Agriculture

Nouvelle PAC : pour Céline Tellier, "la volonté du gouvernement wallon a été d’aboutir à une proposition qui préserve les revenus des agriculteurs"

Par Anthony Roberfroid, d'après l'invité de Matin Première avec Danielle Welter

Coup de projecteur sur les terres wallonnes. Après des mois de négociations, la Wallonie a présenté hier sa nouvelle PAC (Politique Agricole Commune), son plan stratégique pour l’agriculture wallonne de 2023 à 2027.

"La volonté du gouvernement wallon, a été d’aboutir à une proposition qui préserve les revenus des agriculteurs et qui, en même temps, les inscrit dans une transition vers plus de durabilité, de souveraineté alimentaire pour relocaliser notre alimentation. Et cette PAC se veut également plus familiale" détaille Céline Tellier, Ministre wallonne de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal au micro de Danielle Welter dans "L’invité de Matin Première".

1,862 milliard d’euros pour favoriser le développement durable

Au total, 1,862 milliard d’euros ont été débloqués pour aider les agriculteurs. 15.000 d’entre eux vont bénéficier de ces aides pour rendre leurs exploitations plus durables : "On a travaillé sur différents éléments", précise la Ministre Tellier. "Tout d’abord, la relocalisation de notre alimentation avec un soutien important aux maraîchers qui auront une aide de 4000 euros par hectares pour se lancer. On a également travaillé sur la réduction de l’intensivité des élevages pour avoir des élevages qui soient moins chargés en bétail car on sait que cela a des impacts sur le climat et l’environnement. On a aussi travaillé sur la réduction des pesticides et le développement du bio avec un budget inédit : 140 millions d’euros alors qu’il s’élevait à 92 millions auparavant."
 

Un ensemble de mesures qui va donc mettre l’accent sur l’agriculture biologique et qui devrait permettre de soutenir les fermes familiales : "Nous avons voulu faire en sorte que le revenu des agriculteurs ne se base plus uniquement sur la charge en bétail ou sur la taille de l’exploitation par exemple, qui poussait les installations vers des tailles de plus en plus grandes et donc plus intensives au niveau du bétail. Ici, au contraire, nous allons amener des sources de revenus supplémentaires pour favoriser des pratiques riches en biodiversité ou en durabilité de façon plus large" indique Sophie Tellier.

Le syndicat agricole Fugea se réjouit du plan wallon

Ces mesures ont d’ailleurs été saluées par Fugea, le principal syndicat agricole. Pour la Ministre, la PAC permet de rendre compatible revenus et environnement : "l’idée de cette PAC, c’est de rémunérer aussi les services rendus à la société sur le plan environnemental, sur le plan de la prévention des risques d’inondations, sur le plan de la biodiversité. Certains, notamment au niveau agricole, ont voulu opposer leur revenu avec l’environnement. Aujourd’hui, très clairement, on a pu leur démontrer qu’il était tout à fait possible de concilier économie et écologie".

Le plan wallon contient des avancées insuffisantes selon plusieurs ONG

La nouvelle PAC ne fait cependant pas l’unanimité. Plusieurs ONG environnementales, dont Natagora, estiment que ce nouveau plan stratégique contient "de petites avancées" mais sans réelle transition en vue. La ministre rappelle néanmoins que la Wallonie va au-delà de ce qui avait été proposé en première instance par l’Europe. Elle conçoit cependant que des améliorations sont toujours possibles : "On a été à l’écoute de Natagora depuis des mois. On a travaillé, on a attentivement lu leur analyse et elle est nuancée. Il y a des choses positives mises en avant mais on peut toujours faire mieux et j’espère que la prochaine PAC ira encore plus loin sur cette durabilité".

Développer la demande de produits locaux et biologiques

Reste la question du prix pour les consommateurs. Les produits bios et locaux sont souvent plus chers et la demande s’en retrouve diminuée. Néanmoins, le gouvernement wallon inscrit dans son plan de relance des mesures visant à relancer cette demande. Un point positif tant pour les consommateurs que les agriculteurs selon la Ministre : "On travaille notamment via les cantines de collectivité où nous avons un certain nombre de projets que je coordonne pour faire en sorte que les écoles, les hôpitaux, etc. se fournissent en produits locaux, si possible bios. Cela devrait permettre d’accroître la demande pour les agriculteurs bios qui sont sur notre territoire", conclut Sophie Tellier.

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