Guerre en Ukraine

On vous explique en 3D le char allemand "Leopard 2" que les Ukrainiens ont obtenu : un vrai avantage pour remporter la guerre ?

Ukraine / L'impact des chars sur le champ de bataille

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Par Anthony Roberfroid avec Ambroise Carton et Damien Hendrichs

Les Ukrainiens les demandaient depuis des mois, l’Allemagne a finalement accepté. Mercredi, Berlin a autorisé l’envoi en Ukraine de chars Leopard 2, de quoi donner une impulsion à l’expédition de matériels occidentaux lourds en Ukraine.

Sur les près de 1000 chars de conception soviétique que possédait l’Ukraine lors de l’invasion du pays le 24 février 2022, il n’en reste qu’environ la moitié. Il était donc urgent pour les troupes ukrainiennes d’obtenir de nouveaux équipements lourds pour résister aux assauts russes, actuels et futurs.

Outre les 31 chars "M1-Abrams" américains et les 14 "Challenger 2" britanniques, ce sont principalement des chars allemands "Leopard 2" qui seront envoyés à Kiev. Pour l’instant, on estime entre 100 et 140 le nombre de chars Leopard 2 qui ont été promis à l’armée ukrainienne.

Considérés comme faisant partie des chars les plus modernes et performants du monde, les Leopard 2 devraient être livrés dans les prochaines semaines.

Mais quels sont les avantages et les faiblesses de ces chars ? Auront-ils un impact significatif sur le champ de bataille ? Focus sur ces engins qui viendront renforcer les troupes ukrainiennes d’ici quelques semaines.

Les chars Léopard 2

Construits à partir des années 1970, les chars allemands Leopard 2 combinent puissance de feu, mobilité et protection. Au total, 3500 exemplaires ont été produits, sortis des lignes de production du fabricant allemand Krauss-Maffei.

Dotée d’une flotte de 312 chars Leopard, l’Allemagne a décidé ce mardi d’envoyer 14 chars Leopard 2A6 à l’Ukraine.

Long de 11 mètres (canon compris), large de 3,7 mètres et haut de 3 mètres, ce char de combat pourrait représenter un tournant dans la défense du territoire ukrainien à l’aube d’une offensive russe qui se prépare pour la fin de l’hiver.

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Des avantages clairs face aux tanks russes

Avec le dégel des neiges dans les prochaines semaines, les chars Leopard auront un argument de choix : "Malgré leur soixantaines de tonnes, leur poids est réparti sur toute la surface de leurs chenilles. Ils auront dès lors une capacité tout terrain qui est bien supérieure à celle des véhicules à roues", détaille le Colonel Jean-Paul Baugnée, gestionnaire de matériel terrestre à la Défense.

Alors que les BTR soviétiques ou Stryker américains risqueront d’être bloqués dans la "raspoutitsa", les chars Leopard devraient réussir à se faufiler presque partout sur le champ de bataille, peu importent les conditions du terrain.

Les chars allemands étant relativement modernes, ils sont aussi extrêmement précis : "Avec un char Leopard, vous pouvez atteindre une cible à 3 km de distance du premier coup avec une quasi-certitude", indique le Colonel, qui précise qu’à cette distance, les chars russes doivent parfois s’y reprendre deux à trois fois.

Preuve de la qualité de la stabilisation de ses tirs, les militaires allemands ont démontré dans une vidéo qu’une chope de bière, placée au bout du canon, pouvait rester stable et ne pas se renverser, même à pleine vitesse sur une route endommagée.

 

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Leurs tirs de précision, les Leopard 2 les doivent à l’électronique embarquée qui a été modernisée au fil des années. "Le système électronique de tir tient compte de nombreux paramètres et outils : la distance est déterminée par un laser, la vitesse du vent est aussi analysée tout comme la température extérieure, la température de la poudre, … Tout est fait pour faire but du premier coup et ce, que ce soit en mouvement ou même de nuit ", explique Jean-Paul Baugnée. Du côté des chars russes, de conception plus ancienne, la précision est moindre.

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Au-delà de la grande précision des Leopard 2, leurs obus sont également plus performants en comparaison à ceux utilisés jusqu’à présent par Kiev : "Les chars modernes qui seront livrés, que ce soit les Abrams américains ou les Leopards allemands, sont équipés d’un canon de 120 mm qui est capable de tirer plusieurs types de munitions, notamment des munitions 'flèches'", précise le gestionnaire de matériel terrestre. "C’est une flèche composée d’un matériau très dur, qui est capable de transpercer des blindages très épais".

Autre atout majeur : le Leopard est présent un peu partout sur le continent européen, de quoi faciliter l’accès aux munitions et pièces de rechange. La maintenance, exigeante pour ce type de matériel, sera également facilitée grâce à l’expertise des membres de l’OTAN.

Dernier point que le militaire met en avant, la qualité du blindage des chars : "Il y a des blindages composites, réactifs avec plusieurs couches de matériaux céramiques très durs. De ce fait, la protection du personnel est vraiment optimale par rapport à d’autres véhicules d’infanterie", de quoi protéger les quatre occupants à la manœuvre.

Mais le blindage n’est pas uniforme. Le char, pour ne pas devenir trop lourd, est mieux protégé à l’avant que sur les côtés et l’arrière.

Des inconvénients à prendre en compte

Sur le papier, les chars Leopard semblent donc apporter de nombreux avantages pour la force de frappe ukrainienne. Mais ils ont aussi des points faibles, qui sont dus à l’avancée des technologies de guerre : "Ils sont vulnérables aux munitions perforantes de plus en plus performantes des chars ennemis. Ils sont aussi exposés aux drones ou aux missiles 'rôdeurs' antichars qui peuvent contourner et attaquer par le haut ou les côtés. C’est là que le blindage est plus faible", explique Jean-Paul Baugnée.

Le maniement des tanks et la formation des équipes sur le terrain pèseront aussi dans la balance. "Former un équipage de char ne se fait pas du jour au lendemain. Du point de vue technique, il va falloir apprendre à contrôler les engins en équipe. Ensuite, d’un point de vue tactique, il va falloir former les soldats aux techniques de combat… 'comment employer le char sur le terrain ? Où se placer pour ne pas être trop vulnérable, tout en gardant la possibilité de neutraliser des cibles ennemies ?', voilà les questions auxquelles ils devront réfléchir", note le militaire.

 

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Un réel changement dans les semaines à venir ?

La livraison, le temps de formation mais aussi les conditions sur le terrain seront déterminants dans les prochaines semaines du conflit. Plus vite les chars seront livrés, plus vite les soldats ukrainiens pourront se former à leurs usages et plus vite ces chars pourront être déployés sur le terrain.

Pour Samuel Longuet, chargé de recherche au GRIP, le Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la sécurité, l’avantage opérationnel sera apporté aux forces ukrainiennes, "mais reste à savoir à quel moment et dans quelle mesure ?", se questionne-t-il.

"Les Américains ont d’ores et déjà dit que pour les chars Abrams, il allait falloir attendre plusieurs mois", note l’expert. "Et au niveau des chars Leopard allemands, il est prévu qu’ils soient livrés au début du printemps. Donc là, il va encore falloir attendre quelques mois pour que les Ukrainiens prennent en main le nouveau matériel".

Selon lui, une fois les livraisons effectuées, la maîtrise du matériel peut aller très vite : "Les formations prennent environ un mois et demi. On a vu que les Ukrainiens étaient capables, sur d’autres systèmes d’armes que l’Occident a déjà livrés, d’apprendre plus vite que ce que la formation normale prévoit. Mais il faudra quand même compter plusieurs semaines avant qu’ils ne puissent être opérationnels et être prêts à rejoindre la ligne de front".

La rapidité des livraisons et du déploiement sur le terrain déterminera donc les avancées dans les prochaines semaines, alors que la Russie pourrait prévoir une nouvelle offensive à la sortie de l’hiver.

D’après le GRIP, les chars promis par les pays occidentaux pourraient permettre de consolider la ligne de front actuelle face aux attaques russes, mais aussi accorder à l’Ukraine assez de puissance pour reconquérir les territoires occupés par les troupes de Vladimir Poutine.

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