Week-end Première

Nous méfions-nous assez des emballages de la restauration rapide ?

Ces contenants contiennent souvent des PFAS, substances extrêmement nocives pour la santé et l’environnement

© Pixabay

De nombreux emballages de la restauration à emporter, mais aussi la vaisselle et les couverts en carton ou en fibres végétales, contiennent des PFAS, des composés perfluorés éternels qui sont aussi nocifs pour le corps que pour l’environnement. Une étude récente le démontre. Alors, devons-nous nous inquiéter ? Comment savoir si les emballages que nous utilisons en contiennent ?

Réponses avec Natacha Cingotti, directrice du programme Santé et Produits chimiques pour l’ONG européenne Health & Environment Alliance, qui fait partie des commanditaires de l’étude.

Cette étude menée dans six pays européens par 9 ONG, dont Health & Environment Alliance basée à Bruxelles, est sortie jeudi dernier et démontre que certains cartons et emballages jetables, que l’on a énormément utilisés pendant cette période de confinement, contiennent des PFAS, nocifs pour la nature et pour notre santé. Pour l’instant, seul le Danemark a interdit ces substances.
 

Quels emballages exactement ?

L’étude s’est intéressée aux emballages jetables en carton, en papier, en fibre moulée, que l’on trouve beaucoup dans les chaînes de restauration rapide, pour les take away, précise Natacha Cingotti.

"Ce ne sont pas tous les emballages, mais il faut savoir que, comme les PFAS, ou perfluorés, sont des substances hydrofuges, oléofuges, elles sont utilisées dans de nombreux secteurs. En fait, notre étude est une petite photographie d’une utilisation qui est sans doute beaucoup plus large, à travers d’autres types de packaging alimentaire."

Comment savoir si un emballage en contient ? La première étape utilisée pour sélectionner les échantillons dans l’étude est le test de perlage. Si vous déposez une goutte d’huile dans un contenant et qu’elle perle, c’est une indication de potentielle présence de PFAS.

 

Quels dangers ?

Les PFAS ont comme surnom 'contaminant éternel'. Ce sont des substances extrêmement persistantes dans l’environnement. Certaines peuvent mettre 100, voire 1000 ans, à se dégrader. Elles s’accumulent dans l’environnement et dans les organismes, explique Natacha Cingotti.

Pour les PFAS qui sont bien documentés, on sait qu’ils ont des effets sur la santé, en particulier sur le système reproducteur, sur le système endocrinien, sur le système immunitaire. Ils affectent notamment la capacité de réponse aux vaccins.

Leur émission continuelle dans l’environnement et leur accumulation posent donc un problème sur le long terme, parce que ces effets seront impossibles à éviter.

Ce n’est évidemment pas parce que vous consommez un take away que vous aurez tout de suite des problèmes de santé, souligne Natacha Cingotti. Ce qui est important de comprendre, c’est que :

  • l’utilisation répétée de certains types de produits de consommation qui sont traités avec ces substances accumule votre exposition.
  • ces substances se retrouvent partout dans l’environnement, elles sont utilisées par de nombreuses industries, dans des produits de consommation, des cosmétiques, des poêles à frire, des emballages…

Ce qui est important de comprendre, c’est l’effet cocktail : c’est le fait que vous êtes exposé par de multiples biais. Et c’est cette exposition multiple qui nous inquiète.

 

Quelle législation ?

Il est très difficile de contrôler les conséquences qui vont avec l’exposition à ces substances. Les PFAS sont déjà interdits dans les packagings alimentaires au Danemark, le seul pays du monde à avoir instauré cette législation. Au niveau européen est en train d’émerger une réflexion pour développer une restriction qui engloberait toutes ces 4500 substances.

L’Autorité européenne de Sécurité des Aliments a déjà demandé à réévaluer à la baisse le seuil d’exposition tolérable aux contaminants alimentaires dans l’Union, et c’est aux décideurs de la Commission européenne de maintenant faire appliquer cette loi. Mais il faut savoir que cette baisse de seuil ne concerne que la contamination alimentaire et pas les autres canaux d’exposition, comme les emballages, précise Natacha Cingotti.

"C’est pour cela qu’il est très important d’avoir le développement d’une restriction qui englobe tous les types d’usage et toute la famille de composants, pour vraiment s’attaquer au problème et pour éviter ce que l’on voit beaucoup en ce moment : les substances qui sont les plus documentées pour être nocives sont remplacées par d’autres substances de la même famille, qui sont souvent moins documentées mais pas moins nocives."
 

Les conseils de Natacha Cingotti

En conclusion, il ne faut pas penser que parce que quelque chose est en papier ou en carton, c’est significativement meilleur que l’utilisation du plastique et que cela va avoir moins de conséquences environnementales ou humaines. L’utilisation des plastiques n’étant bien sûr pas une alternative !

En attendant cette décision européenne, le plus simple est d’apporter votre propre contenant lorsque vous achetez quelque chose à emporter : un contenant réutilisable en verre ou en métal, les matériaux qui sont considérés comme les plus inertes.
 

>> Découvrez ICI l’étude de la Health & Environment Alliance

et ci-dessous les explications de Natacha Cingotti dans Weekend Première
 

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