Belgique

Olivier Vandecasteele détenu en Iran portait un costume : "On espère qu’il n’y aura pas de mise en scène de nature à rendre plus compliquée la situation"

Iran : Olivier Vandecasteele a pu passer un appel vidéo à sa famille (Matin Première, 30/01/23)

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40 ans de prison et 74 coups de fouet. Olivier Vandecasteele a lui-même confirmé à sa famille la sentence que les autorités iraniennes lui ont infligée, lors d’un appel vidéo d’une quinzaine de minutes, le 20 janvier.

Le quatrième appel seulement, en près d’un an. L’humanitaire belge est détenu à Téhéran depuis le 24 février dans des conditions extrêmement dures. A chaque fois, sa famille a été prévenue dans l’heure qu’elle allait recevoir un appel. "Un numéro privé s’affiche sur l’écran de téléphone", explique Olivier Van Steirtegem, porte-parole de la famille. "Il apparaît seul, mais on devine qu’il est entouré de plusieurs personnes".

"Cette fois, Olivier est apparu encore plus affaibli", décrit encore son ami proche. "Apprendre le poids de cette sentence a un impact psychologique. Il en a peur, évidemment".

Impact psychologique, en plus d’une dégradation physique. Détenu à l’isolement complet dans le froid, Olivier Vandecasteele souffre de graves problèmes de santé. Lors d’une précédente discussion le 9 octobre, il était apparu déjà très amaigri. La photo rendue publique, circule largement depuis.

"Olivier a passé les 16 derniers jours de détention sans voir aucun visageLes plats qui lui étaient fournis passaient par une fente située dans le bas de la porte du cachot. Et alors qu’il souffre de problèmes gastriques et dentaires, il n’a reçu aucun nouveau soin médical".

Un costume qui interpelle

Olivier Vandecasteele portait cette fois-ci un costume. Cela interpelle son entourage. "On ignore ce que cela signifie", réagit Olivier Van Steirtegem. "Ce n’est pas un vêtement chaud, mais ça rend la personne plus digne". L’humanitaire belge réclamait depuis décembre des vêtements plus chauds.

Ce costume suscite l’inquiétude d’une possible mise en scène d’Olivier Vandecasteele, par les autorités iraniennes. "En décembre dernier, Olivier nous avait expliqué qu’il avait dû rejouer son procès", explique encore le porte-parole de la famille, "mais cette fois-ci avec ses mains et ses pieds entravés par des chaînes. Tout cela avait été filmé par plusieurs caméramans ".

L’échange vidéo s’est déroulé en présence de gardiens, de l’ambassadeur belge en Iran qui a été prévenu – lui aussi — une heure avant, et d’un caméraman. "On espère qu’il n’y aura pas de mise en scène de nature à rendre plus compliquée la situation pour lui, sa famille et ses proches", termine l’ami de la famille, avant d’ajouter : "On sent le désespoir profond d’Olivier. C’est comme s’il avait baissé les bras concernant sa demande de libération. Il insiste surtout sur le froid et l’isolement dont il souffre".

Olivier Vandecasteele a été condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet après un simulacre de procès, sans accès à des avocats de son choix.

Olivier Van Steirtegem, porte-parole de la famille et ami proche d’Olivier Vandecasteele
Olivier Van Steirtegem, porte-parole de la famille et ami proche d’Olivier Vandecasteele © Tous droits réservés

En attente d’une décision de la Cour constitutionnelle

Cet appel sous l’œil des caméras du régime iranien est probablement une manière pour Téhéran d’accentuer la pression sur la Belgique pour libérer Assadollah Assadi, un Iranien condamné en Belgique à 20 ans de prison pour un projet d’attentat terroriste contre l’opposition iranienne.

Pour le moment, le gouvernement belge, la famille d’Olivier Vandecasteele et le comité de soutien attendent une décision de la cour Constitutionnelle. Celle-ci doit se prononcer définitivement, au plus tard le 5 mars, sur le caractère légal ou illégal de la loi validant le traité sur le transfèrement de détenus. Cette loi a été votée à la chambre en juillet, puis suspendue par la cour Constitutionnelle le 8 décembre.

Pour tenter de libérer Olivier Vandecasteele, le gouvernement belge a proposé une solution juridique. La Belgique a négocié avec l’Iran un traité de transfèrement qui permettrait d’échanger sur base légale des prisonniers entre les deux pays. Théoriquement, échanger Olivier Vandecasteele contre Assadollah Assadi. L’opposition iranienne s’y est opposée en introduisant plusieurs recours en justice.

L’ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme, Françoise Tulkens a fait remarquer sur La Première, que la situation n’était plus la même aujourd’hui : "Au moment de la décision de suspension (de la loi validant le traité, ndlr) en décembre, Olivier Vandecasteele était encore 'simplement' arrêté et détenu. Il a été condamné juste après la décision de la Cour constitutionnelle, et sa situation est devenue tout à fait différente".

La prochaine audience devant la cour Constitutionnelle est prévue le 15 février. La décision devrait tomber dans la foulée.

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