La Grande Forme

On ment bien plus qu’on ne le croit et ce n’est pas plus mal !

© Getty images

Par Sophie Businaro via

On ment bien plus qu’on ne le croit, et ce n’est pas plus mal ; mensonge par omission, mensonge pour préserver les relations sont normales et souhaitables. Mais attention quand même ; il y a des limites à ce qui est acceptable. Voyons tout cela avec le Dr Caroline, psychiatre référent de l’émission "La Grande Forme".

On ment bien plus qu’on ne le croit, et ce n’est pas plus mal nous explique le Dr Caroline, psychiatre.

Différentes raisons qu’on a de mentir

Le Dr Caroline voit 6 grandes raisons de le faire :

  • L’instinct grégaire (l’instinct de groupe)

Il s’agit de mentir pour être inclus dans le groupe, ne pas être le seul à ne pas avoir vu ce film ou lu ce livre. Être inclus dans le groupe est un instinct de survie primaire, l’homme des cavernes, s’il était exclu de la bande et renvoyé dans la savane, avait peu de chances de survie.

  • Par instinct de protection

Mentir pour ne pas faire du mal à quelqu’un. Il existe cet adage : "Il n’y a que la vérité qui blesse". On veut parfois préserver l’autre ou son amitié et donc on lui dit que “oui oui” sa coupe de cheveux est super même si on pense que ce n’est pas très réussi, qui est-on pour juger ? De toute façon les goûts et les couleurs…

  • La lâcheté

Mentir par lâcheté parce que c’est parfois plus facile d’inventer un bobard que d’affronter la vérité. Par exemple, lors d’une séparation : “Je ne suis pas prêt à m’engager” alors qu’on a rencontré quelqu’un d’autre mais qu’on n’ose pas le dire, ou quand on ne veut pas aller à un dîner où on est invité : “J’ai mes beaux-parents à la maison” alors qu’en fait on est juste trop fatigué.

  • Le narcissisme

Il s’agit là de mentir pour garder la face. Parfois dire la vérité est un aveu de fragilité et on n’a pas toujours envie de dévoiler cette part là de nous à ce moment-là. Par exemple mentir sur les raisons pour lesquelles on a quitté son job : “Je ne me reconnaissais pas dans les valeurs de la boîte” alors qu’en fait on a été licencié.

  • Mentir par intérêt

On veut obtenir quelque chose et la façon la plus sûre de l’avoir c’est de raconter un bobard. Par exemple, "J’ai absolument besoin de 200 euros parce que j’ai un retard de paiement de la facture d’énergie et que si je ne paie pas l’électricité sera coupée”. Alors qu’en fait vous avez une dette de jeu.

  • Le mensonge par omission

Cela signifie ne pas signaler quelque chose qui pourrait pourtant être intéressant, le faire sciemment, par exemple en noyant le poisson. Un bon exemple : les homosexuels dans le monde du travail, certains ne mentent pas sur ce sujet mais font juste très attention à ce qu’ils disent pour ne pas se révéler et faire leur coming out involontairement parce qu’ils craignent l’homophobie ambiante.

Est-ce vraiment une mauvaise chose en toutes circonstances ?

C’est parfois très nécessaire. Le mensonge dans une certaine mesure est un outil de pacification sociale.

Vous imaginez un monde où tout le monde dit la vérité tout le temps ? Ce serait invivable et très violent en fait. Du coup, on apprend à mentir très tôt. Une étude montre qu’à l’âge de 2 ans, 30% des enfants ont déjà menti et qu’à 4 ans, ce pourcentage augmente à 80%.

On parle de petits mensonges, du style "tu as mangé toute ton assiette ce midi ? Oui oui !" ou encore "Tu es fatigué ? Non non !"

Mais cela se poursuit tout au long de sa vie… Une étude a été menée sur 240 personnes qui se rencontraient pour la première fois. 60% ont menti entre 2 et 3 fois en l’espace de 10 minutes de conversation.

Tous les mensonges se valent-ils?

C’est donc tout à fait ok et normal de mentir dans la vie. Mais on peut quand même distinguer des mensonges anodins à but de pacification sociale ou pour des enjeux minimes des mensonges plus importants qui relèvent véritablement de la tromperie. Ces derniers évidemment, sont malsains et ne sont pas souhaitables.

À ce propos, il y a deux pathologies plus graves qui mettent en jeu le mensonge :

  • La mythomanie

Le personnel sait qu’elle ment mais elle ne peut pas s’en empêcher. Elle embellit la situation, masque les échecs, invente des histoires. Cela peut aller très loin et enfoncer la personne dans une spirale de mensonge dans laquelle elle ne sait plus distinguer le vrai du faux. Il y a un film tiré d’une histoire réelle qui en parle très bien. L’adversaire avec Daniel Auteuil , où le personnage principal a fini par tuer femme, enfants et parents.

  • Le délire dans la cadre d’une psychose

La personne dans ce cas ne ment pas mais raconte n’importe quoi, parce qu’elle est persuadée de ce qu’elle dit : qu’elle est poursuivie par la CIA ou qu’elle a été enlevée par les extraterrestre. Cela peut donner l’impression d’un mensonge mais ça n’en est pas un, c’est l’expression de la réalité vécue par la personne délirante.

Peut-on déceler quand quelqu’un ment ?

Le détecteur de mensonge détecte en fait la nervosité (palpitations , tension artérielle, transpiration , etc.) mais pas le mensonge en soi.

Certains signes faciaux peuvent vous orienter ; la respiration change (plus rapide), la personne ne bouge plus (elle se contrôle), la personne vous noie sous plein d’informations, elle met la main devant sa bouche (ne veut pas tout dire), elle se protège les parties vulnérables des mains (cou, gorge), l’élocution peut devenir bafouillante, on pourrait croire que le regard est fuyant, mais justement les personnes qui mentent vont vouloir surcompenser cela et vous regarder droit dans les yeux et sans cligner de des yeux.

Attention : ne nous y trompons pas, on ne peut pas remarquer tout mensonge et tous ces signes peuvent aussi être faits par des gens qui ne mentent pas! Un détecteur infaillible n’existe pas, conclut le Dr Caroline.

Retrouvez "La Grande Forme" en direct du lundi au vendredi de 13h à 14h30 sur VivaCité. Vous avez manqué l’émission ? Nous vous invitons à la revoir sur Auvio ainsi que sur différentes plateformes de Podcast.

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