Sur le plan artistique, la marche de "Nomadland" vers le succès n’a jamais vraiment fait de doute mais le chemin n’a pas pour autant été de tout repos.
Née à Pékin et de nationalité chinoise, Chloé Zhao avait d’abord suscité les éloges dans son pays natal, où elle avait été qualifiée de "fierté" nationale. Mais des propos lui étant attribués dans un magazine américain en 2013, où elle semblait critiquer son pays d’origine, ont ensuite refait surface et créé une vive polémique.
Elle est depuis lors la cible de critiques de certains nationalistes qui l’ont qualifiée de "traîtresse".
Aux Etats-Unis, d’autres ont reproché au film d’avoir passé sous silence les conditions de travail très pénibles dans les entrepôts d’Amazon telles qu’elles sont parfois décrites dans le livre.
Chloé Zhao a quant à elle soigneusement esquivé toute polémique. "Je ne fais pas des films sur la politique", a-t-elle assuré en septembre dernier lors de la présentation américaine du film, format "drive-in" en raison de la pandémie.
"On peut laisser ça aux politiques. Je préfère vous présenter la réalité de la vie des gens et que vous repartiez avec votre propre interprétation."
Si le film porte un message, c’est le fait que beaucoup d’Américains âgés n’ont aucun filet de protection sociale, et que les "nomades" qui vivent tant bien que mal sur les routes peuvent donner des leçons en matière de solidarité et de spiritualité.
"Ce pays est construit sur l’acquisition, l’achat, l’appropriation", déclarait de son côté lors de la première Bob Wells, youtubeur et gourou du nomadisme minimaliste présent dans le film.
"Alors quand quelqu’un dit Non, ma vie est fondée sur le fait de ne pas posséder, de ne pas désirer, de ne pas avoir besoin, la plupart des gens ne comprennent pas", poursuivait-il.
"Qu’est-ce qui se passerait si on faisait tous comme ça ? Et bien, peut-être que la Terre survivrait".