Nuremberg: le procès de l'horreur

Nuremberg: le procès de l'horreur

© STRINGER - AFP

Le 20 novembre 1945 débute le procès des dignitaires de l’Allemagne nazie. Sur le banc des accusés, 21 hommes poursuivis notamment pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Pour la première fois de l’Histoire, des crimes de guerre, des crimes contre la paix et des crimes contre l’humanité sont jugés devant une Cour internationale.

Ironie du sort,  ce procès se tient à Nuremberg, ville symbole du nazisme, là même où se tenaient les Congrès pompeux et grandiloquents du N.S.D.A.P (Parti National-Socialiste des travailleurs allemands) filmés par Lennie Riefenstahl, la cinéaste de la propagande du IIIème Reich.

Dans cette ville dévastée par les bombardements alliés, le Palais de Justice est resté étonnamment intact, comme s’il avait été préservé afin d’accueillir les débats de ce procès sans égal dans l’histoire judiciaire.

Devant ces prévenus qui incarnent la barbarie, la brutalité et la cruauté du IIIème Reich, siège un Tribunal militaire international formé par 4 magistrats et leur suppléant qui représentent chacun les vainqueurs de la seconde guerre mondiale : la Grande Bretagne, l’URSS, les Etats-Unis et la France.

 

Nuremberg: le procès de l'horreur
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Sur le banc des accusés

Nuremberg: le procès de l'horreur

21 prévenus, parmi eux, Albert Speer, l’architecte du Reich, Ministre de l’Armement et très proche d’Adolf Hitler, au même titre que Hermann Goering, Rudolf Hess, Joachim Von Ribbentrop, Wilhelm Keitel, Ernst Kaltenbrunner ou encore Karl Dönitz pour ne citer que ceux-là. 

Avant leur comparution à Nuremberg, les hauts responsables nazis sont retenus prisonniers pendant l’été 1945 dans un hôtel de Mondorf les bains, au Grand Duché de Luxembourg. Ils ignorent tout du sort que les Alliés leur réservent. Les journalistes affluent à Mondorf. Goering, plus cabot que jamais, avec son bâton de maréchal en main se fait un plaisir d’organiser une conférence de presse. Albert Speer témoigne à propos de cette période qui a précédé le procès, à Mondorf.

Ils sont poursuivis pour crimes de guerre, avec violations du droit de la guerre et des conventions de La Haye et de Genève. Ils sont accusés ensuite de crime contre l’humanité, et en premier lieu de génocide. Enfin, ils sont poursuivis pour complot contre la paix et participation à des guerres d’agression.

Chaque accusé reçoit le texte de l’acte d’accusation afin de préparer au mieux sa défense.

 

20 novembre 1945 : début officiel du procès de Nuremberg

Nuremberg: le procès de l'horreur

Le procès débute devant une salle comble. On compte pas moins de 200 journalistes, venus du monde entier.

Il est 10h 00 du matin lorsque la Cour fait son entrée dans la salle n°600 du Palais de Justice de Nuremberg : 4 juges et leur suppléant.

Chaque juge représente une des puissances qui a gagné la guerre, à savoir la Grande Bretagne, l’URSS, les Etats-Unis et la France.

Le procès est filmé. Les projecteurs installés dans la salle dégagent une chaleur étouffante. Mais il est impossible d’ouvrir les fenêtres : elles ont été condamnées et obstruées pour des raisons de sécurité.

Tous les observateurs et acteurs du procès ont devant eux les 21 hommes, assis sur leur banquette en bois, qui vont devoir répondre des pires crimes perpétrés au nom de l’Allemagne nazie.

Pendant 5 heures, les accusés écoutent les charges qui sont retenues contre eux. Ils les connaissent déjà puisqu’ils ont chacun reçu avant le procès une copie de l’acte d’accusation. Interrogés ensuite par le président du tribunal, tous les accusés se déclare non-coupable des faits qui leurs sont reprochés.

 

Des preuves effroyables, des témoignages glaçants, l'horreur à peine audible...

Nuremberg: le procès de l'horreur

Le 29 novembre 1945, un événement majeur va secouer les accusés…

Les Américains décident de projeter un film composé de différentes séquences tournées dans les camps de la mort.

Les images sont effroyables. Dans la salle, l’atmosphère est pesante. Tout le monde guette les réactions des accusés.

Dans les témoignages de la journaliste Madeleine Jacob et de l’écrivain Joseph Kessel qui couvraie,t le procès pour le Journal France Soir, on entend une courte réaction d’Albert Speer qui a vu ces images depuis le banc des accusés.

Marie Claude Vaillant-Couturier a échappé à la mort qui lui était pourtant promise à Auschwitz Birkenau. Citée par l’accusation, elle témoigne à Nuremberg de l’horreur vécue au jour le jour dans le camp d’extermination.

La journaliste Madeleine Jacob apporte quelques précisions à propos de ce témoignage. Elle est suivie de Marie-Claude Vaillant Couturier elle-même interviewée par Roger Clermont en 1986.

Le verdict, après 10 mois de débats

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Les accusés sont amenés, l’un après l’autre, dans la salle d’audience pour s’entendre signifier la sentence. 12 d’entre eux sont condamnés à mort, parmi lesquels Von Ribbentrop, Franck, Keitel, Rosenberg ; Kaltenbrunner et Hermann Goering. Contrairement aux autres, Goering échappe en quelque sorte à sa condamnation car il se suicide dans sa cellule, la nuit qui précède son exécution. Une complicité extérieure lui a fourni du poison, ce qui lui permet ainsi d’échapper à la honte de la pendaison.

3 accusés sont acquittés : Fritzsche, Von Papen et Schacht

Les autres héritent d’une peine de prison, qui va de dix ans pour Dönitz à la perpétuité pour Rudolf Hess. Albert Speer est condamné lui, à 20 ans de détention

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