Tendances Première

Ostéopathie : "Sentiment d’abandon, angoisses de séparation se marquent dans le corps"

© Getty Images

Chaque grande étape de la vie nous soumet à un passage, à un changement, à un abandon, à une séparation… Cela ne se fait pas sans mal, et notre aptitude à gérer la situation dépend de la qualité de l’attachement affectif au début de la vie. Selon notre bagage émotionnel, nous aborderons les séparations avec notre sensibilité, nos peurs, nos craintes et nos phobies. Roger Fiammetti kinésithérapeute, ostéopathe et conférencier belge, nous donne quelques conseils.

Se libérer du sentiment d’abandon et des angoisses de séparation
est publié aux Editions Guy Trédaniel

Aux axes mécanique, structurel, viscéral et crânien de l’ostéopathie, Roger Fiammetti a ajouté l’axe émotionnel, déjà mis en évidence par l’ostéopathe américain John E.Upledger. Il a ainsi mis au point l’ostéopathie somato-émotionnelle.

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Pendant la vie intra-utérine et les dix mois qui suivent la naissance, la figure d’attachement (mère, père ou autre) procure à l’enfant l’affectif nécessaire à l’installation de sa 'base de sécurité émotionnelle'.

En cas de manquement à cette étape, les séparations, les pertes de lien, nous renvoient à cette carence mais peuvent être, par la même occasion, une possibilité de résilience et de réappropriation de notre confiance, de notre force et de notre liberté.

Le corps, ce système électrique

Le sentiment d’abandon, les angoisses de séparation se marquent dans le corps, a observé Roger Fiammetti au fil de ses 30 ans de pratique. Il y a une relation permanente entre le corps et les émotions. Nos comportements sont dirigés par le subconscient, qui est en réalité le stockage de nos émotions refoulées, conséquences de traumatismes et chocs émotionnels qui n’ont pas été exprimés.

Tout ce qui ne s’imprime pas s’exprime et tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime.

Il faut comparer le corps à une installation électrique, où il y a des tensions. Quand il y a trop de tension, les fusibles sautent. Dans le corps, c’est pareil. Pour Roger Fiammetti, ce sont les vertèbres qui sont ces indicateurs de surtension. Et la surtension dans le corps, c’est le stress.

Avant la naissance

Le stress commence déjà in utero, dans ces 9 mois de colocation avec la maman. La psycho-neuro-immunologie a prouvé que quand une femme enceinte vit une émotion, le bébé vit la même émotion et produit la même hormone. 

Dans certains cas, la gestation précédente s’est terminée par une fausse couche, et donc par un décès, une séparation douloureuse. Pour la gestation suivante, il est important d’avoir pu faire le deuil du bébé qui n’est pas venu.

Il faut éviter, pendant ces 9 mois, tout stress émotionnel chez la femme enceinte, et lui permettre de les vivre dans les meilleures conditions psycho-émotionnelles possibles. Il est important qu’elle soit consciente de l’influence de ses émotions sur le bébé : deuil, conflit, déménagement,…

Dans le cas d’une angoisse de mort chez la maman pendant la grossesse par exemple, le bébé va naître avec cette première inscription dans ses tissus, explique Roger Fiammetti. Cela déclenche dans son corps, tout à fait inconsciemment, cette angoisse de mort. Cela se marque au niveau de la première cervicale, qui est la vertèbre en relation avec le sentiment de mort imminente et de danger. Donc le bébé ne dort pas, il est toujours en hyperveille.

"En régularisant ce problème dans les tissus, le corps étant l’interface du subconscient, on libère son angoisse de mort et son hypervigilance, et le bébé peut enfin dormir normalement."

La période de l’attachement

On va aujourd’hui vers une prise de conscience de l’importance de la grossesse, de l’accouchement - souvent vécu comme un premier abandon par certains bébés - et surtout de la période de l’attachement, cette période des 10 premiers mois où le bébé est en interaction, en dépendance totale avec la maman ou avec les figures d’attachement telles que le papa, les grands-parents… Tous les intervenants, dans le monde de la petite enfance, sont importants.

"Parler à un bébé, cela lui permet de développer son cortex préfrontal, ne pas lui parler permet de ne pas trop le développer, mais lui parler mal, c’est créer une atrophie."

L’enfant de 0 à 6 ans, et déjà dans la vie intra utérine, fait un copier-coller de tout ce qu’il ressent, de tout ce qu’il voit. On doit donc être un exemple pour lui. Par ailleurs, ce qu’il copie, c’est ce que le parent a déjà copié-collé de ses parents, qui eux-mêmes ont tout copié-collé de leurs parents. On parle de transgénéalogie ou de transmission intergénérationnelle des comportements.

L’enfant capte tout, de façon subtile et puissante.

Les relations parents-ados

L’enfant qui entre dans l’adolescence vit une séparation avec le monde de l’adulte, parce qu’il se met en opposition. Son cortex préfrontal n’est pas encore complètement formé, il y a cette discordance, cette incohérence entre les parents et les enfants, parce qu’ils ne sont pas sur la même longueur d’onde.

Que faire si nos mots ont dépassé nos pensées ? On peut s’excuser. On peut, écrire, parler, essayer de voir les événements sous un angle différent, celui de la tempérance, de la relativisation. Il faut surtout écouter son enfant. L’enfant peut comprendre qu’un adulte puisse se tromper puis admettre ses erreurs. En parler, c’est déjà aller vers un pardon et une résilience et cela permet à l’enfant de retrouver de la confiance.

L’ostéopathie va faciliter l’écoute et la compréhension entre parents et ados, pour éviter la rupture.

"Moi, je suis à l’écoute des tissus, je ne fais que lire le corps du patient pour le mettre en face de lui-même et lui permettre de se rencontrer, précise Roger Fiammetti.  Et quand on peut déjà aller détecter si c’est la colère, l’injustice, la peur de ne pas être aimé, la peur de ne pas être parfait, la culpabilité, la sensation d’être en danger, la peur de ne pas être reconnu, si c’est ça qui se marque dans le corps, le corps est le guide à ce moment-là. Et c’est le guide par lequel l’individu a été impacté. Et c’est ça qui nous donne un beau chemin vers le patient et qui lui permet de mieux se comprendre."

"Nous portons tous cette blessure d’enfance"

La blessure du passé finit toujours par nous rattraper, souvent à l’occasion d’un petit événement banal qui va la faire ressortir.

Quand le corps sature, il finit par développer des maladies psychosomatiques, eczéma, psoriasis, arthrite, maladies auto-immunes. Il y a une raison d’être à ces maladies, le corps ne donne pas ces indications par hasard, il nous pousse à aller voir où est la blessure. Cette blessure que l’on met de côté parce qu’elle est trop dure à supporter. Mais à un moment donné, il faut la régler, souligne Roger Fiammetti. L’ostéopathie peut libérer les tissus de ses tensions.

Ecoutez ici les explications de Roger Fiammetti et les témoignages des auditeurs

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