Energie

Nucléaire en Belgique : et les centrales au gaz ?

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A l’heure d’écrire ces lignes, aucun accord n’a encore été annoncé entre le gouvernement fédéral et le groupe énergétique français Engie sur la prolongation de 10 ans de la durée de vie des deux réacteurs les plus récents du parc nucléaire belge, Doel 4 et Tihange 3. Les négociations se poursuivent ce lundi 9 janvier. Rappelons que la Belgique a eu jusqu’à 7 centrales nucléaires, toutes exploitées par Engie Electrabel. Doel 3 a été déconnectée du réseau le 23 septembre 2022. Quant à l’arrêt de Tihange 2, il est prévu en février 2023. Notons encore que, si rien ne change, 3 autres réacteurs devraient fermer d’ici 2025, comme le prévoit la loi.

Cette actualité est aussi l’occasion de se pencher sur le mix énergétique en Belgique et la sécurité d’approvisionnement qui doit être maintenue au-delà de 2025. Dans ce contexte, les centrales au gaz sont un enjeu important pour faire face à la demande. Qu’est-ce qui est prévu ? Où en est-on ? La guerre en Ukraine et les changements en matière d’approvisionnement ont-ils changé la donne ?

Il y a quelques jours, le rapport d’Elia, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité donnait les chiffres pour l’année 2022 du mix électrique dans le royaume.

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Les centrales au gaz

Dans l’évolution du mix énergétique, les centrales à gaz doivent compenser en partie la production d’électricité et garantir la sécurité d’approvisionnement. Au mois de mars dernier, le gouvernement fédéral dévoilait un accord sur l’avenir énergétique de la Belgique. Au programme la prolongation de deux réacteurs durant 10 ans, et sans discontinuer (Doel 4 et Tihange 3). Le gaz devait aussi trouver sa place dans le futur mix énergétique. Le gouvernement confirmait par la même occasion son mécanisme de rémunération de capacité (CRM) pour, entre autres, les centrales au gaz. Ce mécanisme permet aux acteurs du marché d’investir dans de nouvelles capacités de production tout en s’assurant que les investissements soient rentables.

En 2021 et afin d’anticiper la fermeture des centrales nucléaires et permettre la construction de nouvelles centrales au gaz, les résultats des premières enchères CRM étaient dévoilés par Elia (le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en Belgique). Deux nouvelles unités de centrale à gaz aux Awirs et à Vilvorde auraient droit à des subsides. Depuis lors, la centrale de Vilvorde a été remplacée par celle de Seraing.

Les centrales au gaz de Awirs (Engie) et Seraing (Luminus) devraient donc être opérationnelles pour l’hiver 2025-2026. C’est en tout cas "ce à quoi se sont engagées les entreprises qui vont recevoir les subsides pour les centrales.", nous dit-on chez Elia. Chez Elia, "on précise aussi que ces centrales sont les plus importantes en termes de production, mais elles ne sont pas seules." Le gestionnaire note que d’autres technologies profiteront des CRM : les batteries et le travail sur la demande (la possibilité d’adapter la consommation tout au long de la journée). A côté de cela, les capacités du renouvelable devraient aussi progressivement augmenter : photovoltaïque, éolien. "Cela doit aussi couvrir une partie de la sortie du nucléaire."

Deux centrales au gaz, est-ce assez ?

Deux centrales au gaz seront-elles suffisantes pour assurer l’approvisionnement en électricité de la Belgique ? Chez Elia, toujours, on nous rappelle que le système électrique est en constante évolution. Il évolue en fonction de la disponibilité, mais aussi du contexte. Or, ces derniers mois, la Belgique a traversé une crise énergétique importante en raison de la guerre en Ukraine, mais aussi de la situation dans les pays voisins. Exemple en France ou actuellement, quasi la moitié des centrales nucléaires françaises sont à l’arrêt en raison de leur vétusté.

En septembre et en raison du contexte actuel, Elia mettait à jour ses prévisions pour l’hiver 2025 -2026 (en principe, le premier hiver sans centrales nucléaires), cela afin de permettre au gouvernement fédéral d’anticiper et éventuellement de prendre des décisions pour assurer l’approvisionnement en électricité.

Dans le nouveau scenario transmis au gouvernement, Elia estime qu’il manque entre 900 MW (mégawatts) et 1200 MW pour l'hiver 2025-2026. "Cela représente à peu près 1/10 de la consommation." A titre de comparaison une centrale au gaz peut produire plus ou moins 800 MW, Doel 4 en produit 1039 MW. "Nous, on n'a pas a décidé de la technologie qui va remplacer", précise-t-on chez Elia. Et on rappelle aussi qu'il n'y a pas très longtemps le pays n'avait qu'un seul réacteur nucléaire en fonctionnement, c'était en 2018 et des solutions ont été trouvées.

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