Le nombre de Wallons en besoin d’un logement public explose dans certaines communes. C’est le cas à Charleroi. La faute, notamment, à la crise énergétique et économique.
La Wallonie a lancé un grand plan de rénovation et de construction en 2020, mais aujourd’hui, certains logements sont toujours proches de l’insalubrité. Les travaux sont en cours, mais face à la demande, le secteur est plus que jamais sous tensions. La région wallonne a annoncé un grand plan de rénovation, d’un montant d’1.7 milliard d’euros.
Au menu : de la rénovation, de l’embellissement et de la sécurisation mais aussi de la construction de nouveaux logements.
A Charleroi, la Sambrienne s’occupe de près de 20.000 locataires de logements publics et les besoins explosent. Aujourd’hui, elle reçoit 5 nouvelles demandes par jour et plus de 4113 familles sont sur listes d’attente. "C’est clair qu’il y a une demande de plus en plus importante d’accéder à un logement public, les gens viennent frapper à notre porte en disant que c’est urgent", nous explique Maxime Felon, président de la Sambrienne.
Le type de personne qui demande un accès à ces logements a aussi évolué :"Aujourd’hui, nous avons beaucoup de familles monoparentales, avec un emploi mais nous avons aussi des couples qui travaillent, des indépendants… Nous devons aussi répondre à leurs demandes, c’est très complexe."
Sophie Crapez est coordinatrice de l’association "Comme chez nous", une association qui vient en aide aux personnes les plus précaires à Charleroi. Elle confirme l’augmentation des demandes, 1300 personnes ont passé la porte de l’ASBL l’an dernier. Toutes n’ont pas dû retrouver un logement social, l’asbl travaille aussi avec des propriétaires privés, mais la directrice s’inquiète de la situation : "Les opérateurs de logements doivent pouvoir produire rapidement un certain nombre de logements pour nous qui cherchons à sortir les gens de la rue."
Pour Sophie Crapez toutefois, les partenariats mis en place avec la Sambrienne se passent bien : " On a un groupe partenariat logement qui existe depuis plus de 25 ans. Il regroupe à la fois le secteur public et le secteur associatif en lien avec le logement. C’est donc une dynamique importante mais nous sommes aussi face à un territoire qui est face à des enjeux phénoménaux en matière d’accès au logement."
Plus de rénovation et plus de rapidité face aux demandes. Les sociétés de logements publics tentent d’y répondre. À la cité Parc de Marcinelle, la Sambrienne a déjà rénové plus de 400 logements. Elle tient donc les délais et les engagements pris lors du plan du gouvernement wallon, mais cela ne se fait pas sans mal pour leurs finances : "Nous sommes dans le rouge. Alors oui c’est un bon boulot, mais attention nos budgets sont en train d’en pâtir", nous confie Maxime Felon, "ces appels à projets en rénovation et construction ne sont pas subsidiés à 100%. Donc, automatiquement, la société de logement doit mettre une partie de la somme, autour des 25%. Mais ces appels à projets ne tiennent pas compte des coûts supplémentaires qui pèsent sur nos épaules, notamment en termes de matériaux pour rénover les bâtiments."
Trouver l’équilibre entre aider les citoyens à avoir un logement public de qualité sans pour autant mettre les sociétés de logements en difficulté, c’est le calcul compliqué qui attendra peut-être la prochaine législature du gouvernement wallon.