Le nucléaire serait donc notre garde-fou face à la volatilité des prix du gaz et aux aléas de mère nature. Mais à terme, il y a peut-être une solution, selon Adel El Gamal :
"Lorsqu’on aura plus d’énergie renouvelable et de différents types d’énergies renouvelables, on pourra, d’une façon statistique, compenser ces trous de production. C’est-à-dire que dans un réseau fortement interconnecté au niveau européen, certaines régions pourront produire en surplus quand certaines régions seront en déficit. Donc on aura déjà un équilibre au niveau géographique."
L’Allemagne a dû dépenser plusieurs dizaines de milliards d’euros à refaire complètement son réseau de distribution.
À l’avenir, un réseau d’éoliennes offshore couvrira la mer du Nord. Lorsqu’il n’y aura pas de vent en Belgique, il y en aura ailleurs ! Encore faut-il acheminer cette énergie là où nous en avons besoin. Philippe Charlez est un expert en questions énergétiques à l’Institut Sapiens, et il illustre ce propos par un exemple bien concret :
"Vous êtes obligé de tirer des lignes des régions très localisées où vous avez beaucoup de vent ou beaucoup de soleil vers les régions où vous avez besoin de l’électricité. Ce ne sont pas nécessairement les mêmes. En Allemagne, vous avez beaucoup d’électricité éolienne parce que beaucoup de vent le long de la Baltique, alors que les besoins essentiels de l’industrie, c’est dans la Ruhr, et le reste en Bavière. L’Allemagne a dû dépenser plusieurs dizaines de milliards d’euros à refaire complètement son réseau de distribution."
Il faut développer l’infrastructure.
Cet expert en est donc persuadé, le renouvelable, pour être efficace, devrait être consommé localement. Mais cela suppose aussi une transformation de nos lignes de transports électriques. Auparavant centralisées, les énergies produites à l’avenir seront complètement décentralisées. Elia, la société de responsable du réseau de transport électrique, nous explique que ces énergies viendront de la mer du Nord ou de nos panneaux photovoltaïques. Frédérique Dunom, CEO Elia Belgique :
"Aujourd’hui avec le réseau actuel, on n’est pas capable de les accueillir" dit-il en évoquant les productions d’énergie renouvelables, "donc il faut développer l’infrastructure. L’île artificielle en mer du Nord, Princesse Élisabeth, le projet Ventilus en Flandre occidentale et le projet Boucle du Hainaut dans le Hainaut. Il faudra davantage développer les réseaux dans les rues de tout un chacun, mais aussi vers les réseaux de transport pour davantage transformer l’énergie produite localement."