Les deux plus grands syndicats se montrent prudents à la lecture des différentes mesures sur la table des sept partis qui négocient un accord de majorité.
Prudents, car bien sûr, il n’y a pas encore de texte définitif. Et puis, explique la secrétaire générale de la CSC, Marie-Hélène Ska, " le diable se cache souvent dans les détails ".
Mais elle salue " une prise de conscience qui semble se faire dans l’ensemble des partis politique autour de la table pour dire que maintenir des personnes sous le seuil de pauvreté ne sert à tien. On nous annonce relèvement des allocations sociales ou de la pension ou de la sécurité sociale, c’est une réponse que nous attendons depuis longtemps ".
Pour Thierry Bodson, le président de la FGTB, les informations qui filtrent semblent montrer qu’il y a " apparemment une volonté de répondre partiellement en tout cas, à l’une ou l’autre de nos revendications, par exemple sur une pension minimum à 1500 euros, (encore faut-il voir si l’on parle de cette somme en montants brut ou net). Mais la question dit-il c’est bien de savoir comment on finance tout cela. " Et pour Thierry Bodson les mesures fiscales qui sont présentées ne paraissent pas suffisantes pour financer les mesures sociales qui sont avancées. "Nous craignons de nous retrouver dans le syndrome du Taxshift. On donne d’un côté en net, mais on reprend de l’autre en augmentant la TVA et avec un saut d’index. Tant que l’on ne voit pas clair sur la fiscalité, le risque est important que les gens payent eux-mêmes les avancées sociales qui sont préparées".
Même remarque pour Marie Hélène Ska : " cette prise de conscience est un bon signal, reste à concilier tout cela avec le stop fiscal annoncé. Or il va falloir financer la transition écologique et les mesures sociales qui sont annoncées. Nous nous plaidons depuis très longtemps pour une globalisation des revenus : un euro qu’il vienne du travail, du Lotto ou de tout autre chose, chacun doit contribuer équitablement."
Un refinancement de soins de santé de 1.2 milliard et une norme de croissance de 2,5%
C’est un signal important, explique la secrétaire générale de la CSC, mais dit-elle, " c’est l’ensemble de la sécurité sociale qui doit être refinancée durablement. Les pensions doivent augmenter et puis le chômage est en augmentation et il y aura encore plus de personnes avec les restructurations et les faillites qui s’annoncent. C’est la sécurité sociale dans son ensemble qui nous a permis de nous protéger pendant la pandémie et c’est donc la sécurité sociale dans son ensemble pour laquelle il faut assurer un refinancement durable". Et là pas de garantie.
Pour la FGTB en tout cas, envisager une "régionalisation de tout ou partie des soins de santé, c’est-à-dire régionaliser des pans de la sécurité sociale, ça ne passe pas". " Il est grand temps que les hommes politiques comprennent, explique de son côté la secrétaire générale de la CSC, que ces réformes de l’état successives ne nous ont pas amené plus de cohésion et plus d’efficacité et qu’aucun citoyen de ce pays en tout cas aujourd’hui n’a l’attention tournée vers l’institutionnel. Les attentes du monde du travail c’est la question des retraites, des fins de carrière, de la sécurité d’emploi, du revenu, c’est à toutes ces questions-là qu’il faut apporter des réponses.
Les salaires
Un énorme regret aussi autour de la question des salaires et de la Loi de 96 qui encadre leur évolution. Cette loi a été revue en 2017 par le gouvernement Michel, elle impose désormais un vrai carcan aux augmentations salariales. Or les partenaires de la Vivaldi n’envisagent pas de la revoir.
Pour Marie Hélène Ska c’est "un énorme problème, une loi, elle soit doit pouvoir être évaluée, celle-ci doit l’être. Ce n’est pas un secret, nous pensons que cette loi est inadaptée à la réalité du monde du travail aujourd’hui. Nous espérons qu’elle pourra être évaluée et revue. Nous sommes dans une période exceptionnelle et les pays qui nous entourent aussi. Or la loi est extrêmement rigide et ne permet pas de prendre en compte cette réalité-là".
Ce que nous demandons c’est une révision de cette loi, explique Thierry Bodson, qui rappelle que des négociations interprofessionnelles vont s’ouvrir fin de cette année, avec la question des augmentations salariales pour les deux années qui viennent. "Or nous sommes aujourd’hui avec la crise sanitaire dans une situation économique très variable d’un secteur à l’autre et beaucoup plus que par le passé. Or certains secteurs sont en très grande difficulté mais d’autres n’ont pas spécialement pâti de la crise. La loi telle qu’elle est aujourd’hui, nous empêche de négocier librement au niveau des secteurs les évolutions salariales".
Pas de retour en arrière sur la pension à 67 ans prévu non plus par la Vivaldi
Thierry Bodson annonce tout de suite la couleur : " Beaucoup de centrales de la FGTB font remarquer, que revenir à la pension à 65 ans, on pensait que c’était acquis en regardant les programmes du PS et d’Ecolo". Déception donc, tout comme du côté de la CSC. "C’est plus qu’un regret, dit Marie Hélène Ska, il n’y a pas de solution alors que la situation économique est en train de se dégrader pour tous ces travailleurs âgés pris dans des plans de restructuration, il n’y a plus de possibilité de décélérer en douceur du monde du travail, c’est l’exemple type de la faillite de ces mesures doctrinaires qui ne résonnent absolument pas avec les besoins et les nécessités du monde du travail aujourd’hui".