Deux petites pages, huit paragraphes, 3000 caractères, espaces compris. C’est sous cette forme, un courrier daté de ce mardi 7 décembre, que le président du Conseil d’administration d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu, et la directrice générale de l’entreprise, Catherine MacGregor informent le Premier ministre, Alexander De Croo, qu’il "n’y a plus d’autre option que d’engager le déclassement progressif des tranches nucléaires que nous exploitons. Dans ces conditions il nous paraît impossible d’assurer le prolongement de l’activité de ces 2 tranches en 2025."
Engie-Electrabel ne prolongera donc pas Doel 4 et Tihange 3. Et les raisons sont claires : "Comme nous l’avons rappelé de manière constante ces dernières années, la prolongation des 2 tranches de Doel 4 et Tihange 3 ne peut s’imaginer que dans le cadre d’un projet de LTO [exploitation à long terme, ndlr] conduisant à une extension de durée de vie de 10 à 20 ans. Un tel projet nécessite un délai d’exécution que nous estimons à 5 ans en prenant en compte les études d’ingénierie et de sûreté, le dialogue avec les autorités, les processus législatifs et réglementaires et la réalisation même de l’investissement. Notre expérience de projets similaires nous a convaincus que ce délai est difficilement compressible."
Le contenu de cette lettre n’est pas vraiment une surprise. Engie-Electrabel a effectivement répété, depuis de longs mois, qu’une prolongation n’était pas envisageable. Et dès la mise sur pied du gouvernement Vivaldi, l’électricien a été très clair : le nucléaire en Belgique, c’était fini. C’est ce qu’expliquait, en novembre 2020, Thierry Saegeman, alors patron des activités nucléaires d’Engie Electrabel, et aujourd’hui CEO d’Engie Belgique : "Jusqu’à la formation du gouvernement nous avons travaillé à un plan A, qui consistait à prolonger deux unités et aussi commencer l’arrêt et le démantèlement des deux unités les plus anciennes. Maintenant, l’accord de gouvernement est clair, il faut tout arrêter en 2025. Nous sommes un opérateur responsable qui opère à tout moment selon la loi." Thierry Saegeman laissait aussi une (toute petite) porte ouverte : "On est toujours sur une logique où les deux scénarios sont possibles mais bien évidemment le plan B (la fermeture totale) va maintenant petit à petit prendre le dessus sur le plan A (laisser deux réacteurs en fonction)."