Nos collègues Eric Destiné et Jérémy De Salle sont allés en Arabie Saoudite. Ils en ont ramené un reportage sur la première femme ambassadrice du pays (la belge Dominique Mineur), un autre sur le droit des femmes dans le pays et un troisième sur la volonté de l'Arabie Saoudite de développer le tourisme.
Mais peut-on vraiment faire du journalisme dans un pays aussi autoritaire ? Pour notre collègue Eric Destiné, la réponse est complexe. Ce serait plutôt "oui, mais… "
On ne travaille pas là-bas comme on le ferait ici
En Belgique, on peut décider le matin même en réunion de rédaction de réaliser un sujet. On téléphone à l'un ou l'autre interlocuteur qui accepte de nous recevoir. Dans la rue, on peut poser toutes les questions que l'on veut aux passants qui ont le droit de répondre ce qu'ils veulent(ou de ne pas répondre). Tout cela se passe en une journée.
En Arabie Saoudite, rien de tel. On oublie l'improvisation. Avant même de poser le pied dans le pays, de lourdes démarches sont déjà nécessaires. "Cela a pris près de deux mois pour obtenir les visas de journalistes. Et on les a finalement obtenus cinq jours avant le départ. Pourtant on suppose que nos démarches ont été facilitées par le fait que l'un de nos reportages consistait à suivre la nouvelle ambassadrice belge à Riyad. Quelques mois auparavant, une autre équipe de la RTBF avait tenté d'obtenir des visas pour faire des reportages uniquement dans la société civile, et n'avait jamais obtenu son visa".
Au moment de la prise de contacts, on travaille librement
Une fois le visa obtenu, il faut planifier chaque reportage, chaque interview, parce que, contrairement à chez nous, tout le monde ne se sentira pas libre d’accorder une interview. "Mais au moins au moment de la prise de contacts, on est seuls, et on travaille comme on l’entend."
Un facilitateur un peu encombrant
Une fois arrivé sur place, il faut encore obtenir le droit d'aller à la rencontre de toutes ces personnes. "On ne nous avait pas dit que pour travailler en dehors du quartier diplomatique de Riyad, on avait besoin d’une autorisation spécifique qu’on a dû demander sur place. Et dès lors, nous avons été accompagnés tout le temps par un membre du ministère saoudien des médias. Officiellement, on nous le présente comme un facilitateur, mais c’est lui qui possède physiquement notre autorisation, qui la montre quand on veut tourner dans un centre commercial ou un parc public".