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Ophélie Fontana : "Pour être épanouie dans ma vie de femme et de mère, j’ai besoin d’être épanouie professionnellement"

© MARTIN GODFROID

Horaires, organisation, médiatisation… À l’occasion de la fête des mères, Ophélie Fontana répond à nos questions sur la difficile équation entre vie de famille et vie professionnelle.

Si à une époque les femmes étaient cantonnées à leur foyer, la société a grandement évolué au cours des dernières décennies. Aujourd’hui les femmes travaillent, la charge parentale tend à mieux se répartir entre les parents et les pères s’impliquent davantage dans l’éducation de leurs enfants. Pour autant, certaines inégalités relatives à la maternité subsistent, et certaines institutions conservent un temps de retard vis-à-vis de ces transformations. Journaliste à la RTBF depuis de nombreuses années et maman d’une adolescente de 16 ans, Ophélie Fontana a accepté de répondre à nos questions sur le sujet.

La maternité : un frein pour la carrière ?

Ainsi, elle explique que la maternité n’a en aucune manière représenté un frein à sa vie professionnelle : "J’ai quitté mon emploi trois semaines avant d’accoucher, et je l’ai récupéré tel quel quand je suis revenue. Rien n’avait changé. On ne m’a pas considérée comme moins performante ou comme différente parce que j’étais mère. Mon employeur m’avait engagée comme journaliste avant tout, et ça, ça n’a pas changé".

Pour autant, elle est bien consciente qu’il n’en est pas ainsi dans toutes les organisations : "Je sais qu’il y a des entreprises où des femmes réfléchissent au moment où elles vont concevoir un enfant parce qu’elles savent que dans leur entreprise ça peut poser problème. Moi ça n’a pas été le cas et je trouve ça complètement scandaleux que de nos jours ça puisse être un frein" affirme-t-elle.

Un manque d’adaptation de la société ?

La société, en effet, présente encore certains déficits lorsqu’il s’agit de s’adapter aux besoins des mères, si bien qu’il apparaît parfois difficile pour celles-ci de concilier travail et vie de famille.

"Les choses évoluent, mais c’est vrai que beaucoup de choses doivent encore être faites", déplore à ce sujet Ophélie Fontana.

De fait, dès la naissance, les congés de maternité ne sont que de trois mois, ce qui, pour la journaliste, reste insuffisant : "beaucoup de mères combinent comme je l’ai fait en ajoutant des congés annuels ou des congés parentaux, parce que ce n’est pas toujours facile de quitter son bébé quand il n’a que trois mois" explique-t-elle.

Quant au congé de paternité, on constate une avancée, puisqu’il a récemment été rallongé en Belgique, néanmoins on peut se demander si celui-ci est suffisant pour assurer une égalité entre le père et la mère. "Avoir un congé de paternité plus long permettrait de faire en sorte qu’il y ait un meilleur équilibre dans les couples et que chacun puisse concilier plus facilement vie familiale et vie professionnelle" estime quant à elle Ophélie Fontana.

D’autres difficultés s’ajoutent ensuite, dès lors que l’enfant grandit et entame sa scolarité : "Les horaires de l’école ne sont plus du tout adaptés aux réalités de toutes les mères de famille qui travaillent. L’école finit entre 15h15 et 15h45 en moyenne. Qui a terminé le travail à cette heure-là ?" fait ainsi remarquer la journaliste.

Et de poursuivre, ensuite : "J’ai l’impression qu’on est toujours calqués sur des rythmes d’il y a cinquante ans, quand il y avait plus de femmes qui étaient mères au foyer. Mais les réalités sociétales ont changé, et je trouve qu’on n’en tient pas suffisamment compte".

L’organisation : la clé de l’équilibre

Interrogée à propos des éventuelles difficultés qu’il peut y avoir à mener de front une carrière de journaliste et une vie de maman, Ophélie Fontana répond : "Peu importe la branche dans laquelle on travaille, quand on a un enfant et qu’il faut gérer tout ce qui va avec, il faut s’adapter, il faut s’organiser. Il faut pouvoir compter sur sa famille et parfois, quand c’est possible, sur ses amis. Moi, ma fille est allée à crèche car je n’avais pas d’autre solution, mais je n’ai jamais ni voulu sacrifier ma vie de femme, ni ma vie de journaliste. J’ai donc fait des concessions dans les deux sens, mais pas plus dans l’un que dans l’autre".

Par ailleurs, elle confie n’avoir jamais songé à changer de métier ou de service pour se libérer des horaires, parfois contraignants ou atypiques, propres à son métier. "J’estime que pour être épanouie dans ma vie de femme et de mère, j’ai besoin d’être épanouie professionnellement. J’ai préféré trouver la bonne organisation, le bon équilibre, pour pouvoir concilier tout ça" développe-t-elle avant de poursuivre : "Je pense que ce n’est pas plus compliqué d’être une maman journaliste que d’être une maman infirmière ou que d’être une maman qui aurait une autre fonction. Chaque métier a ses contraintes, a aussi parfois des avantages, et je pense que si on arrive à s’organiser, c’est possible. (…) La clé, c’est l’organisation familiale et professionnelle, mais il faut trouver un équilibre et ce n’est pas forcément plus dur dans notre métier que dans d’autres. Il y a des métiers bien plus contraignants que celui de journaliste".

Une profession médiatique

Autre particularité du métier de journaliste et présentatrice : la médiatisation, qui peut parfois impacter la vie de famille.

Un impact qui, précise Ophélie Fontana, reste moindre, dans la mesure où il n’y a pas de presse people en Belgique. "Il n’y a donc pas d’intrusion dans la sphère privée" estime-t-elle. "Mais quand on est à l’extérieur et qu’on fait un métier public, qu’on soit journaliste, chanteur ou autre, il y a une forme de reconnaissance. Quand les gens viennent vers nous, c’est avant tout pour échanger par rapport à notre métier, et ça, ça fait partie des règles du jeu. Règles que j’ai toujours acceptées car je les connaissais dès le départ".

Sa fille, également, a dû apprendre à composer avec la notoriété de sa mère : "Moi c’est le métier que j’ai choisi, donc j’ai accepté de vivre avec ça, mais pour les enfants, c’est vrai qu’ils le subissent en conséquence. Ma fille, je ne l’ai jamais vraiment cachée car elle fait partie de ma vie. Je ne l’ai jamais non plus surexposée, mais c’est clair qu’elle a dû aussi apprendre à vivre avec ça".

Comme le souligne Ophélie Fontana, son métier de présentatrice peut effectivement "attirer l’attention" et "attiser la curiosité", néanmoins elle confie que sa fille le prend avec philosophie. "Elle est bien consciente que sa maman fait un métier public, mais un métier comme un autre. Elle sait ce que je fais car je lui ai toujours expliqué, et elle apprécie ce que je fais, mais pour elle c’est normal" développe-t-elle ensuite.

D’ailleurs, la fille d’Ophélie Fontana a à plusieurs reprises eu l’occasion de découvrir l’envers du décor du métier de sa maman, que ce soit en participant à des émissions ou en s’impliquant dans des activités de l’opération Viva For Life. "Je me souviens, il y a des années, on avait fait une émission pour les fêtes de fin d’année qui s’appelait "Noël inattendu". On était dans un chalet dans les Ardennes et elle est venue me dédicacer un poème", raconte pour finir la présentatrice.

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