Chez U2, deux choses ont parfois pu exaspérer jusque dans les rangs des fans pourtant prêts à pardonner beaucoup à la bande à Bono : la foi aussi gigantesque que parfois dérangeante du chanteur du groupe et sa passion pour l’exploration de tous les genres musicaux, même les plus inattendus. Et dans October, il y a les deux !
A travers October, qui célèbre ses 40 ans cette année et qui s’est le moins bien vendu de tous les disques du groupe irlandais, on retrouve le mélange des genres que Bono a toujours adoré. Parfois déroutant…
Bono a toujours aimé tout mélanger ! C'est quand même le chanteur du groupe qui signera un imparable album de rock pour stades – The Joshua Tree, suivi d’un disque où il s’associe parfois avec B.B. King – Rattle and Hum, le tout avant un album génial mais totalement expérimental où il prendra tout le monde à contre-pied : Achtung Baby.
Dans October (flop relatif puisqu'il s'en est quand même écoulé 2,4 millions d’exemplaires, contre 2,8 millions pour son prédécesseur Boy), Bono et ses acolytes font déjà un peu de tout, et là carrément au sein du même disque. Cohabitent donc pêle-mêle un slow inattendu (la plage titulaire), une tentative d’influences reggae ("Fire"), du rock plus dur ("I Threw a Brick Through a Window") et l’un ou l’autre titre qui sentent un peu le remplissage ("Tomorrow" et sa cornemuse). Le tout chapeauté par deux titres qui révèlent un Bono au-delà du mystique ("Gloria" et "With a Shout – Jerusalem").
Rajoutez à tout ceci une production parfois brouillonne signée Steve Lillywhite et vous comprendrez pourquoi ce disque a dérouté à sa sortie. En fait, il sonnait plus comme une compilation que comme un tout cohérent.
Mais il faut préciser que le groupe a des circonstances - on dira - atténuantes : au moment d’entrer en studio, trois de ses quatre membres se demandent si leur catholicisme est compatible avec leur statut de rock stars en devenir tandis que le quatrième larron (Adam Clayton) craint de se faire virer car il ne serait pas… assez catholique.
De plus, dans le backstage d’un concert à Portland, Bono se fait dérober sa mallette contenant, entre autres, tous les textes qu’il comptait chanter sur October.
Poisse à tous les étages !
Elle sera retrouvée en 2004. Ce que Bono qualifiera d’acte de grâce. On ne se refait pas…