Qui n'a jamais entendu ou prononcé cette phrase ? "Pour nous les Belges, c'est compliqué mais pour les étrangers, on leur donne tout sur un plateau d'argent." Cette croyance est tellement répandue que vouloir la remettre en question c'est presque forcément passer pour un gauchiste bobo engagé dans une lutte politique. Et pourtant, un rapide travail de vérification permet de démonter ce cliché. D'abord des exemples. Première rencontre avec Hassan Alyounes. Il vit dans une tour de logements sociaux à Montigny-sur-Sambre en bordure de Charleroi. Ah ben voilà la preuve ! Il est syrien et il a un logement social. Oui mais après un voyage difficile, il a dû attendre trois ans avant de l'obtenir.
"Nous sommes partis de Syrie à pied avec notre fille âgée d'un an à l'époque. Elle est porteuse de microcéphalie." Une malformation lourdement handicapante. "A notre arrivée en Belgique, nous avons été accueillis dans un centre Fedasil près de la frontière française. Ensuite, c'est là que les souffrances ont commencé. Nous avons cherché un logement pendant longtemps pour finalement trouver un petit appartement à Jumet. L'horreur, il n'y avait même pas de chauffage. Il nous a fallu attendre trois ans avant d'arriver enfin ici." Et si Hassan n'a pas dû attendre encore plus longtemps c'est en raison des déficiences de sa fille. Un handicap, c'est trois points de plus à la Sambrienne. C'est sinistre mais c'est comme ça que ça marche. Son origine n'a rien changé.