Belgique

Nous avons testé le nouveau train de nuit reliant Bruxelles à Berlin

Par Céline Biourge
The Good Night Train, le nouveau train de nuit reliant Bruxelles à Berlin lors de son arrivée en gare à Bruxelles-Midi pour son premier départ ce 26 mai 2023
The Good Night Train, le nouveau train de nuit reliant Bruxelles à Berlin lors de son arrivée en gare à Bruxelles-Midi pour son premier départ ce 26 mai 2023 © J. Turli – RTBF

Il y a 20 ans, les trains de nuit belges ont été mis à l’arrêt, seul un Paris-Bruxelles-Berlin a survécu jusqu’en 2010.

Mais aujourd’hui, la tendance semble s’inverser. Trois ans après l’Autrichien ÖBB, qui propose déjà un train de nuit vers Vienne, un autre relie, depuis la semaine dernière, Bruxelles à Berlin. Il s’appelle The Good Night Train et on le doit à une société belgo-néerlandaise : European Sleeper.

Vendredi dernier, il a effectué son premier trajet au départ de Bruxelles.

Des voyageurs très enthousiastes surpris par son caractère rétro

C’est à 18h46 que The Good Night Train fait son entrée à la gare du Midi à Bruxelles, ce 26 mai, pour son premier trajet en direction de Berlin (la veille, il a déjà fait son premier trajet au départ de Berlin). Alors que de nombreux voyageurs applaudissent, la stupeur se fait entendre concernant le look assez rétro des voitures. Mais loin de gâcher leur enthousiasme, une fois le train à l’arrêt, ils se précipitent à l’intérieur pour découvrir leur compartiment.

© C. Biourge – RTBF

Quelques coups de sifflet pour un départ, comme prévu, à 19h22. Le convoi se met alors en branle dans un bruit assez assourdissant et avec un mouvement de roulis assez important, ce qui déséquilibre régulièrement les passagers se promenant dans les étroits couloirs longeant les cabines.

Visite d'un compartiment couchettes du train de nuit

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Kevin, un passionné de train, passager du nouveau train de nuit reliant Bruxelles à Berlin

Dans l’une d’entre elles, nous croisons, Kevin, un passionné de train. Il a tenu à prendre ce premier train pour marquer le coup : "Ce sont des vieilles voitures", réagit-il après jeté un coup d’œil aux alentours. "Elles ont du quota, mais c’est encore agréable. On a les fenêtres qui s’ouvrent et tout, donc on sait faire de l’air. C’est vintage !"

S’il n’a pas connu les anciens trains de nuit, il en prend régulièrement pour voyager, du moins dès que cela est possible. Et ce côté vintage, dit-il, on le retrouve aussi dans les autres trains. L’avantage, c’est que l’on peut y ouvrir les fenêtres, ce qui ne sera plus possible dans les futurs trains, pour des raisons de sécurité, nous affirme-t-il.

Véronique, mère de famille en voyage

Un brin de nostalgie

Véronique, elle, ne s’attendait pas à ce côté rétro, mais cette mère de famille, en route pour un citytrip de trois jours à Berlin avec son mari et ses trois enfants, est loin d’être déçue, au contraire : "Pour moi, il y a une petite pointe de nostalgie parce que je retrouve exactement les trains que l’on prenait en famille pour aller à la montagne quand j’étais ado. C’est chouette, on retourne 30 ans en arrière !"

"L’aspect recyclage. Le fait de les remettre en service, sans devoir sortir de tout nouveaux trains, alors que l’on a tout ce qu’il faut apparemment" est aussi une bonne idée, selon elle. "Après, on verra au réveil demain, mais pour l’instant, on a le confort dont on a besoin."

 

Il faut dire qu’aujourd’hui, tous les trains de nuit sont des trains recyclés, faute de matériel roulant. Et si cette compagnie belgo-néerlandaise compte investir dans du nouveau matériel, les délais seront longs : minimum de 5 ans.

Un lieu de rencontre et de partage

Un des plaisirs du train de nuit est de pouvoir admirer les paysages, mais aussi de rencontrer des gens et de partager nos expériences. On y parle français, anglais, mais surtout néerlandais, sans doute parce qu’il fait arrêt dans plusieurs villes flamandes (Anvers et Roosendaal) et néerlandaises (Den Haag et Amsterdam, notamment).

L’ambiance à bord, en tout cas, est conviviale et respectueuse. Certains en profitent pour trinquer, d’autres pour jouer à un jeu de société ou simplement se reposer.

© C. Biourge – RTBF

Pas de bar, ici, parmi les voitures. Juste quelques snacks et quelques boissons que l’on peut acheter au personnel de bord présent dans les voitures, un par couchette. Mais c’est assez sommaire, tout comme le petit-déjeuner déjà servi avant l’heure du coucher (un petit paquet de crackers et un croissant emballé sous vide avec un petit pot de margarine, un petit pot de confiture et un petit pot de fromage), histoire de pouvoir en disposer dès le réveil puisque l’arrivée à Berlin est annoncée pour 8 heures du matin. Le personnel, au demeurant très sympathique, en profite également pour prendre la commande de la boisson qui accompagnera ce petit-déjeuner (jus d’orange, thé ou café).

© J. Truli – RTBF

Petit à petit chacun prépare son lit. Le calme s’installe. Reste à trouver le sommeil malgré le bruit provoqué par le mouvement du train et qui, dans un convoi de cet âge, est plus prononcé que dans les trains modernes. Un bruit auquel s’ajoute ce mouvement de balancement plus prononcé par intermittence, sans doute là aussi dû à l’ancienneté du train.

Un réveil pas toujours facile

Après une nuit ponctuée par des arrêts plus ou moins longs, les rideaux des couchettes s’ouvrent progressivement au petit matin. Certains en profitent pour faire une rapide toilette dans les quelques espaces lavabos qui se trouvent dans chaque voiture. Des espaces qui, comme les couloirs et les cabines, sont exigus.

C’est devant sa cabine que nous retrouvons Véronique, cette mère de famille en voyage avec son mari et ses trois enfants. Les traits tirés, elle nous confie que "c’est un peu dur" ce matin. Elle est un peu courbaturée à cause de la banquette et est un peu frigorifiée, la couverture fournie avec le drap n’a pas été suffisante. Mais "je ne m’attendais pas à ce que ce soit digne d’un lit d’hôtel", précise-t-elle.

Tout autre son de cloche du côté du mari et des enfants : "J’ai assez bien dormi", confie pour sa part Thibault, son époux. "Ce n’est pas une chambre d’hôtel, mais c’est bien".

"Moi j’aimais bien parce que quand le train roulait, c’est comme si on était bercé", déclare pour sa part Johaene, 9 ans.

"Franchement, moi j’ai super bien dormi", s’exclame Clara, 14 ans. "C’était assez agréable. Je m’attendais pourtant à ce que ce soit moins agréable que ça et comme ma sœur, j’ai trouvé que le mouvement du train était super agréable !"

Pas de souci non plus pour notre passionné de train : "Cela s’est bien passé. C’était confortable, j’ai réussi à dormir".

Un voyage en train qui fait l’unanimité

Quoi qu’il en soit, tous sont unanimes pour dire que ce train de nuit est mieux que l’avion.

"L’avion ne m’a jamais intéressé", explique Kevin. "Pour moi, c’est une perte de temps. Moi, dès que je suis sur le quai, je suis déjà en vacances, mes valises sont avec moi, j’ai tout de suite. En plus l’avantage de prendre un train de nuit est que je n’ai pas à payer pour un hébergement de nuit."

Un point de vue partagé par un jeune couple de Bruxellois en voyage pour le week-end : "L’empreinte carbone est quand même nettement moindre et on gagne une nuit !", s’exclame Pauline. "Donc, on arrive le matin, on est super frais, on peut commencer notre journée de visite et on économise une nuit d’hôtel".

"Et on arrive direct dans le centre-ville", ajoute François, son compagnon. "Donc, on ne doit même pas payer une liaison de l’aéroport au centre, on arrive direct dans le centre de Berlin !"

"C’est peut-être là où on peut continuer à voyager, à découvrir des villes tout en essayant de limiter les trajets en avion qui sont plus nocifs pour l’environnement", pense pour sa part Véronique, la mère de famille.

"C’est une autre manière de voyager", affirme Thibault, son mari. "C’est vrai qu’on a l’habitude de prendre l’avion pour faire un saut de puce. Ici, c’était l’idée de se dire que l’on passait la nuit dedans. On part le soir et on arrive le matin. Et c’est sympa de se retrouver en famille à cinq dans une cabine".

C’est donc content et joyeux que tout le monde débarque du train arrivé avec dix minutes d’avance à Berlin où nous les laissons vaquer à leurs occupations.

Comparatif train de nuit versus avion

Au final, ce voyage en train a duré près de 12h30 au départ de Bruxelles-Midi pour un coût de 179 euros par personne. Prix pour une couchette classique réservée un mois et demi à l’avance.

© P. VAN HUFFELEN – RTBF

Précisons que des couchettes avec de vrais lits sont aussi disponibles, mais plus chers. Et pour ceux qui ont envie de voyager bon marché, ils peuvent opter pour des places assises que l’on retrouve aussi sous forme de cabine.

Le train de nuit a aussi des compartiment avec de vrais lits

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Les places assises du train de nuit

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

En comparaison, notre retour en avion au départ de l’aéroport de Berlin a été plus court : 5 heures, en comptant les temps d’attente à l’aéroport, mais nous n’avions pas de bagages en soute, nous avons donc évité le temps d’attente du débarquement des bagages.

Le billet d’avion, lui, était un peu plus cher 204 euros par personne pour une réservation effectuée un mois à l’avance.

© P. VAN HUFFELEN – RTBF

Mais, reconnaissons-le, c’est là une tout autre manière de voyager.

Le train quant à lui reste beaucoup plus écologique, avec sept fois moins d’émissions de CO2 pour un trajet comme celui-ci (selon le calculateur de la Fondation Goodplanet créée par Yann Arthus-Bertrand).

Précisons encore que ce nouveau train de nuit devrait continuer jusqu’à Prague dès l’année prochaine. Une ligne Amsterdam-Bruxelles-Barcelone est également envisagée pour le printemps 2025 avec des arrêts dans de grandes villes du sud de la France comme Avignon et Montpellier.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous