Cyclisme

"Ô Belgique, ô mère chérie…" : l’ex-Française Norbert-Riberolle veut devenir championne de… Belgique de cyclo-cross

Son maillot de championne du monde espoirs prend de la place dans son salon mais Marion Norbert-Riberolle est prête à y accueillir sans souci un maillot de championne de Belgique !

© Samuël Grulois / RTBF

Angèle, Stromae, Benoît Poelvoorde, Philippe Geluck, Alex Vizorek… Dans le p’tit monde du showbiz français, les Belges ont la cote ces dernières années. Nos voisins d’outre-Quiévrain apprécient notre simplicité, notre humour, notre sens aigu de l’autodérision. Une sorte de fascination qui en pousse même certains à déménager chez nous (parfois pour raisons fiscales, c’est vrai, mais pas toujours) ! Eh bien, dans le p’tit monde du cyclo-cross, c’est un peu la même chose. Le Belge est à la mode en France (et sur toute la planète vélo d’ailleurs). Au point de voir certain(e)s coureurs(euses) étranger(e)s venir vivre chez nous et parfois… changer de nationalité.

Marion Norbert-Riberolle est née le 7 janvier 1999 à Troyes, dans le département de l’Aube, en France donc. Jamais jusqu’à ses 18 ans, la demoiselle n’avait imaginé renier un jour sa citoyenneté française. Mais ça, c’était avant. Avant de découvrir le cyclo-cross. Un flash, une révélation, un appel incontrôlable… " J’ai commencé le cross après avoir vu à la télévision la Belge Sanne Cant devenir championne du monde 2017 au Grand-Duché du Luxembourg. Je voulais tout faire comme elle, devenir comme elle ! Sauf qu’en France, il n’y a aucune culture du cyclo-cross. "

C’est pourtant sur ses terres que la jeune Marion, qui avait déjà goûté, ado, aux compétitions de BMX (ndlr : elle a terminé 6e des Mondiaux 2013 chez les jeunes), se lance dans les labourés. Avec succès puisqu’elle devient, en 2020, championne du monde espoirs et championne de France élites. Pour continuer de progresser, elle passe beaucoup de temps en Belgique où elle peut se frotter toutes les semaines à une solide concurrence introuvable dans l’Hexagone. Et puis, il y a ce public enthousiaste et connaisseur. " Contrairement à la France, le cyclo-cross est une institution en Belgique ", reconnaît-elle sans mal.

Le noir-jaune-rouge après le bleu-blanc-rouge

Bref, entre Norbert-Riberolle et notre pays, ce fut très rapidement… le coup de foudre ! Déménagement dans un premier temps. Et changement de nationalité dans la foulée. Le 22 février 2021, sa naturalisation est publiée au Moniteur belge. Ce samedi à Lokeren (départ 15h15, en direct sur Tipik), trois ans après avoir enfilé le maillot bleu-blanc-rouge, elle pourrait ceindre pour la première fois ce maillot noir-jaune-rouge dont elle a tant rêvé.

C’est à Mouscron, dans la petite maison qu’elle occupe à proximité du parc communal, que nous avons rencontré celle qui défend désormais les intérêts de l’équipe Crelan-Fristads dans les cross et ceux de la structure Fenix-Deceuninck Development (dirigée par les frères Christophe et Philip Roodhooft) sur route. Une fois dans le salon, vous ne voyez plus que lui, encadré et accroché au mur : le beau maillot arc-en-ciel gagné chez les espoirs. " Le cadre prend de la place mais pas de souci, il y a encore moyen d’ajouter un maillot de championne de Belgique ! ".

Quiz belgitude avec Marion Norbert-Riberolle

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Marion, quand vous parlez du cyclo-cross en Belgique, vous avez à chaque fois des étoiles dans les yeux !

" Oui, parce que c’est la Mecque de la discipline ! Quand je suis arrivée ici avec ma mentalité française, il a fallu m’adapter. Nous n’avons pas la même approche des cross, nous n’avons pas le même encadrement non plus. Les coureuses belges ont toutes forcément dans leur famille un frère, une sœur, un cousin, une cousine, un oncle qui est dans le monde du vélo et qui vient les aider les week-ends sur les courses ! En Belgique, le cyclo-cross n’est peut-être pas aussi populaire que le foot mais il n’en est pas loin avec des millions de téléspectateurs devant leur écran et des milliers de spectateurs autour des circuits. C’est grandiose ! "

Vous pouvez donc réaliser une performance très rare voire inédite (Marion est tombée le week-end dernier à Gullegem et souffre un peu des côtes) : devenir championne de Belgique après avoir été championne de France !

" C’est un cas assez rare en effet et ça me donne une motivation supplémentaire pour gagner ce samedi. "

À Lokeren, votre plus grande rivale sera donc votre idole et désormais équipière chez Crelan-Fristads, Sanne Cant…

" Ah oui, c’est assez particulier. Si on m’avait dit un jour que je serais belge, engagée dans la même équipe que Sanne Cant, logée dans la même chambre qu’elle à l’hôtel lors des sélections nationales, je ne l’aurais jamais cru ! On s’entraîne souvent à deux, on fait les reconnaissances ensemble, on rigole bien pendant les stages mais sur les courses, on peut se faire la guerre ! Sanne a 32 ans alors que j’en ai eu 24 samedi dernier. Il y a donc un petit écart d’âge entre nous et je suis impressionnée par son palmarès, trois fois championne du monde, trois fois championne d’Europe, treize fois championne de Belgique (ndlr : Cant a gagné tous les championnats nationaux élites sans interruption depuis 2010)… Mais il faut penser à la relève et c’est mon objectif. Les sportifs ne sont pas éternels. C’est un peu chacun son tour. Et donc, je veux devenir la numéro 1 belge, oui ! "

C’est vrai que certaines coureuses néerlandophones ont fait comprendre que ma naturalisation les chagrinait… mais l’accueil des spectateurs a été très positif.

Quel a été le regard des coureuses et des spectateurs belges et plus particulièrement néerlandophones – puisque le centre névralgique du cyclo-cross se situe au nord du pays — lors de l’annonce de votre naturalisation ?

" Honnêtement, l’accueil fut très positif. Les gens ont été super sympas. J’ai d’ailleurs beaucoup de supporters flamands dans mon fan-club (ndlr : créé par l’ancien organisateur du Cyclo-cross de Dottignies Marc Duquesnoy et dans lequel on retrouve aussi l’ex-patron du Tour de Wallonie Yves Vanassche). Mais c’est vrai que certaines coureuses néerlandophones ont fait comprendre que ma naturalisation les chagrinait… "

Parce que vous prenez une de " leurs " places en équipe nationale ?

" Oui, c’est sûr… Mais bon, même si le niveau féminin est élevé en Belgique, la concurrence est moins importante qu’aux Pays-Bas où il est très compliqué de décrocher une sélection. Je préfère retenir l’attitude des supporters qui m’ont beaucoup soutenue. De nombreux spectateurs néerlandophones m’encouragent lors des courses. Et pourtant, j’avais quelques craintes. Finalement, ceux qui ont le moins bien accepté mon changement de nationalité, ce sont les… Français ! "

Spreek je een beetje vlaams ?

" Ja, een beetje ! Ik probeer het. " (Elle éclate de rire)

Cassoulet ou steak frites ?

Je connais la Brabançonne par cœur ! Ô Belgique, ô mère chérie, à toi nos cœurs, à toi nos bras… Un sportif qui ne chante pas son hymne national, c’est moche ! Il y a plein de footeux qui mettent la main sur le cœur mais qui ne chantent pas…

Je vous propose une petite interro pour tester votre " belgitude " (à écouter dans le média ci-joint). Première question : vin ou bière ?

" Bière ! "

Bernard Hinault ou Eddy Merckx ?

" Merckx a beaucoup plus marqué l’histoire. D’ailleurs, j’entends plus souvent parler de lui que d’Hinault. Donc Merckx.

Attention, sujet sensible : Kylian Mbappé ou Romelu Lukaku ?

" D’abord, je déteste le foot ! Mais s’il faut vraiment choisir, je dirais Mbappé. C’est quand même un beau joueur. Ce qu’il a fait pendant la finale du Mondial était magnifique. "

Cassoulet ou steak frites ?

" Steak frites, sans aucune hésitation ! "

République ou monarchie ?

(Elle hésite un peu) "… Monarchie. "

Et enfin, Marseillaise ou Brabançonne ?

" La Brabançonne, ça c’est sûr ! "

Et si vous gagnez le championnat de Belgique, serez-vous capable de la chanter sur le podium ?

" Oui, je la connais par cœur ! Ô Belgique, ô mère chérie, à toi nos cœurs, à toi nos bras… Un sportif qui ne chante pas son hymne national, c’est moche ! Il y a plein de footeux qui mettent la main sur le cœur mais qui ne chantent pas… Pour moi, c’est la base de connaître son hymne. "

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