau Premier ministre, Shehbaz Sharif, s’est résolu à mener une politique d’austérité. Il a déjà annoncé que les fonctionnaires pakistanais reviendraient à la semaine de travail de cinq jours dans le cadre de son plan d’économie d’énergie. Marriyum Aurangzeb, la ministre de l’Information, affirme que cette initiative radicale permettrait d’économiser 386 millions de dollars par an, d’après le quotidien local Dawn. Les officiels pakistanais doivent également limiter le plus possible leurs voyages à l’étranger.

L’invitation à réduire la consommation de thé s’inscrit dans le cadre de mesures d’austérité prises par le gouvernement de Shehbaz Sharif pour enrayer la crise. Mais elle est loin de faire l’unanimité auprès des Pakistanais. D’après CNN, ils sont nombreux à avoir tourné en dérision l’appel d’Ahsan Iqbal sur les réseaux sociaux, affirmant que la réduction de la consommation de thé ne contribuerait en rien à sortir le pays de la crise.

Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif à Karachi, le 13 avril
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif à Karachi, le 13 avril © AFP

Doutes sur le thé

L’invitation à réduire la consommation de thé s’inscrit dans le cadre de mesures d’austérité prises par le gouvernement de Shehbaz Sharif pour enrayer la crise. Mais elle est loin de faire l’unanimité auprès des Pakistanais. D’après CNN, ils sont nombreux à avoir tourné en dérision l’appel d’Ahsan Iqbal sur les réseaux sociaux, affirmant que la réduction de la consommation de thé ne contribuerait en rien à sortir le pays de la crise.

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