Energie

Nucléaire, stop ou encore ? Déchets, avenir… On fait le point sur l’énergie nucléaire en Belgique

Le monde comme il va

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La question de l’énergie nucléaire est plus que jamais au cœur de toutes les discussions en Belgique. Les préoccupations qu’elle soulève sont multiples, telles que l’écologie, l’économie, la sécurité… Elle s’invite régulièrement à la table des négociations politiques mais aussi à celle des citoyens, un peu perdus entre des affirmations parfois contradictoires.

L’actualité se penche d’ailleurs à nouveau cette semaine sur le sujet, avec la fermeture annoncée du réacteur de Tihange 2 ce 1er février.

Pour y voir un peu plus clair sur les enjeux du nucléaire chez nous, Lucie Dendooven nous propose de faire le point sur le passé, le présent et l’avenir de cette source d’énergie en Belgique, en brossant tous les aspects épineux soulevés par les nombreuses interrogations liées à cette technologie.

Certaines archives referont ici également surface, dont certaines sont toujours d’une troublante actualité. Des séquences diffusées dans le cadre de feue l’émission Questions à la Une.

Une série de quatre podcasts diffusés sur La Première dans la séquence "Le monde comme il va", à retrouver sur Auvio ou encore en lisant cet article, qui récapitule l’ensemble de ces épisodes.

1. Peut-on se passer du nucléaire ?
Nucléaire, non peut-être ?

1. Peut-on se passer du nucléaire ?

Une solution miracle

À la fin des années 60, les réserves de charbon s’épuisent en Belgique. L’énergie nucléaire apparaît alors comme une solution miracle. On pouvait entendre à l’époque ce genre de commentaire sur les ondes : "Avec 40 tonnes d’uranium, on peut faire fonctionner une centrale nucléaire durant trois ans et dans une centrale classique, il faudrait durant le même temps consommer plus de 2 millions et demi de tonnes de charbon, c’est-à-dire en poids 62.500 fois plus."

Et la crise du pétrole de 1973 va accélérer la transition de la Belgique vers le nucléaire. A ce moment de notre histoire, on pensait à limiter très strictement l’usage de l’éclairage public, la vie quotidienne était très largement impactée aussi.

Une transition difficile à entreprendre

50 ans plus tard, force est de constater que La Belgique reste très dépendante de cette énergie. En 2022, 47% de son électricité provient encore de ses centrales.

Pourtant, depuis 2003, la Belgique a voté la fin du nucléaire et le démantèlement de ses réacteurs au plus tard en 2025. Adel El Gamal, professeur en géopolitique de l’énergie à l’ULB :

"Donc d’ici 2030, 2050, on peut très bien imaginer un mode de génération et d’approvisionnement énergétique qui se passe du nucléaire, qui soit basé essentiellement sur des énergies renouvelables."

Le Bureau du Plan a d’ailleurs rédigé un rapport en 2012 qui confirme la possibilité pour la Belgique de compter entièrement sur des sources d’énergie renouvelables à l’horizon 2050. Possible mais ambitieux, un tel basculement nécessiterait des investissements de l’ordre de 300 à 400 milliards d’euros au total.

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Sans le nucléaire, c’est extrêmement compliqué.

Les énergies renouvelables étant intermittentes, car dépendant fortement de la fréquence de l’ensoleillement ou de la puissance du vent, la Belgique prévoit aussi de construire, via un mécanisme de capacité, des centrales au gaz. Mais la guerre en Ukraine a fait exploser ses prix. Le modèle d’énergies alternatives couplées au gaz, Patrick Hendrick n’y croit pas. Il est professeur en aérodynamique à l’ULB : "Le binôme uniquement énergies renouvelables/gaz ne me paraît pas viable dans un court terme, puisqu’on ne maîtrise pas les énergies renouvelables par leur variabilité. Et pour les centrales au gaz, on voit qu’on ne maîtrise pas le coût du gaz ! Et donc il faut absolument stabiliser la situation. Sans le nucléaire, c’est extrêmement compliqué."

Du temps et des investissements nécessaires pour établir un réseau d’énergies renouvelables

Le nucléaire serait donc notre garde-fou face à la volatilité des prix du gaz et aux aléas de mère nature. Mais à terme, il y a peut-être une solution, selon Adel El Gamal :

"Lorsqu’on aura plus d’énergie renouvelable et de différents types d’énergies renouvelables, on pourra, d’une façon statistique, compenser ces trous de production. C’est-à-dire que dans un réseau fortement interconnecté au niveau européen, certaines régions pourront produire en surplus quand certaines régions seront en déficit. Donc on aura déjà un équilibre au niveau géographique."

L’Allemagne a dû dépenser plusieurs dizaines de milliards d’euros à refaire complètement son réseau de distribution.

À l’avenir, un réseau d’éoliennes offshore couvrira la mer du Nord. Lorsqu’il n’y aura pas de vent en Belgique, il y en aura ailleurs ! Encore faut-il acheminer cette énergie là où nous en avons besoin. Philippe Charlez est un expert en questions énergétiques à l’Institut Sapiens, et il illustre ce propos par un exemple bien concret :

"Vous êtes obligé de tirer des lignes des régions très localisées où vous avez beaucoup de vent ou beaucoup de soleil vers les régions où vous avez besoin de l’électricité. Ce ne sont pas nécessairement les mêmes. En Allemagne, vous avez beaucoup d’électricité éolienne parce que beaucoup de vent le long de la Baltique, alors que les besoins essentiels de l’industrie, c’est dans la Ruhr, et le reste en Bavière. L’Allemagne a dû dépenser plusieurs dizaines de milliards d’euros à refaire complètement son réseau de distribution."

Il faut développer l’infrastructure.

Cet expert en est donc persuadé, le renouvelable, pour être efficace, devrait être consommé localement. Mais cela suppose aussi une transformation de nos lignes de transports électriques. Auparavant centralisées, les énergies produites à l’avenir seront complètement décentralisées. Elia, la société de responsable du réseau de transport électrique, nous explique que ces énergies viendront de la mer du Nord ou de nos panneaux photovoltaïques. Frédérique Dunom, CEO Elia Belgique :

"Aujourd’hui avec le réseau actuel, on n’est pas capable de les accueillir" dit-il en évoquant les productions d’énergie renouvelables, "donc il faut développer l’infrastructure. L’île artificielle en mer du Nord, Princesse Élisabeth, le projet Ventilus en Flandre occidentale et le projet Boucle du Hainaut dans le Hainaut. Il faudra davantage développer les réseaux dans les rues de tout un chacun, mais aussi vers les réseaux de transport pour davantage transformer l’énergie produite localement."

Vous l’avez compris, cette transformation ne se fera pas en un jour. Et puis, la crise énergétique a aussi changé la donne. Voilà, entre autres, pourquoi notre gouvernement a récemment décidé de prolonger deux de nos réacteurs nucléaires. Vous le voyez ? Pas si simple de sortir du nucléaire

Archives : Questions à la Une, pouvons-nous nous passer du nucléaire en Belgique ? 15 avril 2009

Questions à la Une

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2. Les déchets nucléaires, une bombe à retardement ?
Nucléaire, non peut-être ?

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Des traces de nucléaire pour les siècles et des siècles

Même effacé de notre paysage, le nucléaire laissera des traces, à commencer par ses déchets. En réalité, les déchets nucléaires se divisent en trois catégories, selon leur durée de vie et leur dangerosité pour l’homme. Les déchets hautement radioactifs ne représentent que 5% du volume total des déchets. Serge Dauby, directeur du Forum Nucléaire, nous donne idée de leur volume :

"Ça représente une canette de soda par habitant pour couvrir tous les déchets nucléaires de catégorie C qu’on a depuis la construction des centrales."

11 millions de canettes rassemblées, ça fait tout de même un volume de 12.000 mètres cubes… Il s’agit des combustibles usés des réacteurs nucléaires. Leur durée de vie est de plusieurs milliers d’années. Qu’allons-nous faire de ces déchets à l’avenir ? La Belgique n’a encore pris aucune décision à ce stade, mais l’ONDRAF, l’organisme chargé de leur gestion en Belgique, préconise un enfouissement géologique. Pour mieux comprendre, plongeons à 220 mètres sous terre.

Un ascenseur nous fait pénétrer dans les entrailles de la terre jusqu’au laboratoire de recherche Hadès. Depuis 40 ans, l’ONDRAF (pour Organisme National des Déchets RAdioactifs et des matières Fissiles enrichies) étudie les propriétés de son argile. Marc Demarche, directeur de l’ONDRAF, nous décrit ce qui nous entoure :

"L’argile de Boom est une couche géologique qui est ici depuis 33 millions d’années, qui est une couche géologique stable."

En plus d’être une barrière imperméable à l’eau, cette argile retient donc les éléments radioactifs. Seul problème, l’argile de Mol n’a qu’une profondeur totale de 400 mètres. Insuffisant selon Greenpeace pour jouer son rôle de barrière. Jan Vandeputte, expert énergie chez Greenpeace, nous explique pourquoi :

"Comme ces déchets génèrent aussi de la chaleur, on ne peut pas les tasser tous l’un sur l’autre. Il faut un très grand volume de place et creuser des longues galeries dans lesquelles, l’un après l’autre, on met ces conteneurs. Est-ce qu’il y a une couche géologique en Belgique qui est assez sûre pour enfouir ces déchets et retenir la radioactivité pour des centaines de milliers d’années ? On ne le sait pas aujourd’hui"

L’équivalent du volume d’eau de 60 piscines olympiques

Nous vous avons parlé des 5% de déchets hautement radioactifs, mais qu’en est-il des 95% restants ? Les faiblement radioactifs, ce sont les bétons, l’acier, les tissus entrés en contact avec de la matière radioactive. Ils représentent un volume de 148.000 mètres cubes ! L’équivalent du volume d’eau de 60 piscines olympiques… Et leur durée de vie est tout de même de 300 ans. Pour cela, l’ONDRAF a obtenu l’autorisation de construire un site d’enfouissement en surface à Dessel, non loin de Mol. Jan Vandeputte nous a fixé rendez-vous non loin de là :

"Le sous-sol ici est sablonneux. Cela veut dire que si, dans les siècles à venir il y avait une fuite de radioactivité de ce site, cela pourrait alors simplement descendre dans le sous-sol et puis entrer dans les couches phréatiques qui sont bien sûr essentielles pour le captage d’eau potable."

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Mais l’ONDRAF est convaincu que les barrières construites en béton et en acier suffiront amplement à isoler ces déchets durant 300 ans. Si l’ONDRAF a choisi ce site, c’est surtout parce qu’il a obtenu l’adhésion des riverains. Sigrid Eeckhout, la porte-parole de l’ONDRAF, le confirme :

"On ne peut pas non plus construire des éoliennes sans l’accord des communautés. Donc vous pouvez vous imaginer qu’aussi, pour un stockage de déchets, l’assise sociale est indispensable."

Mais là encore, Greenpeace n’est pas d’accord :

"Il faut trouver la solution la plus sûre du point de vue technique," conteste Jan Vandeputte, "et pas celle basée sur la moindre résistance de la population de la génération actuelle."

Un cadeau empoisonné pour les générations futures

Il y a tout de même un point sur lequel Greenpeace et l’ONDRAF s’accordent : la nécessité d’avoir un organisme spécifique pour gérer ces déchets. Sigrid Eeckhout en convient :

"C’est notre responsabilité parce que nous avons profité tous des technologies nucléaires. Donc nous devons trouver des solutions qui sont sûres, non seulement pour nous, mais aussi pour toutes les générations à venir."

Les déchets nucléaires, on le voit, sont un cadeau empoisonné pour les générations futures. Reste à savoir si l’ONDRAF aura les moyens financiers suffisants à l’avenir pour veiller au grain.

Archives : Questions à la Une, déchets nucléaires c’est pour qui ? 19 avril 2006

Questions à la une

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3. Les risques de black-out
Nucléaire, non peut-être ?

3. Les risques de black-out

Nucléaire, non peut-être ?

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Un risque passé qui nous guette dans le futur

Le black-out. Une panne d’électricité générale nous pend-elle au nez pour les prochaines années ? Un black-out, ça ressemblerait à ceci : plus de trains, plus de métros, plus de feux tricolores, d’ascenseurs ni d’escaliers mécaniques. Les portes automatiques bloquées, les immeubles tout électrique privés de chauffage, les casernes de pompiers submergées d’appels

Elia, le gestionnaire du réseau électrique en Belgique, nous rassure. Le dernier black-out de ce genre date d’il y a plus de 40 ans. Mais nous avons eu chaud au cours de l’hiver 2018. Cet hiver-là, le pays doit mettre à l’arrêt six de ses sept centrales nucléaires. Marie-Christine Marghem, la Ministre de l’Energie de l’époque, n’en mène pas large :

"Tous les gens honnêtes qui regardent la situation dans la vérité de ce qu’elle est ne peuvent pas garantir à 100% que le risque de mise en œuvre d’un plan de délestage est de zéro."

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La douceur de l’hiver, et surtout l’importation massive d’électricité, nous éviteront finalement le pire. Mais aujourd’hui, la guerre en Ukraine et l’embargo sur le gaz russe relancent les craintes. Nous retrouvons Patrick Hendrick, professeur en aérodynamique à l’ULB, il parle d’un risque très saisonnier :

"Il y a le risque, évidemment. Il est extrêmement délicat à estimer, mais il est clair qu’il est centré, ce risque, sur les deux mois avant la nouvelle année et les deux mois après, c’est-à-dire le moment où coïncident les températures a priori les plus froides et les jours les plus courts."

Nos pointes de consommation surviennent en effet l’hiver, au moment où nous produisons moins d’électricité renouvelable. Or, nous risquons de manquer de gaz. Adel El Gamal, professeur en géopolitique de l’énergie à l’ULB, estime que le risque sera encore plus aigu les hivers suivants :

"Le problème est que l’hiver prochain, nous aurons beaucoup plus de mal à entamer l’hiver avec des stocks remplis à 100%, parce que nous ne bénéficierons plus du tout d’aucun approvisionnement russe. Et ce sera probablement assez difficile de compenser l’ensemble des importations russes par du LNG. On aura vraisemblablement plus de problèmes dans les 2 à 3 hivers à venir que dans l’hiver que nous sommes en train de traverser pour le moment."

Une révolution copernicienne qui traîne en longueur

Il faut vraiment accélérer les choses.

L’hiver 2025-2026 est d’ores et déjà celui de tous les dangers, car tous nos réacteurs nucléaires seront à l’arrêt à ce moment-là, y compris les deux plus récents. Ils seront en révision. Elia, la société responsable du réseau de transport d’électricité, a fait ses calculs. Frédéric Dunom, le CEO d’Elia Belgique, parle d’un trou à combler d’un peu plus d’un gigawatt.

Et un gigawatt, c’est 1000 mégawatts, l’équivalent d’un réacteur nucléaire. Pour pallier ce manque, Elia compte sur l’importation d’électricité de nos pays voisins, mais aussi le stockage d’électricité, et notamment les batteries de particuliers. Mais pour Patrick Hendrick, nous sommes loin du compte :

"Aujourd’hui en Belgique, malheureusement, on n’a que quelques milliers de maisons qui ont dix kilowattheures en réserve. Il faut multiplier ça par dix, certainement d’ici deux ans, trois ans. Tout ça est possible, mais il faut vraiment accélérer les choses."

L’énergie va avoir différentes valeurs à différents moments de la journée.

Elia compte également sur ses gros utilisateurs industriels pour arrêter de consommer en période de pic. Mais à l’avenir, tous les experts en conviennent, nos habitudes de consommateur vont être bouleversées, comme le confirme Frédéric Dunom :

"On va aller dans un système où avant c’est la production qui suit la consommation. Donc si moi je mets mon frigo en marche, mais quelque part, il y a une production qui tourne pour l’alimenter, vers un système où c’est la consommation qui va suivre la production. Ma voiture électrique, je devrai la brancher quand il y a beaucoup de vent."

Adel El Gamal abonde en ce sens :

"L’énergie sera un bien qui va avoir différentes valeurs à différents moments de la journée et donc on va être amenés à modifier nos comportements de façon à utiliser cette ressource de la manière optimale."

Une véritable révolution copernicienne est en marche. Nous n’aurons peut-être pas de black-out à l’avenir, mais nous risquons de payer le prix fort si nous voulons continuer à consommer comme aujourd’hui.

Archives : Questions à la Une, facture d’électricité – Pourrons-nous encore la payer ? 10 février 2016

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4. L'avenir du nucléaire
Nucléaire, non peut-être ?

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Réacteur à eau pressurisée

Quel avenir la Belgique réserve-t-elle à sa filière nucléaire ? La prolongation de Doel 4 et Tihange 3 est actée. Mais ensuite ? Autour de nous, un nombre croissant de pays européens se lancent dans la construction de nouvelles centrales nucléaires. C’est le cas notamment en France avec le réacteur EPR, le réacteur à eau pressurisée construit à Flamanville. Mais son chantier cumule les problèmes : accumulation de reports, détails non conformes, malfaçons, coût revu à la hausse jusqu’à 12 milliards d’euros…

Le coût initial de ce chantier était estimé à 3 milliards. Il a donc quadruplé et son entrée en service, prévue en 2012, est aujourd’hui estimée à 2024. Comment expliquer tous ces couacs ? Serge Dauby, le directeur du Forum nucléaire, tente d’y répondre :

"Il a fallu tout arrêter, changer les conceptions, modifier pour être au niveau de standard de sûreté", énumère-t-il, "pour pouvoir relancer, parfois démolir certains points qui avaient été construits. Donc c’est normal que ça coûte beaucoup plus cher et que ça prenne beaucoup plus de temps. Mais avec un outil, un réacteur qui est aux normes des plus hauts standards de sûreté. Et c’est ça le plus important."

Il y a une concentration d’énergie gigantesque.

Mais Greenpeace a un autre point de vue. Jan Vandeputte, un expert en énergie, explique pourquoi :

"Le problème majeur avec le réacteur EPR, c’est qu’il est énorme, 1600 mégawatts. Et que le fût de pression est relativement très petit. Alors, il y a une concentration d’énergie gigantesque. La raison pour construire des centrales nucléaires avec une puissance si énorme, c’était pour des raisons économiques, pour diminuer les coûts du kilowattheure produit."

Comme toujours, la vérité se situe sans doute entre ces deux points de vue

L’alternative du réacteur modulaire

En Belgique, pas de construction d’EPR en vue, mais le nucléaire n’est pas pour autant hors-jeu. Le Premier ministre Alexander De Croo l’avait évoqué il y a peu, 25 millions d’euros du budget fédéral seront consacrés à la recherche du nouveau nucléaire, le SMR. Comprenez : Small Modular Reactor.

On va en profiter pour produire de l’hydrogène.

Des réacteurs modulaires de taille réduite sont présentés par l’industrie nucléaire comme le complément parfait aux énergies renouvelables. Serge Dauby explique leur principe de fonctionnement :

"Si on en met trois l’une à côté de l’autre, de façon modulaire, on va se retrouver avec grosso modo une unité telle que Tihange 1. Les trois modules peuvent fonctionner soit ensemble, soit on peut très bien ne prendre qu’un module pour produire de l’électricité. Par contre, on ne va pas mettre à l’arrêt les deux autres. On va en profiter pour produire de l’hydrogène."

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Plus petits et moins puissants, ils utilisent moins de combustibles et produisent en conséquence moins de déchets. Mais sont-ils vraiment l’avenir du nucléaire ? Philippe Charlez, expert en question énergétique à l’Institut Sapiens, énonce les conditions pour que ce soit le cas :

"Il faudrait, à l’échelle européenne par exemple, en fabriquer 100 ou 200 et à ce moment-là, les coûts seraient fortement abaissés. Donc, on va dire que l’avenir du SMR repose essentiellement dans sa standardisation et dans son industrialisation."

Et de ce côté-là, nous sommes encore loin du compte ! Et puis, rappelez-vous, la Belgique ne dispose encore d’aucun cadre légal pour construire une nouvelle centrale nucléaire

Le Graal du nucléaire : la fusion

L’énergie résultant de la fusion est dix fois supérieure à l’énergie que j’ai dû injecter.

Nous ne vous avons pas encore parlé de la fusion nucléaire. C’est un peu le Graal des ingénieurs. Produire une énergie identique au soleil en fusionnant des atomes d’hydrogène. Philippe Charlez décortique ce processus :

"Pour que la fusion se fasse, il faut monter à des températures de l’ordre de 150 millions de degrés. Je ne me trompe pas. Je répète bien 150 millions de degrés, ce qui se fait dans un champ magnétique extrêmement intense. Quand ça marche, l’énergie résultant de la fusion est dix fois supérieure à l’énergie que j’ai dû injecter dans mes bobines de champs magnétiques pour créer la fusion."

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Fin décembre, des chercheurs américains ont fait une avancée spectaculaire : pour la première fois, le processus a produit plus d’énergie que les lasers utilisés pour l’initier n’en ont déposée.

Mais l’expérience n’a duré que quelques secondes. Les espoirs de beaucoup reposent aujourd’hui sur le réacteur expérimental ITER, construit à Cadarache, en France. La fusion nucléaire, c’est une énergie abondante, presque sans déchets. Mais elle n’est pas pour demain et Iter ne sera pas opérationnel avant 2060…

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