Au lendemain
du terrible massacre d'Anvers de 2006, la législation sur les armes a été
modifiée. Selon la nouvelle loi Onkelinx, le principe législatif est inversé :
du "tout est libre sauf" on passe au principe du "tout est
interdit sauf", comme l’explique Yves Demanez, avocat pénaliste, à la RTBF : "Les armes à feu sont
en principe interdites. Certaines armes, comme les 'full auto' sont
totalement prohibées. Certaines armes ne seront autorisées que sur base d’un motif
légitime à la demande, vérifié par les autorités judiciaires et
administratives. Il peut s’agir par exemple d’un tireur sur cible, ou d'un biathlonien, ou d'un chasseur, ou encore d'un collectionneur (avec le cas
particulier des armes de panoplie) : dans ce cadre-là, ils ont accès à certaines catégories d'armes sous
certaines conditions".
Est-ce à
dire que Nordine Amrani, qui était chasseur, pouvait détenir les armes qu'il a
utilisées ce mardi. La réponse est clairement non, confirme Yves Demanez :
"Quelle
que soit la circonstance, il ne pouvait pas détenir de grenades, selon la loi
de de 2006. De plus, en vertu de la législation sur les explosifs, les grenades
sont des engins prohibés, inaccessibles au public quelles que soient les circonstances.
Le FAL est une arme en principe 'full auot' : sauf
modification, il est prohibé par la loi de 2006 et donc pas accessible aux
citoyens non plus".
De plus, Nordine Armrani ne pouvait en aucun cas posséder légalement de revolver non plus : toute personne condamnée devant un tribunal correctionnel ne peut détenir une arme. Or Nordine Amrani a bien fait l'objet d'une condamnation.
Une kalachnikov pour 300 euros
Donc il s’est nécessairement fourni au marché noir, c’est-à-dire dans le grand banditisme. Et le sentiment qui transparaît aussi dans toute cette affaire, c'est l'impression que l'on peut posséder aujourd'hui en Belgique des armes très facilement, y compris des armes de guerre, à haut potentiel de destruction. Ces armes circulent partout en Europe via un marché parallèle. Christian Henry, procureur du roi de Mons, explique, au micro de la RTBF, qu’il est très facile de s'en procurer : "Quand un nouveau régime prend les commandes du pays, on veut laver plus blanc. Donc on démilitarise une série de choses, on dégraisse les services de police et l’armée. Et on vend l’armement excédentaire au prix de la mitraille. Et en général des organisations criminelles, des mafias en profitent pour récupérer ces armes" afin de les commercialiser.
La chute du bloc de l'Est
et la création d'un marché unique européen ont facilité ce trafic d'armes de
guerre. Les récentes révolutions du printemps arabe pourraient également
conduire à l'alimentation du marché fantôme. Et manifestement on trouve de
tout, vraiment de tout, explique encore Christian Henry : "Cela va
de la grenade au missile. Il y a même des hélicoptères et des avions. On trouve
aussi bien sûr des armes de guerre telles que des kalachnikovs. On m’a cité le
cas d’une kalachnikov AK47 qui était vendue 300 euros, alors que, sur le marché
officiel, cette arme vaut plusieurs milliers d’euros".
Même si la législation belge est de plus en plus stricte, la source du marché semble, pratiquement intarissable.
A.L. avec D. Van Ossel et A. Dremière