Pour son projet de fin d'études en photo, Elise Dervichian a choisi un sujet qu'elle connait - malheureusement - bien: le viol. La jeune photographe a été violée en 2016. Le sujet, dit-elle, s'imposait donc comme une évidence pour son travail de fin d'études. Elle dénonce ce qu'elle appelle la "culture du viol" de notre société.
Pourquoi ce terme "culture du viol"? Elise explique: "Je trouve que c'est super important d'utiliser ce terme parce que, même si certains ne sont pas d'accord avec moi et réagissent négativement par rapport à mon titre, les chiffres montrent bien qu'on baigne dans une culture du viol". Selon la jeune photographe, la société banalise, minimise le viol. Et le définit mal: "On ne tient pas en compte les viols conjugaux, les viols qui se sont souvent sans agression physique. On a trop l'image d'un viol ultra violent, par un homme qui nous attend au coin de la rue. Les trois quarts de viols se font sans violence, dans un cadre de confiance", précise Elise.
La jeune photographe veut changer la vision qu'on a du viol: ce n'est pas la violence qui détermine s'il s'agit d'un viol ou non, c'est le consentement. Aujourd'hui, certains considèrent encore qu'il n'y a pas viol s'il n'y a pas eu d'agression physique. À tel point que certaines victimes ne se sont pas rendues compte qu'elles avaient été violées, et certains agresseurs n'ont pas réalisé qu'ils avaient violé. "Il y a des femmes qui, en lisant les témoignages que je présente dans mon projet, se sont rendues compte qu'elles avaient subi un viol et sont venues vers moi", ajoute Elise.