Alors que tout le secteur automobile est aujourd'hui impliqué dans un grand mouvement de transition énergétique, le journaliste automobile Nicolas Meunier se montre plus nuancé dans son livre "L'arnaque de la voiture propre".
A quelques jours de l'ouverture du Mondial de l'Auto, à Paris, il revient sur les enjeux des années à venir et les bonnes décisions à prendre, tant du côté politique que de celui des automobilistes.
- Aujourd'hui tout est fait pour pousser les automobilistes à acheter une voiture hybride ou tout électrique. Mais du fait des performances et des infrastructures insuffisantes aujourd'hui, est-ce vraiment raisonnable ?
Le problème n'est pas une question de performances. Avec le dernier Tesla Model Y, j'ai par exemple réussi à faire Paris-Rennes sans charger. On s'arrête 40 minutes, le temps de déjeuner en ville et de faire le plein, puis on repart pour 350 kilomètres. Le problème, c'est à quel prix. Aujourd'hui, la voiture la plus vendue aux particuliers, c'est la Dacia Sandero, qui est entre 14.000 et 15.000 euros, tout équipée. En face, une voiture qui rend les mêmes services en tout électrique, ça n'existe pas. Donc c'est de là que vient le problème. On n'est pas du tout au prix moyen de ce qu'est prêt à mettre un particulier aujourd'hui.
- Et, du coup, vous pensez que le fait de réserver certains quartiers, ce qu'on appelle les zones à faible émission, aux véhicules les plus récents et donc les moins polluants, c'est aussi un peu une sorte de punition ?
Le problème vient surtout d'élus et de maires qui travaillent pour leur paroisse, c'est-à-dire les gens qui les élisent et qui n'ont pas forcément envie de voir des gens de l'extérieur arriver dans la ville. Si l'on prend l'exemple de Paris, il y a une immense majorité de Parisiens qui n'ont pas de voiture et qui n'en ont pas besoin étant donné l'offre de transports en commun. Et donc ces personnes-là votent pour des programmes qui laissent complètement de côté l'automobile puisqu'elle devient un élément perturbateur pour ces gens qui habitent dans ces zones urbaines. Le problème, c'est que les personnes qui sont impactées par ces politiques vivent principalement hors de ces villes.
Puis, avec ces zones à faible émission, on crée une date de péremption pour les voitures, une sorte d'obsolescence programmée pour des produits pourtant encore en état de marche. Or en termes d'impact écologique, mieux vaut garder plus longtemps sa voiture, même si elle pollue un peu, qu'en racheter une tous les trois ans, ce qui est un non-sens écologique.