La lutte contre le racisme dans le sport passe par les petits clubs et les centres sportifs. C'est la raison pour laquelle des associations, comme Stop Racism in Sport et l’asbl Panathlon organisent des campagnes de sensibilisation, pour faire évoluer les mentalités. Ce dimanche après-midi, c’était au tour de la ville d’Ottignies Louvain-la-Neuve de marquer les esprits en envoyant un message de tolérance et d’ouverture. Cette sensibilisation passe notamment par le biais de banderoles placées dans plusieurs infrastructures sportives communales. Elle devrait s’étendre à d’autres sites sportifs, pour toucher un maximum de monde.
Sport amateur et racisme
Difficile d’affirmer si le racisme est réellement moins présent dans le sport amateur que dans le sport de haut niveau. Tout le monde a en mémoire les terribles images et prises de sons de certains "supporters" exprimant leur haine dans les grands stades de football ou dans certaines grandes compétitions internationales. Mais parmi les sportifs amateurs que nous avons rencontrés ce dimanche dans la commune d’Ottignies Louvain-la-Neuve, la perception du racisme était celle d’une situation moins préoccupante que dans certaines grandes compétitions.
Martin, escaladeur amateur, affirme ne jamais avoir constaté de racisme dans son milieu. "Mais je me doute qu’il y a d’autres sports où le racisme est encore bien présent", précise le jeune homme. Plusieurs sportifs amateurs nous ont parlé d’une forme de racisme plus sournoise et insidieuse, moins directe et moins explicite que celle constatée dans les tribunes de certains grands stades de football. De très jeunes joueurs ont par exemple des préjugés déplacés sur les capacités sportives de certains camarades d’origine étrangère. "Cela arrive parfois, mais en règle générale, tout le monde s’entend bien et il n’y a aucun problème", tempère un jeune adolescent, membre d’un club local. Des sports, comme le baseball, semblent d’ailleurs plus fédérateurs, à en croire un coach interrogé à Louvain-la-Neuve.
De son côté, l’échevin des sports, Benoît Jacob, pointe le comportement de certains parents : "parfois, sur le terrain, on sent que des parents pourraient tenir des propos à la limite du racisme. Mais il faut respecter l’autre, quelle que soit la race, la couleur de peau, la nationalité, etc…"
Pierre, amateur expérimenté de cross, affirme n’avoir jamais remarqué le moindre problème en athlétisme. "Mais dans les stades, le problème, ce sont des groupes d’extrême droite qui viennent semer le trouble chez les supporters. Parmi ceux-ci, certains dérapent, d’autres pas". L'homme insiste: "le racisme est inacceptable, que ce soit dans le sport amateur ou le sport professionnel".
Eduquer encore et toujours
Sensibiliser le public, dès le plus jeune âge : c’est un des moyens les plus efficaces contre le racisme, nous ont expliqué de nombreux interlocuteurs. Senna, amatrice de Cross-Fit (discipline à la croisée de la force athlétique, de l’haltérophilie, de la gymnastique et des sports d’endurance), explique qu'elle "ne supporte pas le racisme. Je ne suis pas complètement d’origine belge et j’ai souffert de racisme quand j’étais toute petite. Or, il n’y a pas de couleur, pas de genre, dans le sport ! Donc, dès le plus jeune âge, il ne faut pas catégoriser les gens".
Conseils de pros
Habitués des grandes compétitions athlétiques internationales, Jonathan, Dylan et Kevin Borlée sont bien placés pour savoir que le racisme est encore présent dans le sport. "Le sport a l’avantage de véhiculer de belles valeurs, qu’il faut respecter ! Par ailleurs, on ne naît pas en haïssant quelqu’un. Tout est dans l’éducation. Il y a encore beaucoup d’efforts qui doivent être faits par rapport à la question du racisme", explique Kevin, habitué des entraînements au hall d’athlétisme de Louvain-la-Neuve. "Je pense que l’éducation passe par là, mais ce n’est pas gagné, il y a encore du chemin à faire", poursuit Jonathan. Une éducation et une sensibilisation qui doivent aussi s’appliquer à l’ensemble de la société!