Moteurs Endurance

Nigel Bailly, le pilote paraplégique qui a battu les valides à Hockenheim : "Les teams doivent plus oser miser sur des pilotes moins valides"

Par Erik Libois

C’est une formidable victoire, doublée d’une histoire pénétrante : le Carolo Nigel Bailly (33 ans) a gratté ce dimanche sa toute première victoire au terme de l’Ultimate Cup Series, une course GT3, en battant toute la concurrence constituée… de pilotes 100% valides ! Au volant de sa Bentley, le Hennuyer s’est imposé sur le mythique circuit de Hockenheim (Allemagne).

Ça fait quelques années que je l’attendais celle-là " explique, ravi, le pilote carolo. " La concurrence était très relevée : j’ai pu contenir le double Champion d’Italie GT3 et, en prime, sur un circuit historique que je n’avais découvert que ce week-end ! Je n’avais jamais roulé à Hockenheim ! Dans le paddock, plein de pilotes et de team-managers sont venus me féliciter après ma victoire. Le 2e de la course était tout surpris car sa voiture était bien plus performante que la mienne… Ou plutôt que la nôtre, car c’est une victoire collective : mon team a fait un travail incroyable ! "

Paraplégique depuis une chute de moto-cross à l’âge de 14 ans, Nigel Bailly n’a pas voulu lâcher le sport automobile.

Cela a été un long parcours fait de ténacité, de travail, de patience… et surtout d’amour car j’adore ce sport. Ma voiture est totalement adaptée à ma morphologie, avec du matériel dessiné sur mesure. J’ai sous le volant un accélérateur analogique sur lequel je tire pour mettre du gaz, et à ma droite j’ai un levier qui actionne mécaniquement la pédale de frein. C’est compliqué à piloter car c’est beaucoup moins intuitif qu’un dispositif classique, mais je me débrouille ! Je suis suivi par un staff mécanique, mais aussi médical et physique qui me programme un entraînement sur mesure. "

Ayant déjà terminé les 24 Heures du Mans en 2021, puis participé aux 24 Heures de Spa cet été (" Je n’ai qu’un rêve, c’est d’y retourner et d’y saisir ma chance ! "), Nigel Bailly est conscient qu’au-delà de la performance sportive pure, il porte un message fort pour la communauté PMR (Personnes à Mobilité Réduite).

Je veux leur prouver que malgré des déficiences physiques, on peut faire de belles choses : je veux les stimuler à tenter leur chance et à passer à l’acte. Je veux aussi dire aux teams qu’ils ne doivent pas avoir peur de faire appel à des personnes moins valides, car actuellement, il y a cette part d’inconnue qui fait que pas mal d’équipes n’osent pas prendre le risque financier. Mais on est capable de grandes choses ! Le sport automobile est une discipline qui génère des sensations et des émotions fortes, qui peuvent remettre les PMR en selle. Le sport auto est aussi un secteur très inclusif, car que l’on soit un homme ou une femme, une personne valide ou une PMR, on partage le même terrain de jeu ! Et ce sport peut jeter une lumière positive sur le secteur du handicap… "

Portrait de Nigel Bailly aux 24H du Mans

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